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Politique Publié le mardi 25 mai 2010 | Nord-Sud

Affaire Guy-André Kieffer : L’avocat de Simone gbagbo réclame l’audition de hauts responsables français

Comment Nathalie Delapalme et Bruno Joubert ont-ils été mis au parfum de la disparition de Guy-André Kieffer, une heure après les faits ? Qui a bien pu les informer aussi promptement au point qu'ils tiennent une réunion sur l'affaire à Abidjan ? Pour l'avocat de Simone Gbagbo, les deux hauts responsables français, anciens membres de la cellule africaine du Quai d'Orsay en savent beaucoup sur l'énigmatique affaire. Ils doivent être interrogés dans le cadre de l'enquête en cours menée conjointement en Côte d'Ivoire et en France. Au cours d'une conférence de presse samedi, à Paris, Me Dadjé Rodrigue s'est déclaré convaincu de la pertinence d'une « piste française » dans cette affaire Guy-André Kieffer. Le journaliste franco-canadien disparu à Abidjan en avril 2004 n'a toujours pas donné signe de vie à ce jour. Pour l'avocat ivoirien, le fait que ces deux hauts responsables français aient tenu une réunion à l'ambassade de France à Abidjan, dans l'heure qui a suivi l'enlèvement du journaliste, à ce sujet, constitue une énigme à élucider. Pour cela, il annonce qu'une commission rogatoire a été lancée par la justice ivoirienne le 10 mai avec pour objectif de les entendre. S'exprimant sur le déroulement de l'enquête menée par le juge Patrick Ramaël et le peu de résultat obtenu depuis tout ce temps, Me Dadjé évoque un « rôle partial de la justice française ». « Les juges français cherchent à savoir comment les autorités ivoiriennes l'ont tué (ndlr : Guy-André Kieffer) alors que paradoxalement, ils n'ont dans leur dossier, aucun élément prouvant qu'il serait mort, encore moins enlevé », relève-t-il. Pour lui, les témoins présentés comme clés, en l'occurrence Berthé Seydou et le major Alain Gossé, révélés par les chaînes de télévision françaises, sont des pistes peu crédibles. Il justifie son assertion par « des discordances graves et apparentes dans leurs témoignages » recueillis par la justice française. Tandis que le premier nommé, ex-chauffeur du capitaine Tony Oulaï (aujourd'hui en liberté surveillée en France) évoque une « exécution sommaire et organisée » ; le second, Alain Gossé se présentant comme un militaire ivoirien ayant servi à la présidence, parle d' «une mort accidentelle d'une seule balle de pistolet ». Brandissant cette « contradiction », Me Dadjé appelle la justice hexagonale à mieux scruter la « piste française ». Selon lui, Guy-André Kieffer entretenait de très mauvaises relations dans la communauté française à Abidjan et auprès de ses employeurs de même nationalité. Il met en relation le fait que celui-ci ait été déjà menacé une fois à son bureau par un de ses collègues avec une arme à feu. Et surtout une scène de dispute dans le hall d'un prestigieux hôtel d'Abidjan, au cours de laquelle un mercenaire ayant appartenu au clan Bob Denard aurait « giflé » GAK l'accusant de lui avoir fait perdre d'importantes commissions. Ces faits (réels ou supposés) sont pour l'avocat de Mme Gbagbo, si graves, qu'ils méritent que les juges français s'y attardent. A l'endroit de la famille du journaliste disparu, Me Dadjé Rodrigue appelle à une collaboration pour contribuer ensemble à trouver des réponses à l'affaire. « Je tends la main à la famille Kieffer. Venez qu'on discute et qu'on s'entraide à la manifestation de la vérité », lance-t-il sans se faire trop d'illusion.

Karim Wally à Paris
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