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Économie Publié le mercredi 26 mai 2010 | L’expression

Syndicats, gnanbolos, coxers - Comment ils dépouillent les chauffeurs de gbakas -Le calvaire des chauffeurs de gbaka

Les syndicalistes et ‘’gnanbolos’’ constituent un réel problème pour les chauffeurs de wôro wôro et gbaka qu’ils rackettent constamment. Une pratique qui gagne du terrain chaque jour.
Abou Traore est un chauffeur de gbaka. Il parcourt quotidiennement le trajet Adjamé Bingerville. Ce jeune homme qui entame la trentaine a eu la confiance d’un ‘’djoulatchiè’’ (un propriétaire de gbaka) qui lui a confié son véhicule. Abou T commence sa journée à 4 h du matin et ne lève le pied de l’accélérateur que la nuit tombée. Mais une chose le désole dans son métier. « Si nous continuons ce métier, c’est parce qu’il n’y a pas mieux à faire, sinon c’est de l’esclavage ce que nous vivons», explique-t-il avec un brin de désolation. A l’en croire, la grande partie de leurs recettes part chaque jour dans les poches des gnanbolo (chargeurs de véhicules). Bamoro Yacouba, un autre chauffeur, est également amer. Mais lui semble avoir trouvé la solution. Il s’est mis au service d’un particulier. Fini le calvaire des gbakas. «Si j’ai arrêté de rouler le gbaka, c’est à cause des gnanbolos et des soit disant syndicalistes, parce que je ne vais pas continuer à travailler pour des gens à qui je ne dois rien. Ce que gagnent ces gens en ne passant leur temps qu’à crier, ‘‘Adjamé, Abobo ou Yopougon’’, est largement plus que ce qu’un chauffeur ou son apprenti empoche par jour. Un chauffeur après sa journée de travail doit déduire de sa recette l’argent du carburant, donner de l’argent à son apprenti, sans compter les barrages de policiers et les petites pannes qui peuvent survenir sur le véhicule. Après tout cela, qu’est-ce qui lui reste », s’interroge le chauffeur. En sillonnant les différentes gares de gbaka et wôro wôro, le nombre de personnes autoproclamées ou désignées syndicat est symptomatique de ce que vivent les chauffeurs. Qu’ils soient affiliés ou non à un syndicat représentatif, ces individus souvent au physique de déménageur font la pluie et le beau temps et règnent en maîtres dans les gares. Aucun véhicule ne bouge avant d’avoir payé le droit de ‘’stationnement’’, de ‘’ surveillance’’ ou encore de ‘’chargement’’. Autant de droits inventés, selon Bamba Moris, un apprenti gbaka pour escroquer les pauvres chauffeurs. « Souvent les syndicats viennent en aide à des chauffeurs au cours d’événement heureux ou malheureux », dit-il. Cependant, ils restent remontés contre ceux qu’ils appellent les paresseux. En l’occurrence les gnanbolos et coxers. Ces derniers ont une tactique toute simple qui consiste à répertorier les carrefours et espaces à grande fréquentation où les gbaka ou wôro wôro font des escales. Leur seul mérite est de crier les noms des différentes destinations. Et cela vaut 300 ou 500 Fcfa que le chauffeur débourse. « Nous préférons payer et gagner du temps », souligne un chauffeur de wôro wôro à Cocody.
L’argent facile
Selon Bamba Moris, chaque matin, les chauffeurs stationnant à la gare Liberté d’Adjamé payent 1.000 Fcfa. 500 Fcfa pour un ticket, dont la raison reste encore floue, et 500 Fcfa pour chaque chargement. Cet argent, selon lui, part pour une grande partie dans la poche des syndicats. Mais de là à aborder la question des gnanbolo, le ton change. « Un apprenti gbaka qui travaille toute la journée descend le soir avec une somme allant de 6.000 Fcfa à 8.000 Fcfa et rarement 10.000 Fcfa. Par contre, un gnanbolo qui prend 200 Fcfa ou 300 Fcfa à tous les chauffeurs qui passent, se retrouve avec 10.000 Fcfa le soir », explique l’apprenti.
Avec la complicité des syndicats
Un autre conducteur pense que tout ce cafouillage est le fait des syndicalistes. « Ce sont les responsables syndicaux qui encouragent les enfants à aller se mettre sur les routes pour racketter les gbakas. Quand vous allez dans les quartiers, vous les trouvez sur les sites de chargement et le soir, quand ils finissent, ils reversent une part de l’argent aux syndicats », révèle l’homme. Des accusations que rejette en bloc Diabaté Eric, président du comité de crise des syndicats et auxiliaires du transport. Pour lui, tout est parti des chauffeurs eux-mêmes. Ils ont eu, selon lui, l’habitude de faire appel aux jeunes gens qui trainaient dans les gares pour épauler leurs apprentis. Histoire d’accélèrer les chargements de leurs véhicules moyennant une contrepartie. Puis à la longue, ajoute-t-il, ces jeunes ont pris goût à la pratique. D’autant plus qu’ils y gagnaient bien leur vie. C’est alors devenu une activité. « Un jeune préfère jouer aujourd’hui au gnabolo que d’être l’apprenti d’un gbaka. Et la preuve, ils ont pratiquement investi tous les carrefours d’Abidjan où ils s’érigent en véritables maitres des lieux », déplore le syndicaliste. Toutefois, il reconnait que certains responsables de syndicats collaborent avec ces ‘’ hors la loi ’’. « Le problème s’était posé dans la commune de Yopougon où nous avons décidé de chasser tous ces jeunes gens. Mais ils sont revenus quelques jours après », explique Diabaté Eric.
Kuyo Anderson
Légende : Les jeunes apprentis préfèrent être des syndicalistes ou gnanbolos pour ‘‘mieux gagner’’.
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