Le président du Parlement a jeté, mercredi dernier, un véritable pavé dans la mare en mettant à nu les actes de mal gouvernance dont font preuve certains refondateurs. Il importe ici de relever les problèmes que pose le texte de Mamadou Koulibaly lu devant les organisations de la société civile à l’occasion de la commémoration des vingt années du multipartisme en Côte d’Ivoire.
Au-delà de la personnalisation du débat autour des seuls Mamadou Koulibaly et Désiré Tagro, il y a un réel problème de fond qu’il ne faut pas perdre de vue. Deux gros problèmes retiennent l’attention du président de l’Assemblée nationale. Le premier est relatif au favoritisme dans les concours administratifs. Les places sont-elles oui ou non vendues ou attribuées aux membres de la tribu? Le président du Parlement a-t-il oui ou non dit la vérité? Dans un paragraphe, il donne les détails qui devraient interpeller les Ivoiriens épris de justice. Il écrit notamment: « A la suite d’un concours d’entrée à l’école de police d’Abidjan, dix des 1358 admis, sont du même village que le chef de cabinet du Ministre de l’Intérieur. Comment expliquer qu’aucun candidat, par le hasard du concours, n’ait été admis dans la sous-préfecture de Saïoua alors que le village de Digbam enregistre à lui seul dix réussites ? Cette histoire a été relatée par les populations des villages dont les candidats ont échoué. On peut certes s’interroger sur la véracité des propos mais quoiqu’il en soit, le climat de suspicion devrait être l’occasion d’ouvrir une enquête parlementaire pour tirer au clair le trafic d`influence et la corruption qui entourent les concours d`entrée dans les grandes écoles de la police, de la gendarmerie et de l`administration. J`y suis favorable et j`invite les groupes parlementaires à s`y investir.»
Au lendemain de ce texte, samedi, le président du groupe parlementaire solidarité, Koné Ousmane, est intervenu dans nos colonnes pour soutenir le président Koulibaly et prendre position. « Je sollicite, en tant qu’élu du peuple et président du groupe Solidarité, l’ouverture d’une enquête parlementaire et tirer au terme de celle-ci, les réponses appropriées ». Ce député doit en principe saisir par écrit le président de l’assemblée qui convoquera la conférence des présidents des groupes parlementaires pour ouvrir cette enquête.
Mais, avant, le sens de l’honneur aurait même voulu que le ministre Tagro et ses collaborateurs qui sont mis en cause soient les premiers à réclamer cette enquête en vue de porter la contradiction au député de Koumassi qui a décidé d’attaquer leur gestion. Cela est d’autant plus impérieux que, Rolland Dagher, un homme apparemment sans problème, vient de s’inviter dans le débat en épousant les thèses défendues par Koulibaly.
Ainsi, si cette enquête s’ouvre, elle servirait de base de données fiable et incontestables au président de la République.
En effet, Laurent Gbagbo, qui vient de dégommer toute la direction de l’Ena, avait laissé sous-entendre, le 12 février, qu’il était à la recherche de preuves des ventes des places aux concours. « Monsieur le Dg, votre école a une mauvaise réputation. Il se raconte en ville que pour entrer ici, il faut payer. Si c’est vrai renoncez ça. Je ne veux plus qu’on dise que l’Ena est l’épicentre de la corruption », avait-il lâché au cours de la sortie de la 48ème promotion de cette école naguère d’excellence. Le limogeage des directeurs, sans enquête préalable, ne saurait être la solution pour enrayer la corruption puisque les responsabilités ne sont pas situées. Les résultats de l’enquête devraient mettre les nouveaux dirigeants en garde contre les pratiques rétrogrades décriées. Sinon, ce serait l’éternel recommencement.
Le deuxième problème clé posé par Mamadou Koulibaly et qui mérite que tous les Ivoiriens y réfléchissent, c’est le problème du contentieux sur la liste électorale. Il énonce: «La priorité doit être désormais la liste électorale, les autres réponses en découleront. Il faut cesser la fuite en avant. Les listes blanches et grises doivent fusionner sans conditions pour dégager une liste unique. Toutes les personnes figurant sur cette nouvelle liste doivent être considérées comme des Ivoiriens et la Cei doit leur remettre leur cartes d’identité et leur carte d’électeur».
Au-delà de toutes les considérations politiciennes, cette prise de position n’est-elle pas la mieux indiquée pour sortir de l’impasse? Malgré les nombreux milliards de FCfa consentis par le contribuable ivoirien, n’est-on pas en train de tourner en rond en ce qui concerne l’identification? On peut le dire, Koulibaly a fait son travail d’intellectuel, il a pleinement joué sa partition en dénonçant le système de l’intérieur. Tout le monde est interpellé.
Traoré M. Ahmed
Au-delà de la personnalisation du débat autour des seuls Mamadou Koulibaly et Désiré Tagro, il y a un réel problème de fond qu’il ne faut pas perdre de vue. Deux gros problèmes retiennent l’attention du président de l’Assemblée nationale. Le premier est relatif au favoritisme dans les concours administratifs. Les places sont-elles oui ou non vendues ou attribuées aux membres de la tribu? Le président du Parlement a-t-il oui ou non dit la vérité? Dans un paragraphe, il donne les détails qui devraient interpeller les Ivoiriens épris de justice. Il écrit notamment: « A la suite d’un concours d’entrée à l’école de police d’Abidjan, dix des 1358 admis, sont du même village que le chef de cabinet du Ministre de l’Intérieur. Comment expliquer qu’aucun candidat, par le hasard du concours, n’ait été admis dans la sous-préfecture de Saïoua alors que le village de Digbam enregistre à lui seul dix réussites ? Cette histoire a été relatée par les populations des villages dont les candidats ont échoué. On peut certes s’interroger sur la véracité des propos mais quoiqu’il en soit, le climat de suspicion devrait être l’occasion d’ouvrir une enquête parlementaire pour tirer au clair le trafic d`influence et la corruption qui entourent les concours d`entrée dans les grandes écoles de la police, de la gendarmerie et de l`administration. J`y suis favorable et j`invite les groupes parlementaires à s`y investir.»
Au lendemain de ce texte, samedi, le président du groupe parlementaire solidarité, Koné Ousmane, est intervenu dans nos colonnes pour soutenir le président Koulibaly et prendre position. « Je sollicite, en tant qu’élu du peuple et président du groupe Solidarité, l’ouverture d’une enquête parlementaire et tirer au terme de celle-ci, les réponses appropriées ». Ce député doit en principe saisir par écrit le président de l’assemblée qui convoquera la conférence des présidents des groupes parlementaires pour ouvrir cette enquête.
Mais, avant, le sens de l’honneur aurait même voulu que le ministre Tagro et ses collaborateurs qui sont mis en cause soient les premiers à réclamer cette enquête en vue de porter la contradiction au député de Koumassi qui a décidé d’attaquer leur gestion. Cela est d’autant plus impérieux que, Rolland Dagher, un homme apparemment sans problème, vient de s’inviter dans le débat en épousant les thèses défendues par Koulibaly.
Ainsi, si cette enquête s’ouvre, elle servirait de base de données fiable et incontestables au président de la République.
En effet, Laurent Gbagbo, qui vient de dégommer toute la direction de l’Ena, avait laissé sous-entendre, le 12 février, qu’il était à la recherche de preuves des ventes des places aux concours. « Monsieur le Dg, votre école a une mauvaise réputation. Il se raconte en ville que pour entrer ici, il faut payer. Si c’est vrai renoncez ça. Je ne veux plus qu’on dise que l’Ena est l’épicentre de la corruption », avait-il lâché au cours de la sortie de la 48ème promotion de cette école naguère d’excellence. Le limogeage des directeurs, sans enquête préalable, ne saurait être la solution pour enrayer la corruption puisque les responsabilités ne sont pas situées. Les résultats de l’enquête devraient mettre les nouveaux dirigeants en garde contre les pratiques rétrogrades décriées. Sinon, ce serait l’éternel recommencement.
Le deuxième problème clé posé par Mamadou Koulibaly et qui mérite que tous les Ivoiriens y réfléchissent, c’est le problème du contentieux sur la liste électorale. Il énonce: «La priorité doit être désormais la liste électorale, les autres réponses en découleront. Il faut cesser la fuite en avant. Les listes blanches et grises doivent fusionner sans conditions pour dégager une liste unique. Toutes les personnes figurant sur cette nouvelle liste doivent être considérées comme des Ivoiriens et la Cei doit leur remettre leur cartes d’identité et leur carte d’électeur».
Au-delà de toutes les considérations politiciennes, cette prise de position n’est-elle pas la mieux indiquée pour sortir de l’impasse? Malgré les nombreux milliards de FCfa consentis par le contribuable ivoirien, n’est-on pas en train de tourner en rond en ce qui concerne l’identification? On peut le dire, Koulibaly a fait son travail d’intellectuel, il a pleinement joué sa partition en dénonçant le système de l’intérieur. Tout le monde est interpellé.
Traoré M. Ahmed