Le Fpi en campagne pour Gbagbo : Le tribalisme revient au Galop !

Sans être officiellement lancée, la campagne présidentielle bat déjà son plein. Surtout du côté de la mouvance présidentielle où tous les arguments sont bons pour "obliger" les électeurs à choisir Gbagbo. Dans cette logique, la fibre tribaliste a le vent en poupe, et ce nonobstant le code de bonne conduite signé par tous et au grand dam de la loi contre le tribalisme. Ces derniers temps, le tribalisme revient au galop dans le camp de Laurent Gbagbo. Surtout quand il faut amener les Baoulé de l`Ouest ou du Centre ouest à suivre le candidat du FPI.

La nouvelle trouvaille électoraliste étant la " chasse " aux Baoulé des zones forestières de l`Ouest, du Centre ouest et du Sud-ouest de la Côte d`Ivoire. Depuis quelques mois, la chasse a repris de plus belle. Association Baoulé par-ci, diaspora Akan par-là. Tout ce tintamarre soutenu par le slogan : " LE BAOULE N`EST LA CHASSE GARDEE DE PERSONNE", pour la même finalité politique : le soutien à un même candidat à l`élection présidentielle : LAURENT GBAGBO. Troublant et suspicieux hasard dans la mesure où aucun des autres candidats ne bénéficie de telles allégeances ethniques, frisant très souvent le ridicule. On se demande alors les raisons d`un tel acharnement médiatique sur les Baoulé.

Le tribalisme électoral a la peau dure au FPI

Les dernières sorties en date ont eu lieu le dimanche 06 juin dernier, lors d`une cérémonie dite de reconnaissance à Laurent Gbagbo à Fresco. M. Kragbé Gadou Vincent, en sa qualité de président de la mouvance présidentielle pour le développement du Bas-Sassandra, dira entre autres, aux Baoulé réunis : " Faites très attention à vous. Lors des élections présidentielles, nous allons compter les voix des Baoulé résidant ici à Fresco. Campement par campement. C`est ça qui est la vérité… Vous-même vous avez dit que vous vivez bien ici. Alors, on vous attend aux élections pour le prouver à travers votre vote en faveur de Laurent Gbagbo… Je suis membre du Bureau Politique du PDCI-RDA, mais j`ai choisi de battre campagne pour Laurent Gbagbo… Avec Gbagbo, j`ai trouvé ma route… ". Qu`adviendra-t-il alors de ces hommes et femmes qu`il dit attendre aux élections, si jamais ceux-ci ne font pas comme le Conseiller du président le veut ? A sa suite, le gouverneur du District de Yamoussoukro, N`dri Apollinaire, en sa qualité de parrain, a dit à son tour à ses parents Baoulé : " Kragbé Gadou étant un grand informaticien, il va me donner les statistiques de votre vote, de vos voix ici à Fresco. Et quand je serai sûr que vous avez voté pour Laurent Gbagbo, alors je pourrai tuer et le manger le mouton que vous m`avez offert ". Sinon ?...L`acharnement sur les Baoulé par les pontes de la réfondation ne date pas de la semaine dernière. On se rappelle en 2007, Pascal Affi N`guessan, président du FPI, lors d`un meeting à Bloléquin à l`Ouest du pays avait lâché à l`endroit des Akan et Nordistes qui avaient du mal à retourner dans leurs plantations : " Si des gens vous reçoivent chez eux, vous ne devez pas avoir d`autre choix en dehors de leur choix… "

Campagne ou "chasse" aux ethnies ?

En août 2009, les Baoulé de la zone forestière ont été convoyés à Issia pour les besoins de la mise en place d`une plate-forme des Baoulé de la diaspora pour Laurent Gbagbo. Pourquoi seulement les Baoulé dans cette immensité de l`ouest ivoirien où tous les peuples se croisent ? Le 22 août 2009 au quartier Zogba d`Issia, Laurent Gbagbo en personne disait à ces même Baoulé et Akan : " "Chers parents Baoulé, je suis fier de vous, je vous encourage et j`accepte d`être le parrain de l`Ufao (l`Union fraternelle des Akan de l`Ouest). Il y a des gens qui répandent leur venin dans les campements baoulé. Si Gbagbo est élu, on va brûler vos plantations, on va vous les arracher. C`est méchant. Laissez les Baoulé tranquilles. Si désormais, on prend quelqu`un qui s`adonne à cette pratique, il sera arrêté, jugé et condamné pour atteinte à l`ordre public. Certains font porter les tee-shirts à l`effigie du FPI pour semer la terreur. Arrêtez toutes ces manigances ".

Déjà le 26 janvier 2009 à Mama, les Baoulé dits de la diaspora ont été convoyés à Mama pour y rencontrer le chef de l`Etat qui leur dit: " Un Bété, Président de la République, cela n`équivaut pas à votre mort. Cela n`équivaut pas à la mort des Baoulé installés à Gagnoa et dans tout le pays bété "

Outre les Akan, ce sont les Nordistes qui sont aussi l`objet de "chasse électoraliste". Et l`on ne s`en cache pas à la réfondation. Selon certaines langues faciles, si le chef de l`Etat a choisi son directeur de campagne au nord, c`est bien parce qu`il compte sur lui pour rallier ce peuple réticent à la refondation. Et quand Dr Issa Malick dit à ses parents de Korhogo que "Les Gbon doivent voter Gbagbo", cela va au-delà d`une simple déclaration de circonstance, pour traduire une menace. En effet, qu`encourent-ils s`ils ne votent pas Gbagbo ?

Pourtant, le 14 janvier 2008, le chef de l`Etat disait: " … Il faut que les hommes politiques de Côte d`Ivoire ne s`amusent pas avec le tribalisme, avec la guerre tribale. Je vous le dis, je ferai une loi contre le tribalisme, le racisme et la xénophobie pour que chacun respecte l`autre. Jouer avec le tribalisme, ce n`est pas digne des gens qui vivent au 21ème siècle, ce n`est pas digne des Etats modernes…". Quelle est aujourd`hui sa réaction face aux intimidations à peine voilée de ses hommes sur le terrain ?

Eddy PEHE