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Politique Publié le mercredi 16 juin 2010 | Notre Voie

Bilans comparés du président du Pdci et de l’actuel chef d’Etat : Les actes qui tranchent entre Bédié et Gbagbo

© Notre Voie Par Prisca
Relance du processus de sortie de crise : Gbagbo a rencontré Bédié
Lundi 10 mai 2010. Abidjan, Cocody. Résidence du Président Henri Konan Bédié. Le Président du PDCI-RDA reçoit le chef de l`état dans le cadre de la relance du processus de sortie de crise. Photo: de g. à dr. Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo
Un document sur les bilans comparatifs des présidents Konan Bédié et Laurent Gbagbo a été publié par Le Nouveau Réveil dans sa parution d’hier mardi. Il ressort de ce document que, de 1993 à 1999 (temps de règne du président du Pdci), Aimé Henri Konan Bédié a fait mieux que le président Laurent Gbagbo de 2000 à ce jour. Le président Bédié a passé 6 bonnes années au pouvoir et Laurent Gbagbo est dans sa 10ème année.

Revenons sur ce bilan et confrontons les faits sur des thèmes bien précis. D’abord sur les valeurs des deux personnalités. Ensuite le respect des Droits de l’Homme, la liberté de la presse et la gouvernance. Enfin, les grands chantiers notamment sur l’électrification des villages et la politique sociale.

La comparaison entre Bédié et Gbagbo au plan moral et en terme de valeurs suffit pour comprendre le reste du bilan.

Le Nouveau Réveil peut mettre une couche épaisse sur un pan de la vie du président du Pdci, mais les faits étant sacrés, il est bon de les rappeler. En 1977, Henri Konan Bédié a été chassé du gouvernement par feu Félix Houphouet-Boigny parce qu’il a été prouvé qu’en sa qualité de ministre d’Economie et des Finances, Bédié s’est révélé, aux yeux du monde entier, comme un grand détourneur de deniers publics. En vrai grilleur d’arachides, il s’est rempli les poches avec l’argent qui devait servir à la construction des complexes sucriers. Houphouet, qui ne savait plus comment le protéger, a décidé de se débarrasser de cet élément souillé. D’où sa sortie du gouvernement pour une aventure à la Banque mondiale.

L’opinion ivoirienne retient donc de ce monsieur ses mauvais rapports avec l’argent du contribuable.

Le simple fait d’avoir des résidences et des comptes bancaires en Europe est largement suffisant pour dire qu’entre Bédié et Gbagbo, c’est le jour et la nuit au plan moral. A la différence du président du Pdci, Laurent Gbagbo n’a jamais donné dans la compromission. La preuve, il a refusé de prendre l’argent que Houphouet a versé sur son compte pour le nuire politiquement. L’actuel chef de l’Etat a toujours su dire non aux propositions alléchantes pour rester intègre dans son combat. Sous les tropiques, les hommes politiques qui disent non à l’argent sont une denrée très rare.


Droits de l’Homme, liberté de la presse et gouvernance

Nos confrères ont vraiment intérêt à passer sous silence les graves violations des Droits de l’Homme sous Bédié. On se souvient que, sous son règne, toute la direction du Rdr a été jetée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) dans le seul but de réduire son adversaire Alassane Ouattara au silence. Henriette Dagri Diabaté, Amadou Gon et une vingtaine de cadres ont séjourné dans le mouroir de la Côte d’Ivoire qu’est la Maca. Dans sa fureur, Bédié a envoyé la Brigade anti émeute à Korhogo où une perquisition a été effectuée dans les maisons des responsables locaux du Rdr. Pour de vieux fusils calibres 12 trouvés çà et là, la police a procédé à des arrestations en cascade. Koné Lassina dit Cordo et des militants du Rdr ont été jetés à la prison de Korhogo. Comme leurs camarades de la direction dudit parti, ils sont sortis de la prison à la faveur du coup d’Etat de décembre 1999.

Toutes les voix à travers le monde appelant Bédié à la raison n’ont pas été entendues par celui-ci. Il voulait en découdre avec le Rdr et tenait à le décapiter. Le président de ce parti, son actuel allié, Alassane Ouattara, a été contraint par Bédié à errer dans la nature comme un oiseau parce qu’un mandat d’arrêt international avait été lancé contre lui et la justice était à ses trousses comme dans un film de bandits.

Le jeune étudiant Blé Goudé a été enchaîné sur son lit d’hôpital sur ordre de Henri Konan Bédié. Cet étudiant syndicaliste était devenu gênant et il était vu comme un ennemi juré. Guillaume Soro, l’actuel Premier ministre, a été lui aussi arrêté pendant qu’il était à la tête de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci). Ces responsables d’association d’étudiants étaient quotidiennement traqués. Le dialogue, arme du Pdci, a été rangé dans les tiroirs par Bédié qui refusait de discuter avec ses opposants et les syndicalistes. La même foudre qui s’est abattue sur la direction du Rdr a atteint Sangaré Abou Dramahane alors secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi). Le numéro deux de Laurent Gbagbo alors directeur de publication du quotidien La Voie a été battu par des policiers dans le bureau du ministre Gaston Ouasséna Koné en sa présence. Le crime de Sangaré a été le fait que La Voie a écrit un article intitulé «Afa kaya». Papier jugé injurieux par le tout puissant ministre de la Sécurité de Konan Bédié. La République était vraiment en danger. A preuve, les journalistes Freedom Neruda, actuel ambassadeur de la Côte d’Ivoire en Iran ; Koré Emmanuel, actuel chantre d’Alassane Ouattara, Dê Beh Kwassi du journal La Patrie, ont été les grandes victimes de Bédié qui n’acceptait jamais la critique et qui n’attendait que les Ivoiriens et les journalistes lui passent obligatoirement la pommade.

Ce sont de graves faits qui ont beaucoup terni l’image du président Henri Konan Bédié. Qui, pour se moquer d’Alassane Ouattara qu’il empêchait d’être candidat, disait de lui qu’il est candidat les jours pairs et les jours impairs, il ne l’est pas.

En face, Laurent Gbagbo n’a pas fait comme lui. La preuve, l’actuel chef de l’Etat n’a pas voulu que Bédié meure en exil. Respectueux de la Constitution ivoirienne, Laurent Gbagbo a réuni toutes les conditions pour le retour de Konan Bédié au pays. Ce dernier le sait bien. Sous d’autres cieux, non seulement le président déchu ne revient pas dans son pays, mais on engage des poursuites judiciaires contre lui. Laurent Gbagbo a, par ailleurs, tenté de réconcilier les Ivoiriens en organisant un forum. Bédié, rentré au pays a la possibilité de se présenter aux prochaines élections malgré son âge avancé. Comme lui, Alassane Ouattara va briguer la magistrature suprême, alors que des zones d’ombre planent sur sa nationalité. Mais Laurent Gbagbo, qui veut battre ses adversaires sur le terrain de la loyale compétition, a permis qu’ils prennent part à la course à la présidentielle. Mieux, il leur octroie des indemnités en leur qualité d’anciens chefs d’Etat et de gouvernement. Gbagbo fait encore plus en finançant leurs partis politiques respectifs. Et c’est 800 millions FCFA qui sont versés à leur formation politique. Le financement des partis politiques et l’octroi des indemnités aux anciens chefs d’Etat, chefs de gouvernement et anciens chefs d’institution sont effectifs dans un contexte de crise. Plus d’une partie du territoire national est toujours occupé et les ressources générées dans ces zones échappent à l’Etat. Alors que Henri Konan Bédié a géré le pays dans un contexte de stabilité et malgré les pluies de milliards de la dévaluation, il n’a pas permis ni le financement des partis politiques ni l’octroi des indemnités aux anciens chefs d’Etat, chefs de gouvernement, présidents d’institution.

Le chef de l’Etat Laurent Gbagbo ne s’arrête pas là, car il est beaucoup plus sensible aux malheurs qui frappent ses adversaires. A titre d’exemple, quand Bédié, Ouattara perdent un parent, vite, Laurent Gbagbo va vers eux pour les soutenir. Mais quand, à son tour, il est frappé par un malheur, ni Bédié ni Ouattara ne daignent se déplacer. Les exemples sont légion. Gbagbo a perdu son père, Ouattara et Bédié l’ont abandonné dans le deuil ,alors qu’au décès du frère aîné de Bédié et au décès de celle qu’on présente comme la mère de Ouattara, le président Gbagbo est allé les soutenir. Des Ivoiriens de n’importe quel parti politique sont pris en charge par le président Gbagbo quand il apprend qu’ils sont, par exemple, malades. Il les envoie à l’étranger pour des soins au point que bon nombre d’Ivoiriens témoignent que Laurent Gbagbo est tellement généreux qu’il s’occupe plus de ses adversaires que de ses camarades de lutte. Toute cette philosophie et tous ces gestes doivent être pris en compte dans le bilan comparatif.

Au niveau de la gouvernance, l’actuel président est celui qui a innové en portant à la connaissance du peuple les indemnités des ministres et des présidents d’institution. Gbagbo l’a fait dès sa prise du pouvoir. Et il a laissé la présidence de son parti politique pour ne pas permettre la confusion entre le chef de parti et le chef de l’Etat. Contrairement à Bédié. Cette position qui prête à confusion n’a pas du tout gêné Henri Konan Bédié. Qui finançait l’Ong Servir de son épouse Bomo Henriette sur les fonds de l’Etat et avait laissé aux mains de ses enfants l’importation du riz sans accepter qu’ils soient concurrencés dans ce secteur lucratif.

Le choix des directeurs généraux des régies financières, notamment la Douane, les Impôts et le Trésor s’est fait par un appel d’offres. Gnamien Konan, Charles Diby Koffi, Feh Kessé ont été portés à la tête de ces régies parce qu’ils ont présenté un plan de redynamisation qui marquait la rupture avec ce que le Pdci, et Bédié ont habitué les Ivoiriens. Avec le Pdci ce sont les cadres militants et proches du président de la République qui tenaient ces régies. Ce sont des pratiques qui ont tué l’économie ivoirienne.

Benjamin Koré
benjaminkore@yahoo.fr
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