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Politique Publié le jeudi 17 juin 2010 | Notre Voie

Déconvenues du président du Rdr sur la scène politique ivoirienne : Africa 24 au secours de Ouattara

© Notre Voie Par DR
Audience du président du RDR - Alassane Ouattara échange avec l’union des journalistes (UNJCI)
Mardi 8 juin 2010. Abidjan. Cabinet du président du Rassemblement des républicains. Dr Alassane D. Ouattara reçoit le bureau exécutif de l`UNJCI conduit par son président, Mam Camara
Dans un entretien fleuve qu’Africa 24 a eu avec le président du Rdr dimanche dernier, la chaîne parisienne a tenté de voler au secours d’Alassane Ouattara. Mais hélas, les faits sont têtus qui accablent le candidat par exception à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.


Le journaliste d’Africa 24 qui a conduit l’entretien avec le président du Rdr a affiché sa volonté de voler à son secours dès la toute première question. Dans cette question, il rappelle qu’Alassane Ouattara est né en 1942 à Dimbokro, dans le centre de la Côte d’Ivoire, qu’il est le fils de Dramane Ouattara et de Nabintou Ouattara née Cissé de nationalité ivoirienne.

Si on veut donner des informations sur la filiation et le parcours d’un homme politique à polémique et qui aspire à gouverner un pays, il faut être précis et rigoureux. En effet, la mère d’Alassane Ouattara ne s’appelle pas Nabintou Ouattara née Cissé. Il y a, d’une part, Nabitou Ouattara et, d’autre part, Cissé Nabintou. Ce sont deux personnes totalement différentes. Le problème, c’est que M. Ouattara a présenté, dans ses différents documents administratifs, ces deux femmes comme étant ses génitrices. Sur son acte de naissance ou jugement supplétif, la mère de Ouattara s’appelle Nabintou Ouattara née à Odienné. Mais, dans le dossier qu’il a présenté à l’élection présidentielle de 2000, sa mère s’appelle Cissé Nabintou née à Dabou. Finalement, l’opinion publique ivoirienne ne sait pas qui de ces deux femmes est la vraie génitrice de Ouattara. C’est l’une des raisons du doute qui plane sur sa filiation.

Le journaliste soutient également que Ouattara est marié à Dominique Nouvian, une Française, et qu’il a 4 enfants. Là aussi, l’information prête à confusion. On aurait pensé que Ouattara a 4 enfants avec Dominique Nouvian. Ce qui n’est pas exact. Alassane Ouattara n’a pas d’enfant avec son épouse actuelle, Dominique Nouvian. Alassane Ouattara a 2 enfants qu’il a eus avec sa première épouse d’origine jamaïcaine, mais de nationalité américaine. Quant à Dominique Nouvian, elle a eu 2 enfants avec son premier mari, feu Folloroux. C’est l’ensemble de ces enfants qui donne au couple Ouattara 4 enfants. A bien y voir clair, le mariage entre Alassane Ouattara et Dominique Nouvian répond à des intérêts politico-économiques.

Enfin, notre confrère de Africa 24 affirme que Ouattara a occupé plusieurs postes importants: gouverneur de la Bceao, directeur du Département Afrique au Fmi, Premier ministre et président du Rdr. Histoire de dire que Ouattara a le profil pour être président de la République. Soit le journaliste d’Africa 24 a une connaissance superficielle du parcours politico-professionnel de Ouattara, soit il tait volontairement certaines informations capitales pour ne pas gêner le président du Rdr.

En effet, Alassane Ouattara a été gouverneur de la Bceao au titre de la Côte d’Ivoire. Il convient de rappeler que dans la répartition des postes entre les pays membres de la banque centrale, celui de gouverneur est réservé à la Côte d’Ivoire, quant celui de vice-gouverneur est réservé au Burkina Faso. Ouattara ayant occupé le poste de gouverneur, on suppose qu’il était Ivoirien à ce moment-là.

Seulement voilà, avant d’être gouverneur de la Bceao, Alassane Ouattara a été successivement directeur Afrique du Fmi et vice-gouverneur de la Bceao en tant que Burkinabè. Alors question : comment Ouattara est-il devenu ivoirien par la suite pour occuper le poste de gouverneur de la Bceao ? La question est d’autant plus importante qu’il n’existe nulle part dans les archives nationales ivoiriennes les traces de son décret de naturalisation. Voilà ce qui fait d’Alassane Dramane Ouattara une énigme et qui justifie le doute qui plane tant sur sa nationalité que sur sa filiation. Ce qui avait conduit l’ex-Chambre institutionnelle de la Cour suprême à rejeter sa candidature en octobre 2000.

Une seule voie s’offrait à Alassane Dramane Ouattara pour lever le doute sur son identité. C’est celle de la justice. Il devrait attaquer l’arrêt de la Cour suprême devant le tribunal de première instance en apportant la preuve de son identité ivoirienne. En choisissant de faire la guerre à la Côte d’Ivoire pour être candidat par exception, là où la voie de la justice s’offrait à lui, Alassane Ouattara montre qu’il n’est pas capable de justifier son identité ivoirienne. Et tant qu’il en sera ainsi, les Ivoiriens auront toujours de lui l’image d’un fraudeur sur la nationalité. On ne peut confier, dans ces conditions, le destin d’un pays qui se veut sérieux à un homme qui est d’une moralité douteuse.

Et quand Ouattara dit qu’il n’a aucune responsabilité dans la crise que traverse la Côte d’Ivoire, il se rend davantage ridicule aux yeux de nombre d’Ivoiriens et d’observateurs politiques avertis. Les populations ivoiriennes ne sont pas naïves, encore moins amnésiques. Elles se souviennent des propos tenus en plein meeting à Mankono au plus fort de la guerre par le chef-rebelle Koné Zacharia. “ C’est Alassane Ouattara qui, chaque fin de mois, nous envoyait 25 millions dans notre camp d’entraînement…”, avait-il clairement indiqué. Ces propos mettant fortement en cause le président du Rdr n’ont jamais été démentis par ce dernier. Comment pouvait-il d’ailleurs en être autrement, quand on se souvient par ailleurs, que Ouattara lui-même avait prévenu qu’il mélangerait le pays et qu’il n’attendrait pas 2005 pour s’installer au palais de la présidence de la République ? 2005 étant l’année électorale où se tiendraient les élections. Comment Ouattara comptait-il arriver au palais s’il devrait le faire avant 2005?

C’est pourquoi Ouattara se couvre toujours de ridicule quand il affirme que sa “vision de la politique, c’est de faire de l’alternance par les urnes”. L’alternance politique par les urnes ne s’accommode pas à la guerre. Ce sont deux voies diamétralement opposées. On ne peut pas faire la guerre et dire en même temps qu’on veut aller aux élections. C’est parce qu’on a peur des élections qu’on fait la guerre. C’est parce que Ouattara sait qu’il ne peut gagner une élection juste et transparente en Côte d’Ivoire qu’il a fait la guerre. S’il est aujourd’hui contraint à se soumettre au verdict des urnes, c’est parce qu’il a échoué dans la voie qu’il s’est tracée, celle de la violence et de la guerre. Il est donc mal placé pour presser les autres à aller aux élections dans la précipitation. S’il le fait, c’est qu’il a truffé la liste électorale de fraudeurs. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’oppose à la vérification de cette liste.

Autre chose, pour justifier son acharnement à vouloir diriger la Côte d’ivoire, Alassane Ouattara dit vouloir mettre au service de ce pays son “expérience et son carnet d’adresses”. C’est toujours la même litanie. Il convient de rappeler que le président du Rdr avait déjà occupé d’importantes fonctions au Fmi en tant que directeur Afrique et à la Bceao comme vice-gouverneur et gouverneur avant d’être nommé Premier ministre par le président Houphouet-Boigny. Il disposait donc de la même expérience et du même carnet d’adresses. Et pourtant, il a échoué dans la mission de redressement de l’économie ivoirienne que lui avait confiée Houphouet-Boigny. On ne dirige pas un pays avec un carnet d’adresses. Car si diriger un pays ne tenait qu’au carnet d’adresse, Ouattara ne serait pas l’Ivoirien le mieux placé dans ce domaine. Car il ne peut objectivement prétendre avoir un carnet d’adresses plus riche que celui de Bédié, qui a été ambassadeur, ministre de l’Economie et des Finances, fonctionnaire à la Banque mondiale, président de l’Assemblée nationale et, enfin, président de la République. Il ne peut non plus prétendre avoir un carnet d’adresses plus riche que celui du président Laurent Gbagbo qui a été opposant pendant 30 ans. Trente années pendant lesquelles il a fait le tour du monde politique, et qui, depuis 10 ans, est président de la République de Côte d’Ivoire.

Evoquant le bradage des sociétés d’Etat à ses amis français, Ouattara déclare que ses “comptes bancaires sont ouverts” et que c’est parce que depuis dix ans, il n’y a pas eu d’investissements dans le secteur de l’électricité qu’il y a délestage.

Où Ouattara voulait-il que l’Etat trouve les moyens financiers pour investir dans le secteur de l’électricité si depuis huit ans qu’il a envoyé la guerre et qu’il a coupé le pays en deux, ses hommes qui occupent la partie nord du pays refusent de payer les factures d’électricité et de l’eau? En réalité, le délestage est une autre forme de guerre que les amis de Ouattara à qui il a bradé l’électricité et qui sont ses soutiens font à la Côte d’Ivoire. L’objectif de ce délestage est de pousser les populations à la révolte. Mais les Ivoiriens, qui savent tout cela ne se laissent pas prendre à ce jeu.

En tout cas, si la volonté de la télévision Africa 24 était de donner un coup de pouce à Ouattara dans cette période de précampagne, elle est passée à côté de sa mission.

Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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