Dans le cadre des causeries de vendredi, le député Sokouri Bohui, secrétaire national du FPI chargé des Elections et directeur national adjoint de campagne du candidat Gbagbo chargé des opérations électorales et des Ddc, s’intéresse à l’affaire Koulibaly-Tagro, à l’encasernement qui a débuté le 15 juin et à l’entretien de Ouattara avec Africa 24.
Notre Voie : Qu’en est-il de ce qui est convenu d’appeler l’affaire Mamadou Koulibaly-Désiré Tagro ?
Je pose la question parce qu’après la réunion du Secrétariat exécutif, nous avons retrouvé, dans certaines presses des déclarations qui ont donné l’impression que cette affaire n’était pas réglée.
Martin Sokouri Bohui : Si, l’affaire est réglée. Quelques jours après le déclenchement de cette crise, le Secrétariat exécutif s’est réuni. Il a entendu nos deux camarades, et, après débat, il a pondu une déclaration. Cette déclaration acceptée par l’ensemble du Secrétariat exécutif et les deux camarades concernés a été rendue publique. Nous nous en tenons à cette déclaration. Mais,
pour rassurer l’ensemble des responsables du parti, le président du parti, le Premier ministre Affi N’Guessan, a convoqué une réunion du Secrétariat général avant-hier mercredi. Il s’est agi, au cours de cette réunion, de mettre au même niveau d’information tous les cadres membres du Secrétariat général et de les rassurer que le Fpi qui est, par essence, un parti de critique et d’autocritique, a traversé certes un petit moment de turbulence. Mais le calme est revenu à la
maison, malgré les écrits que nous avons pu voir çà et là et qui sont le fait de certains camarades qui ne mesurent pas la portée des actes qu’ils posent en dehors du parti. La réunion du Secrétariat général a été l’occasion de demander à ces militants de se ressaisir. Aujourd’hui, le Fpi a besoin de sérénité et de cohésion interne pour mieux conduire la campagne du président Laurent Gbagbo. Ne dispersons donc pas nos énergies. Parce que ce qui compte aujourd’hui, pour nous et pour l’ensemble des Ivoiriens qui ont donné leur poitrine pour que ce pays reste debout pendant toute cette crise, c’est la victoire du président Gbagbo. N’oublions pas, par ailleurs, que le Fpi est un des partis sur lesquels compte l’Afrique pour l’instauration de la démocratie en son sein. Nous n’avons donc pas le droit de le détruire nous-mêmes.
N.V. : Comme annoncé, l’encasernement des ex-combattants de l’ex-rébellion a effectivement commencé le 15 juin dernier. Mais, sur environ 1250 éléments qui étaient attendus, seulement 500 se sont présentés. Comment peut-on expliquer une telle situation ?
M.S.B. : Vous les journalistes, vous êtes toujours gourmands. Je ne sais pas si vous êtes à la recherche de la perfection, mais, dans votre question, je vois que vous n’êtes pas satisfait du début de l’encasernement. Depuis 8 ans que nous demandons le désarmement, c’est la première fois que nos frères qui ont pris les armes tiennent parole. Enfin, le désarmement connaît un début d’exécution.
C’est une grande première que nous les politiques, nous saluons. En tout cas, le Fpi, contre lequel cette tentative de coup d’Etat était dirigée et qui se bat depuis toujours pour que le pays retrouve la paix, est très satisfait du début du désarmement. Mais, pour répondre effectivement à votre question, sachez tout simplement que, sur les 1250, il reste 700 à encaserner. Les 700 attendent
simplement leur visite médicale pour rejoindre les autres. Il n’y a donc pas d’obstacle politique. Après Korhogo, ça sera Man, Séguéla et Bouaké, et le pays sera ainsi réunifié.
N.V. : Dans un entretien sur les antennes de Africa 24, Alassane Ouattara a une fois de plus dit que toutes les conditions sont réunies pour aller aux élections. Qu’est-ce que vous en pensez ?
M.S.B. : Quand nous disons, dans toutes nos déclarations, que Alassane Dramane Ouattara ne sera jamais président de la République, c’est au regard de ses agissements. Il est toujours en train de distiller dans ses déclarations des contrevérités. Il dit que les conditions sont réunies pour aller aux élections. Je voudrais rappeler que les deux obstacles à la tenue des élections sont la
confection de la liste électorale définitive et le désarmement.
S’agissant de la liste électorale définitive, après une rencontre avec le président de la République, le président Bédié et le Premier ministre Ouattara viennent de donner leur accord pour la vérification de la liste électorale. Et c’est parce qu’ils ont donné leur accord que le mode opératoire pour conduire l’opération de vérification vient d’être adopté. Il reste à fixer la date du début de cette opération.
On ne peut pas être à la recherche de la liste électorale définitive et dire que les conditions sont réunies pour aller aux élections. Dans le cas d’espèce, Ouattara sait très bien que la liste électorale définitive est encore en confection. C’est pourquoi je suis étonné qu’il dise que les conditions sont réunies pour aller aux élections. A moins qu’il veuille des élections sans liste électorale.
En ce qui concerne le désarmement, Ouattara sait, aussi, très bien, que l’accord 4 de Ouagadougou dit en son article 3 que le désarmement doit être achevé deux mois avant les élections. Il a fait sa déclaration le dimanche 13 juin sur les antennes de Africa 24. Or l’encasernement en vue du désarmement a débuté seulement le mardi 15 juin, soit deux jours après sa déclaration. On ne peut donc pas dire que les conditions sont réunies pour aller aux élections alors que le désarmement n’est pas encore effectif. Et ça aussi, Ouattara le sait. Et
donc les deux obstacles que sont la liste électorale définitive et le désarmement n’étant pas levés, Ouattara ne doit pas dire que les conditions sont réunies pour aller aux élections. Mais je le comprends, cet homme ne parle pas pour les Ivoiriens. Il parle pour se donner de la contenance par rapport à l’extérieur. Il est toujours dans sa logique de diabolisation du pouvoir en place vis-à-vis de l’opinion internationale. Et comme certains de ses partisans disent qu’il est le candidat de la communauté internationale, c’est pour elle qu’il fait campagne. Or l’élection présidentielle ne concerne que les Ivoiriens. Si, par extraordinaire, il devrait être élu président de la République, et je touche du bois, il ne devrait l’être que par les Ivoiriens. Mais plus il dénigre le pouvoir à l’extérieur, plus les Ivoiriens le rejettent.
N.V. : Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que les Ivoiriens rejettent Ouattara?
M.S.B. : Je m’étonne que vous me posiez une telle question, car vous êtes censé être bien informé de la situation politique nationale. Il n’est un secret pour personne que Ouattara demande à aller aux élections vite sans que les conditions minimales soient réunies pour des raisons bien connues.
N.V. : Quelles sont ces raisons ?
M.S.B. : C’est Alassane Ouattara qui a truffé la liste électorale de fraudeurs. Il sait très bien que si la liste est extraite de fraudeurs, il n’a aucune chance d’être élu. C’est la première raison.
Autre chose, Alassane Ouattara sait que si les élections ont lieu au moment où les ex-combattants de sa guerre sont en armes, les élections ne seront pas équitables et il pourrait en tirer profit. C’est la deuxième raison.
Troisième raison, depuis un moment, les lieutenants de Ouattara disent que sa campagne ne décolle pas. La raison est toute simple : l’érosion commence à gagner son cercle. Plus le temps passe, plus son cercle, qui était déjà petit, se rétrécit. Beaucoup de personnes qui avaient cru en lui au départ découvrent petit à petit qui est l’homme. Et ils se rendent compte qu’il n’est pas l’homme qu’il faut pour diriger la Côte d’Ivoire. C’est donc par milliers qu’ils rejoignent le camp
présidentiel. Ouattara ne doit s’en prendre qu’à lui-même, car tout ce qui lui arrive est la conséquence de la voie qu’il a choisie en faisant irruption sur la scène politique ivoirienne. La voie de la violence et du mensonge. Avec la violence et le mensonge, on ne gagne pas une élection présidentielle, car on est toujours découvert.
Entretien réalisé par Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
Notre Voie : Qu’en est-il de ce qui est convenu d’appeler l’affaire Mamadou Koulibaly-Désiré Tagro ?
Je pose la question parce qu’après la réunion du Secrétariat exécutif, nous avons retrouvé, dans certaines presses des déclarations qui ont donné l’impression que cette affaire n’était pas réglée.
Martin Sokouri Bohui : Si, l’affaire est réglée. Quelques jours après le déclenchement de cette crise, le Secrétariat exécutif s’est réuni. Il a entendu nos deux camarades, et, après débat, il a pondu une déclaration. Cette déclaration acceptée par l’ensemble du Secrétariat exécutif et les deux camarades concernés a été rendue publique. Nous nous en tenons à cette déclaration. Mais,
pour rassurer l’ensemble des responsables du parti, le président du parti, le Premier ministre Affi N’Guessan, a convoqué une réunion du Secrétariat général avant-hier mercredi. Il s’est agi, au cours de cette réunion, de mettre au même niveau d’information tous les cadres membres du Secrétariat général et de les rassurer que le Fpi qui est, par essence, un parti de critique et d’autocritique, a traversé certes un petit moment de turbulence. Mais le calme est revenu à la
maison, malgré les écrits que nous avons pu voir çà et là et qui sont le fait de certains camarades qui ne mesurent pas la portée des actes qu’ils posent en dehors du parti. La réunion du Secrétariat général a été l’occasion de demander à ces militants de se ressaisir. Aujourd’hui, le Fpi a besoin de sérénité et de cohésion interne pour mieux conduire la campagne du président Laurent Gbagbo. Ne dispersons donc pas nos énergies. Parce que ce qui compte aujourd’hui, pour nous et pour l’ensemble des Ivoiriens qui ont donné leur poitrine pour que ce pays reste debout pendant toute cette crise, c’est la victoire du président Gbagbo. N’oublions pas, par ailleurs, que le Fpi est un des partis sur lesquels compte l’Afrique pour l’instauration de la démocratie en son sein. Nous n’avons donc pas le droit de le détruire nous-mêmes.
N.V. : Comme annoncé, l’encasernement des ex-combattants de l’ex-rébellion a effectivement commencé le 15 juin dernier. Mais, sur environ 1250 éléments qui étaient attendus, seulement 500 se sont présentés. Comment peut-on expliquer une telle situation ?
M.S.B. : Vous les journalistes, vous êtes toujours gourmands. Je ne sais pas si vous êtes à la recherche de la perfection, mais, dans votre question, je vois que vous n’êtes pas satisfait du début de l’encasernement. Depuis 8 ans que nous demandons le désarmement, c’est la première fois que nos frères qui ont pris les armes tiennent parole. Enfin, le désarmement connaît un début d’exécution.
C’est une grande première que nous les politiques, nous saluons. En tout cas, le Fpi, contre lequel cette tentative de coup d’Etat était dirigée et qui se bat depuis toujours pour que le pays retrouve la paix, est très satisfait du début du désarmement. Mais, pour répondre effectivement à votre question, sachez tout simplement que, sur les 1250, il reste 700 à encaserner. Les 700 attendent
simplement leur visite médicale pour rejoindre les autres. Il n’y a donc pas d’obstacle politique. Après Korhogo, ça sera Man, Séguéla et Bouaké, et le pays sera ainsi réunifié.
N.V. : Dans un entretien sur les antennes de Africa 24, Alassane Ouattara a une fois de plus dit que toutes les conditions sont réunies pour aller aux élections. Qu’est-ce que vous en pensez ?
M.S.B. : Quand nous disons, dans toutes nos déclarations, que Alassane Dramane Ouattara ne sera jamais président de la République, c’est au regard de ses agissements. Il est toujours en train de distiller dans ses déclarations des contrevérités. Il dit que les conditions sont réunies pour aller aux élections. Je voudrais rappeler que les deux obstacles à la tenue des élections sont la
confection de la liste électorale définitive et le désarmement.
S’agissant de la liste électorale définitive, après une rencontre avec le président de la République, le président Bédié et le Premier ministre Ouattara viennent de donner leur accord pour la vérification de la liste électorale. Et c’est parce qu’ils ont donné leur accord que le mode opératoire pour conduire l’opération de vérification vient d’être adopté. Il reste à fixer la date du début de cette opération.
On ne peut pas être à la recherche de la liste électorale définitive et dire que les conditions sont réunies pour aller aux élections. Dans le cas d’espèce, Ouattara sait très bien que la liste électorale définitive est encore en confection. C’est pourquoi je suis étonné qu’il dise que les conditions sont réunies pour aller aux élections. A moins qu’il veuille des élections sans liste électorale.
En ce qui concerne le désarmement, Ouattara sait, aussi, très bien, que l’accord 4 de Ouagadougou dit en son article 3 que le désarmement doit être achevé deux mois avant les élections. Il a fait sa déclaration le dimanche 13 juin sur les antennes de Africa 24. Or l’encasernement en vue du désarmement a débuté seulement le mardi 15 juin, soit deux jours après sa déclaration. On ne peut donc pas dire que les conditions sont réunies pour aller aux élections alors que le désarmement n’est pas encore effectif. Et ça aussi, Ouattara le sait. Et
donc les deux obstacles que sont la liste électorale définitive et le désarmement n’étant pas levés, Ouattara ne doit pas dire que les conditions sont réunies pour aller aux élections. Mais je le comprends, cet homme ne parle pas pour les Ivoiriens. Il parle pour se donner de la contenance par rapport à l’extérieur. Il est toujours dans sa logique de diabolisation du pouvoir en place vis-à-vis de l’opinion internationale. Et comme certains de ses partisans disent qu’il est le candidat de la communauté internationale, c’est pour elle qu’il fait campagne. Or l’élection présidentielle ne concerne que les Ivoiriens. Si, par extraordinaire, il devrait être élu président de la République, et je touche du bois, il ne devrait l’être que par les Ivoiriens. Mais plus il dénigre le pouvoir à l’extérieur, plus les Ivoiriens le rejettent.
N.V. : Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que les Ivoiriens rejettent Ouattara?
M.S.B. : Je m’étonne que vous me posiez une telle question, car vous êtes censé être bien informé de la situation politique nationale. Il n’est un secret pour personne que Ouattara demande à aller aux élections vite sans que les conditions minimales soient réunies pour des raisons bien connues.
N.V. : Quelles sont ces raisons ?
M.S.B. : C’est Alassane Ouattara qui a truffé la liste électorale de fraudeurs. Il sait très bien que si la liste est extraite de fraudeurs, il n’a aucune chance d’être élu. C’est la première raison.
Autre chose, Alassane Ouattara sait que si les élections ont lieu au moment où les ex-combattants de sa guerre sont en armes, les élections ne seront pas équitables et il pourrait en tirer profit. C’est la deuxième raison.
Troisième raison, depuis un moment, les lieutenants de Ouattara disent que sa campagne ne décolle pas. La raison est toute simple : l’érosion commence à gagner son cercle. Plus le temps passe, plus son cercle, qui était déjà petit, se rétrécit. Beaucoup de personnes qui avaient cru en lui au départ découvrent petit à petit qui est l’homme. Et ils se rendent compte qu’il n’est pas l’homme qu’il faut pour diriger la Côte d’Ivoire. C’est donc par milliers qu’ils rejoignent le camp
présidentiel. Ouattara ne doit s’en prendre qu’à lui-même, car tout ce qui lui arrive est la conséquence de la voie qu’il a choisie en faisant irruption sur la scène politique ivoirienne. La voie de la violence et du mensonge. Avec la violence et le mensonge, on ne gagne pas une élection présidentielle, car on est toujours découvert.
Entretien réalisé par Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr