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Économie Publié le jeudi 24 juin 2010 | Fraternité Matin

Cinquantenaire: Les cultures pérennes ont fait ombrage aux produits vivriers

La première journée des assises du troisième précolloque qui se tient à Gagnoa sur le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire aura marqué le début des réflexions et analyses visant à dresser le bilan de son agriculture et de la sécurité alimentaire nationale. De même que la projection qu’il y a lieu d’en faire, pour les cinquante prochaines années.

Quatre communications ont, pour ce faire, suscité un grand intérêt au centre culturel polyvalent de la ville, autour des thèmes suivants : «projets , échecs et autonomie paysanne: de la démocratie dans le développement; sécurité alimentaire dans l’espace soudano-sahélien : mécanismes et typologie des crises alimentaires; chocs des prix internationaux des produits agricoles et sécurité alimentaire en Afrique ; banque et financement de l’agriculture en Côte d’Ivoire : bilan et perspectives».

De ces différents exposés, il apparaît que l’autosuffisance alimentaire, dans la plupart des pays africains, aura été un échec. En Côte d’Ivoire singulièrement, elle avait pourtant donné des signes de succès. Précisément par l’entremise de la production nationale de riz en 1975. Celle-ci était maîtrisée et générait d’importants excédents de production destinés à l’exportation. Cependant, faute d’intérêt conséquent pour le secteur vivrier, contrairement à celui des cultures d’exportation, l’autosuffisance alimentaire reste encore à conquérir. Si les cultures pérennes ont, dans leur promotion, fait ombrage aux cultures vivrières, comme l’a vivement soutenu le Pr Boureima Alpha Gado, qui est intervenu sur le deuxième thème susmentionné, cela n’est pas allé sans provoquer des crises alimentaires successives depuis 1973 jusqu’en 2000. Et qui ont fragilisé les populations, avec des situations de famine à certains endroits de la région soudano-sahélienne.

Par ailleurs, révèle la seule femme Pr agrégée d’économie en Afrique de l’Ouest, l’Ivoirienne Bernadette Kamgnia –Dia, en fonction à l’université de Yaoundé et 3e conférencière, on a assisté, depuis les années 1970 jusqu’à maintenant, à une croissance continue des prix des produits agricoles. Un phénomène qui prend sa source dans l’augmentation du coût des intrants, pour ne citer que cette raison. Ainsi, en mars 2008, on a pu constater que le prix du riz a doublé en Côte d’Ivoire. Il résulte de cette croissance généralisée des prix des produits agricoles, une augmentation effrénée de la pauvreté ici et là. C’est ainsi qu’à ce jour, sur les 22 pays vulnérables identifiés, 14 sont africains. Toutefois, note Mme Bernadette Kamgnia –Dia, cet état de fait a entraîné un regain d’intérêt pour la pratique agricole, qu’il ne faut point négliger. Tout comme il convient, entre autres actions à initier, d’amener le secteur privé à y investir et développer l’exportation des productions vivrières.

L’autre constat fait de l’évolution de l’agriculture ivoirienne et partant de celle de toute l’Afrique de l’ouest tout au long de ces 50 dernières années, est l’insuffisance des financements dans le secteur. A ce jour, soutient M. William Bénié , expert de la Banque pour le financement de l’agriculture (Bfa), présentateur du quatrième thème, le secteur bancaire ivoirien ne consacre que 5% de son financement à l’agriculture contre 3,7% pour les autres pays de l’Uemoa. Et ces financements portent quasi- exclusivement sur la commercialisation. La production et les autres domaines de l’activité agricole restent royalement ignorés. Il y a certes, reconnaît-il, une insuffisance notoire du nombre de banques spécialisées dans le financement de l’agriculture. Mais il reste tout aussi indéniable que le secteur agricole demande une plus grande organisation. Notamment à travers ses acteurs, dont plusieurs demeurent encore analphabètes. La situation des surfaces cultivées ne favorise pas l’augmentation de la productivité, les terres ne sont pas sécurisées, les plantations non assurées et les subventions étatiques font défaut, contrairement aux pays développés, etc. Au nombre des solutions préconisées par M. Bénié, on retiendra la mise en place des Bourses du secteur vivrier et centres de groupage.

Les réflexions et discussions portant toujours sur le secteur agricole se poursuivent depuis hier, de façon très détaillée et précise, dans les travaux en atelier. Nous y reviendrons.


Moussa Touré
Envoyé spécial
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