Le président Laurent Gbagbo est décidé à mener à bien son combat pour la moralisation de la vie publique en Côte d’Ivoire. Mais aussi pour lutter contre les fausses accusations tendant à salir d’honnêtes citoyens. A la faveur de l’affaire Désiré Tagro, l’opposition a vite fait de dire qu’il s’agit de la poudre aux yeux de la population ivoirienne. Pour montrer que les actes du chef de l’Etat ne sont pas des actions d’éclat, Notre Voie vous propose le discours historique qu’il a prononcé à Bodo, dans le département de Tiassalé, en 2008. Monsieur le Président de l’Assemblée nationale ; Madame la Ministre Boni Claverie ; Messieurs les Elus ; Monsieur le Président du Comité d’organisation ; Monsieur le Porte-parole des cadres de Bodo ; Monsieur le Porte-parole des populations de Brou-Brou ; Honorables Chefs traditionnels ; Distingués Chefs Traditionnels religieux ; Populations de Bodo ; Mesdames et Messieurs, Tiassalé est le symbole de la Côte d’Ivoire de demain avec le brassage de toutes les populations. Je salue également ce département parce qu’on ’oublie vite. En 1996, j’ai fait un terrible accident de voiture. J’ai été accueilli dans le modeste hôpital de Tiassalé. C’est en ce moment que je me suis rendu compte que nos hôpitaux à l’intérieur du pays sont dépourvus de tout, même du minimum. Nous allons faire un effort pour aider l’hôpital de Tiassalé. Bientôt, je viendrai pour faire un peu de dons à l’hôpital. Voilà pour les souvenirs personnels. Maintenant, il y a l’Etat. Nous avons entrepris une politique de décentralisation et en écoutant les gens parler, nous renvoyer les échos de cette politique, en écoutant le porte-parole de Brou-Brou et celui de Bodo, je suis fier d’avoir initié cette politique. Il faut que les peuples de Côte d’Ivoire soient en mesure de se prendre en main. Il faut que les sous-préfets soient proches d’eux. Mais, il faut également qu’eux-mêmes, avec les communes, se prennent en charge. Il était important que l’agglomération de Bodo, avec 5000 âmes, prenne son destin en main à travers sa mairie. Je suis heureux. J’en suis fier. Habitants de Bodo, voici donc votre commune. J’ai fait ma part de travail; c’est à vous de faire la vôtre. D’abord, vous devez élire un conseil municipal et un maire compétents. Excusez-moi, mais si vous élisez quelqu’un qui détourne, demain, l’argent de la commune, il ne faudrait pas venir pleurer à la Présidence. J’ai fait ma part en vous donnant la commune. C’est à vous de faire le reste. Nous ferons encore beaucoup de choses parce que nous n’avons pas fini avec la décentralisation. Pour le moment, nous avons prolongé la communalisation. Pour les instances décentralisées comme le département et la commune, nous n’avons pas encore voté la loi pour leur permettre de collecter eux-mêmes leurs impôts afin d’avoir leurs propres financements. C’est ce qui fait que, pour le moment, l’Etat est obligé de donner des subventions. […]. Nous voterons une loi pour que vous puissiez vous-mêmes collecter les impôts qui vous reviennent de part la loi, selon l’assiette qui aura été définie par la loi. Mais, en ce moment-là, nous serons sévères. Nous confierons les plus grandes responsabilités au corps préfectoral. J’estime qu’aujourd’hui, nous sommes dans une situation bâtarde où les préfets n’ont pas encore la nouvelle définition de leur rôle. Avant, on avait des préfets-Maires, des sous-préfets maires. Tout cela est fini. Aujourd’hui, le préfet sera exactement ce qu’il est, c’est-à-dire le substitut du chef de l’Etat, son représentant personnel là où il est. Le sous-préfet aussi. En conséquence, quand vous aurez arrêté vos budgets, les préfets vont vérifier a priori et a posteriori. Ces lois n’ont pas été prises. Et les préfets seront à vos trousses pour s’assurer que vous dépensez l’argent public pour le bien des populations. C’est le préfet qui connaît les réalités du terrain. Ce n’est pas le ministre de l’Intérieur. Il est trop loin. Nous allons donner aux préfets le pouvoir de vous contrôler directement, pour faire la chasse à ceux qui, sous le couvert du fait qu’ils sont élus, veulent être de petits truands. Il faudrait que les Préfets et sous-préfets traquent partout où les gens voudront détourner un sou. Sur ce problème, je disais toujours aux gens que je ne sais pas mener deux combats à la fois. Mon premier combat était d’arrêter la guerre. La guerre est finie. Maintenant, mon combat, c’est de chasser les corrompus et leurs corrupteurs. […]. En pays bété, d’où je suis originaire, on dit souvent que lorsque tu poursuivis deux écureuils, tu manges ta banane simplement sans accompagnement. On a arrêté la guerre. Maintenant, il faut rendre propre la Côte d’Ivoire. Il faut faire la chasse aux corrompus. Il faut faire la chasse à la corruption. Aujourd’hui, les Forces de Défense et de Sécurité (Fds) sont en train de faire la chasse en leur sein. Ce que nous constatons, c’est que le racket sur les routes est dû au fait que beaucoup de ceux qui ont les voitures aiment les rackets. Il y a deux semaines quand les chefs des Fds m’ont averti que tout serait bloqué pour vérifier que les véhicules avaient effectivement leurs pièces, les 3 /4 des voitures étaient garées. Ils n’ont pas de papiers. On ne peut pas crier contre les policiers et gendarmes, quand on veut les corrompre soi-même. Vous roulez sans papiers (sans carte grise, sans assurance…) ; si vous avez un accident et que vous tuez quelqu’un, qu’est qu’on fait ? C’est l’Etat qui est interpellé. On ne peut pas continuer à rouler avec la maxime “Dieu est Dieu’’. Nos véhicules doivent avoir leurs papiers. Il faut donc lutter résolument contre la corruption. On parle des policiers, des gendarmes, mais, dans les bureaux, les gens n’arrivent pas à faire leurs documents administratifs. […]. Je vous demande à vous les préfets et sous-préfets de faire la police dans vos bureaux. Les petites usines que nous avons dans nos régions, les personnalités les traient à telle enseigne que les gens sont découragés. Lorsqu’un ministre vient en week-end, il appelle pour qu’on lui donne trois millions. On fait n’importe quoi. Même les agents municipaux qu’on recrute et que l’on appelle communément “coupeurs de billet’’, ils deviennent des “coupeurs d’argent’’. On leur dit : “Allez sur le marché pour que chaque vendeur paie sa taxe”, mais, eux s’enrichissent au détriment de la commune. Il faut que cela cesse. Ce n’est pas sérieux. C’est pour tout cela que nous avons fait campagne. C’est pour tout cela que nous avons été élus. La guerre vous a donné un sursis, à vous autres les corrompus. Maintenant, le sursis n’existe plus, puisque la guerre n’existe plus. Maintenant, on va faire la guerre. Même les simples journaux, là où les tirages sont faits, à l’imprimerie, certains prennent des paquets et vont vendre. Ce n’est pas compté dans le chiffre normal. On dirait que, dans ce pays, on ne peut voir quelque chose sans voler. Dès qu’un bien est produit, il faut voler. Dans les usines de textiles, ce qu’on nous signale, c’est que les ouvriers sortent avec des balles. Ce n’est pas bien. C’est le pays que vous tuez en faisant cela. Quand je passe dans des endroits, les gens me disent : “Il faut diminuer les impôts, la Tva, la taxe”, je les regarde. Celui qui dit qu’il faut diminuer la Tva, il la vole déjà. Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, tenez–vous prêt. Nous allons réfléchir à faire une législation plus solide, plus corsée contre la corruption. Mieux vaut qu’on fasse notre travail. Notre rôle sera d’écarter les fossoyeurs de notre chemin. On ne peut pas accepter que, dans un pays aussi bien que la Côte d’Ivoire, où nous avons tout (la mer, les lagunes, les forêts, les savanes, le pétrole, le café, le cacao), nous passions notre temps à voler au lieu de travailler ! Mettez-vous au travail. Habitants de Bodo, de Brou-Brou, les communes qu’on vous a données, doivent vous servir à mettre les Ivoiriens au travail. Un village, une école, un dispensaire, de l’électricité, ainsi que de l’eau courante. Si cela est fait, toute la Côte d’Ivoire est sauvée. Que Dieu vous bénisse. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire. Je vous remercie.
Politique Publié le lundi 28 juin 2010 | Notre Voie
Il y a 2 ans, à Tiassalé, Gbagbo prévenait : “Mon combat, c’est de chasser les corrompus et leurs corrupteurs”
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