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Faits Divers Publié le mardi 6 juillet 2010 | Nord-Sud

Après deux ans de séparation : Le comptable viole son ex-épouse

Le domicile d’Odile K. a été cambriolé dans la nuit du 28 mai. Elle a été battue et violée par un inconnu, identifié plus tard comme étant son ex-époux. Retour sur une soirée pas rose.

T. Olivier, un grand homme mince, a 28 ans quand il s’éprend d’Odile, une fée du même âge. Tous deux vivent sous le même toit à la Riviéra 2 et se marient le 18 mars 2000. Leurs deux salaires-il est comptable, elle est agent commercial- devraient leur assurer un train de vie confortable. Il n’en est rien : incorrigible dépensier, Olivier multiplie les frivolités et le budget du couple s’en ressent d’autant qu’une petite fille naît en octobre. Pour renflouer leur compte en banque plusieurs fois dans le rouge ou pour payer les loyers en retard, Odile fera plus d’une fois appel à sa famille. En mai 2008, elle décide de se séparer de son mari tout en gardant de bonnes relations avec lui pour ne pas léser leur fille. Elle déménage dans une maison à la Riviéra Palmeraie et compte sur ses parents pour s’occuper de la gamine quand elle part travailler.

Licencié en 2009, Olivier dilapide sa prime de départ en quelques mois et se retrouve criblé de dettes. Odile lui confie leur fille, certains week-ends, et lui fait souvent cadeau d’un grand sac de provisions pour l’aider à « passer la semaine ». Olivier prend-il ombrage de cette générosité ? Est-il jaloux ? En tout cas, il semblerait qu’il se soit répandu en propos injurieux envers Odile, qu’il accuse d’être obsédée par le sexe et volontiers exhibitionniste, autant de ragots destinés à blesser l’intéressée. Et les rapports deviennent très conflictuels. Odile a le réflexe d’attirer l’attention de ses parents et porte plainte au commissariat de police du 18ème arrondissement. Trois ans passent mais les choses ne changent pas véritablement.

Avec une cordelette

Vendredi 28 mai 2010, le père d’Odile s’inquiète d’être sans nouvelles de sa fille et se rend chez elle, où il constate que sa voiture a disparu. L’employeur d’Odile lui apprend qu’elle n’a plus donné signe de vie depuis la veille. Le père entre dans la maison grâce à un double des clés et découvre Odile ligotée et a moitié nue sur le canapé. Elle a reçu des coups au visage et porte des traces de lacets aux poignets. La police constate que son sac à main et son téléphone portable ont disparu. Sa voiture de marque Bmw, couleur bleu nuit sera retrouvée près de la gare Sotra du campus de Cocody. Curieusement aucune porte, aucune fenêtre, n’a été forcée.

Selon les flics, la victime a été frappée puis violée à deux reprises avant d’être ligotée à l’aide d’une cordelette. L’agresseur n’a laissé aucune trace ou empreinte mais il se serait caché au grenier et il semblait bien connaître les lieux. Pendant deux semaines, la police interroge les proches de la victime, au nombre desquels figure Olivier T., le mari dont Odile venait de se séparer en mai 2008. Que faisait le comptable au soir du 27 mai 2010 ?
Sans se troubler, Olivier explique qu’il était seul chez lui et qu’il regardait un film à la télévision. En épluchant la liste des appels passés ce soir-là sur son portable, les fins limiers du 18ème arrondissement découvrent qu’il a menti. En effet, la borne voisine de la maison d’Odile a été actionnée par le portable d’Olivier à peu près à l’heure où le crime était commis. Olivier ne pouvait pas être en même temps chez lui et près du domicile d’Odile, à des kilomètres de là. Placé en garde-à-vue le 5 juin, Olivier fait des aveux circonstanciés.

Ce 27 mai 2007, à 3 heures du matin, sachant que leur fille de 7 ans est chez ses grands-parents maternels, il s’introduit dans la maison d’Odile par un vasistas resté ouvert. Il se cache dans un recoin et attend que sa femme se réveille à 4 heures du matin pour partir travailler. Une fois seule, Olivier prend quelques provisions dans le réfrigérateur et s’installe au grenier. Sa femme rentre en début d’après-midi et vaque à ses occupations.

Il l’a croyait libertine

A 22 heures, Olivier surprend Odile dans la salle de bains. Elle le gifle, il la frappe, la jette sur le lit, la frappe encore, enfile un préservatif qu’il a pris soin d’emporter avec lui puis commence à la violer tout en lui serrant le cou. Il la viole à deux reprises, la laisse à moitié inconsciente sur le lit, va chercher une cordelette dans la cuisine, revient, ligote Odile et la jette sur le canapé. Olivier se lave, nettoie la scène du crime de son mieux, emporte les serviettes et gants de toilette qu’il a utilisés, le sac à main et le portable de la victime, puis il s’enfuit au volant de la voiture d’Odile qu’il abandonnera à la gare Sotra pour faire croire à un cambriolage.

Mardi 8 juin, Olivier, crâne rasé, petites lunettes ovales et blouson bleu, comparaît devant le tribunal des flagrants délits du Plateau pour y répondre du viol d’Odile, son ex-femme. Le procès à la demande du juge se tient à huis clos. Odile et ses parents sont sur le banc des parties civiles. Pour sa défense, Olivier laisse entendre que sa femme menait une vie privée désordonnée et qu’il en aurait souffert; ce qui indigne le président du tribunal. «Soyons sur des terrains sérieux et pas des ragoteries.

Avant, la rumeur publique valait comme une demi-preuve…Si on veut retomber dans ces imbécilités, ça sera sans moi», prévient le juge. «Pourquoi l’accusé s’est-il introduit au domicile de la victime, le 27 mai ?», demande le magistrat. «Pour discuter avec elle de ses difficultés financières croissantes», répond Olivier. Le ton serait monté.

Après avoir frappé Odile et la voyant allongée sur le lit, il l’aurait violée à la suite d’une pulsion. A l’entendre, rien de ce qu’il aurait fait, ce soir-là, n’était prémédité.

L’officier de police chargé de l’enquête démonte ces affirmations. Selon lui, le prévenu a suivi un plan bien établi, se cachant à la fois pour épier sa femme dans l’intimité et pour attendre le moment propice pour l’attaquer. Enfin, contrairement à ce qu’affirme l’accusé, Odile était encore ligotée quand il l’a violée pour la seconde fois. Autre fait troublant : selon les enquêteurs qui ont examiné l’ordinateur de l’inculpé, Olivier envoyait à Odile des photos d’elle retouchées, ou des montages de photos la montrant, à tort, dans des postures obscènes. Il y avait donc, bien intention répétée de nuire à la victime. Selon l’enquête de personnalité, Olivier tendrait à embellir ses actes, à se donner plus d’importance ou de crédit qu’il n’en a en réalité, et ce, depuis l’enfance. La plupart de ceux qui l’ont connu, épinglent sa propension au mensonge. Quand Olivier dresse d’Odile le portrait d’une femme autoritaire et infidèle, chacun dans la foule est tenté d’avoir des doutes. « Il y a des dossiers qu’on voudrait n’avoir jamais à ouvrir !», s’exclame le ministère public, avant d’évoquer ces «commérages, ces ragots» qui ont sali l’honneur d’Odile : « Vous nous avez envoyé un bataillon de témoins, l’amertume au coin de la bouche pour mieux salir, mieux blesser », dit-il. Le magistrat évoque l’amertume de la victime. « Elle n’aura plus de moment de bonheur avec sa fille ». Et cette phrase forte fera baisser la tête de l’accusé. Le procureur ne croit plus à l’absence de préméditation chez le mis en cause. N’a-t-il pas emporté le préservatif pour ne pas laisser de traces compromettantes sur Odile, la victime ? «Il sait qu’il va la violer mais il ne veut pas qu’on trouve d’empreintes. Le reste, je ne veux pas en parler », poursuit l’avocat de la partie civile en soulignant le courage de sa cliente qui « s’est défendue, elle a griffé, elle a crié, elle a pleuré».
Autant de faits qui incitent le ministère public à réclamer dix ans de prison contre Olivier. Dans sa plaidoirie, l’avocat du prévenu évoque « un couple déchiré par des problèmes financiers et des relations extraconjugales d’Odile » et tente de minimiser le crime de son client en affirmant, contre les experts, qu’Odile n’avait pas les mains liées quand son client l’a violée. «La notion de préméditation exclut toute impulsion subite, je vous demande donc d’écarter la préméditation », plaide l’avocat d’Olivier.

Dernier à prendre la parole dans ce procès, le prévenu se tourne vers les parties civiles : « je sais que je suis coupable des faits qui me sont reprochés. Aujourd’hui, je vous le demande haut et fort : pardon ». Mercredi 9 juin, le tribunal déclare Olivier coupable des faits. Le juge double la peine requise par le procureur. Le violeur est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

Ouattara Moussa
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