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Politique Publié le mercredi 7 juillet 2010 | Notre Voie

Le combat de Gbagbo pour l’organisation des élections

© Notre Voie Par DR
Politique nationale - Laurent Gbagbo et Mamadou Koulibaly
Photo: de g. à dr. le président Laurent Gbagbo et son N°2, le président de l`Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly
“Plus rien n’empêche notre pays (la Côte d’Ivoire) d’aller aux élections. (…) Aidez-nous à contraindre M. Laurent Gbagbo à aller aux élections”. Supplication de Anne Oulotto, porte-parole principale du candidat Alassane Ouattara, le lundi 28 juin dernier, au 4ème Forum mondial des Droits de l’Homme, en France. Cette idée, que se fait cette femme politique du chef de l’Etat, est répandue dans les états majors, du Pdci et du Rdr. Elle est elle-même nourrie par des informations distillées, à longueur de journée et dans toutes les rencontres de discussions, par les premiers responsables de ces partis. Elle est reprise par leurs proches collaborateurs (en témoignent les propos de Ouloto) et, enfin, elle est répercutée au niveau des militants. Est -il juste de penser que le processus électoral a connu des retards à cause du président Gbagbo ? Peut-on conclure qu’il est celui qui freine l’organisation des élections présidentielles en Côte d’Ivoire ? A-t-il réellement l’intention de s’éterniser au pouvoir en évitant de se soumettre au suffrage du peuple ? La politique a ceci de particulier qu’elle a une face visible, exposée au regard extérieur (parfois critique) de tous. Elle n’est pas toujours obscure. Et, même si elle peut l’être quelquefois, le temps se charge de laisser découvrir la sincérité ou non d’un acte posé. Les actes posés par le chef de l’Etat ivoirien en ce qui concerne les élections sont connus de tous. Ceux de ses adversaires également. Le pouvoir du président Laurent Gbagbo a été attaqué, le 19 septembre 2002, par une rébellion armée. Il a pu, grâce à sa finesse politique et à son sens de l’ouverture, maintenir une bonne partie de la Côte d’Ivoire hors du chaos. Il a pu, également, avoir les leviers du pouvoir en main. Malgré la présence des rebelles au nord et à l’ouest. Il aurait pu s’en tenir à cela et gouverner la Côte d’Ivoire comme bon lui semble, en prétextant de cette situation de crise exceptionnelle pour rester au pouvoir toute sa vie. Il a plutôt préféré s’investir dans la recherche de la paix. Et la quête de cet idéal passe, a-t-il toujours répété, par la tenue des élections. Le président Laurent Gbagbo a donc envisagé le règlement de la crise par l’organisation d’une élection présidentielle transparente qui inclut tous les acteurs politiques. S’ils sont en règle par rapport aux critères du Conseil constitutionnel. Il a adopté cette démarche parce que ses adversaires d’aujourd’hui, Alassane Ouattara du Rdr et Henri Konan Bédié du Pdci, ont souvent traité son régime d’illégitime parce qu’ils n’ont pas été admis par la Cour suprème à se présenter en octobre 2000 aux élections présidentielles. Laurent Gbagbo a gagné ces élections-là. Qu’il n’a pas organisées et sur lesquelles il n’avait aucune influence du point de vue de l’organisation. Le premier acte qu’il a posé pour exprimer son empressement d’aller aux élections, c’est d’avoir, conformément aux accords sur la crise ivoirienne de Pretoria (Afrique du Sud), autorisé que Alassane Ouattara se présente aux élections présidentielles à venir en vertu de l’article 48 de la Constitution ivoirienne. Il n’était pas obligé, mais il l’a fait. C’était une décision historique. Le président Konan Bédié du Pdci, allié de Ouattara au sein du Rhdp, ne voulait pas en entendre parler. Le deuxième acte que le chef de l’Etat ivoirien a posé afin que les élections aient lieu, c’est la signature de l’Accord de Ouaga (Apo) en 2007. Il a signé cet accord afin que la rébellion armée, qui tient les populations de sa zone en otage et qui compromet l’organisation des élections, dépose les armes. Et ce, conformément à la Constitution qui stipule qu’aucun scrutin ne peut être organisé si le territoire ivoirien est coupé en deux. On se rend à l’évidence, à la pratique, qu’il n’est pas souhaitable que les électeurs se rendent aux urnes le fusil sur la tempe. Le président Gbagbo, qui veut un environnement sécurisé, insiste sur le dépôt des armes afin que les élections se tiennent. C’est le sens de l’Apo qui stipule que la rébellion doit déposer les armes deux mois avant les élections. Au nombre des actes posés par le président Gbagbo pour que la Côte d’Ivoire aille aux élections, nous avons sa gestion de l’affaire Robert Beugré Mambé, du nom de l’ex-président de la Commission électorale indépendante (Cei). Le chef de l’Etat a saisi le procureur de la République, Raymond Tchimou (par l’entremise du ministre de l’Intérieur Désiré Tagro), à l’effet de diligenter une enquête devant les soupçons de fraude sur la liste électorale. L’enquête a révélé de graves irrégularités sur la liste électorale provisoire à mettre à l’actif de Beugré Mambé. Peut-on être contre l’organisation des élections et se soucier de la transparence de la liste électorale au point de saisir la justice? Assurément “Non” ! Nous pouvons donc retenir cette action du locataire de la Présidence comme sa troisième action qui prouve sa volonté manifeste d’aller aux élections. Nous retiendrons la réunion du mercredi 30 juin dernier, au Palais présidentiel, au Plateau, comme étant un autre acte (le quatrième) du président Gbagbo en faveur des élections. Cette réunion a eu lieu à son initiative et elle a été organisée pour booster le processus de sortie de crise. Donc permettre l’organisation des élections. Elle a permis aux différents acteurs politiques (Ouattara et Bédié), aux responsables de l’Onu, au représentant du facilitateur Blaise Compaoré, au président de la Cei… d’échanger sur la tenue des élections. Les présidents du Pdci et du Rdr ont répondu à l’invitation du président de la République ce mercredi 30 juin. Mais ils n’ont pas toujours été de bonne volonté. Alassane Ouattara a souvent refusé de jouer sa partition afin que les élections se tiennent. Pour ne pas dire toujours. L’une des conditions de la tenue de se scrutin attendu par le monde est le désarmement des combattants des Forces nouvelles. Ces derniers sont encore en armes et maintiennent les zones centre, nord et ouest ivoiriennes dans un climat d’insécurité non propice à la libre circulation, encore moins à l’organisation d’une élection. Les règlements de comptes y sont fréquents. L’un des récents signes du malaise dans ces zones est l’attaque à l’arme d’une délégation de l’Apdh, une organisation des Droits de l’Homme, le vendredi 18 juin 2010, à une vingtaine de kilomètres de la ville d’Odienné, aux environs de 19h. Ces rebelles, pour beaucoup, se réclament de Ouattara, qui, pourtant, refuse de parler à ses hommes de désarmement. On se souvient qu’au cours d’une de ses tournées dans leur fief, dans le département de Bouaké, il a déclaré leur combat juste au point de justifier la prise des armes. Henri Konan Bédié a quelquefois apporté sa caution à Ouattara dans le cadre du Rhdp. Il n’ y a donc pas à convaincre Laurent Gbagbo pour aller aux élections. Il y a plutôt à convaincre les hommes de Ouattara de déposer les armes. Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr
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