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Politique Publié le mardi 13 juillet 2010 | Notre Voie

Visites et consultations permanentes de Bédié et Ouattara - Gouverner avec humilité, la belle arme démocratique de Gbagbo

© Notre Voie Par DR
Politique nationale - Laurent Koudou Gbagbo, président de la République de Côte d`Ivoire
Deux faits majeurs et rarissimes sont-ils en train d`extraire de la crise ivoirienne la violence de ses convulsions? Comment ces deux faits, naguère insolites sous les tropiques, s`agencent et s`ordonnent-ils pour alimenter l`humilité démocratique en Côte d`Ivoire? Réflexion. Humblement, contre toute attente, le chef de l`Etat ivoirien s`est délibérément rendu au domicile des différents chefs de l`opposition, pour désamorcer la chienlit, précédemment annoncée comme l`apocalypse, après les événements sans précédent du 19 septembre 2002. Aussi, a-t-il su habilement préserver l`ordre public. On peut également s`enorgueillir de son autre attitude, pleine d`humilité démocratique. Recueillir l`avis de ses adversaires politiques en est une. En effet, comment ce personnage hors du commun, détenteur d`un pouvoir constitutionnel exorbitant, peut-il volontairement se rabaisser et solliciter une sorte de modus vivendi avec ses opposants, dans la recherche d`une date plus consensuelle, pour l`organisation de l`élection présidentielle? D`autre part, puisque rien n`obligeait les autres à le recevoir ou à accepter sa main tendue, pourquoi ne pas s`enthousiasmer devant cette autre modestie républicaine? De ces deux faits convergents et interactifs, transparaît incontestablement, le sentiment partagé de l`humilité démocratique. Celle-ci s`analyse en un dépassement réciproque de soi. C`est la maîtrise de son ego. C`est donc de cette contagion démocratique, synonyme de réciprocité dans le respect scrupuleux de la loi de la démocratie, qu`est née la présente humilité démocratique. Si gouverner, c`est prévoir et choisir, gouverner avec humilité démocratique se résume, pour le prince, en l`aptitude qu`il a d`apprécier au nom de l`intérêt général, sereinement et efficacement, la réalité politique et sociale des problèmes qui se posent à la nation tout entière, avec la conscience de ses limites, dans la conduite des affaires de l`Etat. C`est en fait rechercher conseil autour de lui, écouter avec patience et attention toutes les tendances et opinions, y compris celles de l`opposition, chaque fois qu`il est confronté à de graves problèmes de gouvernance, du fait qu`il a conscience que la vérité peut également surgir ailleurs que chez les siens. De ce point de vue, l`humilité démocratique rime avec le doute. Mais ce n`est pas célébrer l`inertie. C`est la capacité d`oser avec une certaine retenue et discernement. C`est la capacité d`anticiper en toute humilité. Ce qui est le propre des hommes intelligents. “Je ne sais qu`une chose, c`est que je ne sais rien”, dira Socrate. Ainsi, contrairement à gouverner, l`humilité renvoie au moins à deux sens contradictoires. -Au sens de la vertu religieuse, l`humilité véhicule a priori l`idée de soumission craintive. C`est ainsi que, pour être ou affirmer son soi, la vertu chrétienne oblige le croyant à faire preuve de faiblesse et d`indignité, sans pour autant franchir les limites de l`honorabilité. En témoigne la confession religieuse. Dans sa dévotion, le dévot manifeste un zèle extrême dans sa soumission à son dieu. A la limite, il accepte d`essuyer l`humiliation, l`affront. Sans sourciller, on assume son infériorité. On intériorise son indignité. “Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers”, selon l`Evangile de Saint-Mathieu. Au sens religieux, sans rechigner, l`humilité de l`homme - croyant réprime en lui tout mouvement d`orgueil. Selon Flaubert: “Orgueil de l`homme, humilie-toi”. De ce fait, l`humilité religieuse s`oppose au vulgaire orgueil ou manifestation de celui qui souffre d`une estime excessive de soi. Ce narcissisme ou débordement non contenu de son ego fait de lui un présomptueux, un prétentieux, un vaniteux. On est orgueilleusement impétueux et irrévérencieux. - A l`inverse, dans sa version républicaine, l`humilité démocratique exprime une attitude de grande déférence et non de servile soumission. Animée par la foi républicaine, elle ne consiste pas à se dévaloriser ou à cultiver le mépris de soi. Ce n`est pas un vil acte de soumission et de démission dans tout ce que l`on entreprend. C`est un acte de grandeur. Car l`humilité se nourrit de tolérance et de compréhension. Le droit à la différence, auquel est associée l`intelligence, en fait un référent de sagesse. Elle évite de succomber à la tentation de s`enivrer d`orgueil, d`enfler de vanité, d`arrogance et de mépris. En fait, elle pondère notre insolence. Elle structure notre subconscient, au point de nous purifier de l`intérieur. Elle redresse nos torts et repositionne positivement notre ego. Pour André Gide, “si l`humilité est un renoncement à l`orgueil, l`humiliation au contraire amène au renforcement de l`orgueil”. L`humiliation additionne les rancoeurs et frustrations. Comment établir l`équilibre utilitaire entre l`orgueil et l`humiliation et préserver l`humilité ? Au fond, si l`humilité est une façon de renoncer à l`orgueil étouffant comment peut-on se dèbarrasser de “cet orgueil inique et aveugle qui caractérise les grands hommes?”, d`après Jean Paul Sartre. Etant donné que l`humilité est la manifestation de l`intelligence, le prince qui se nourrit d`elle est forcément intelligent, perfectible et sage. C`est ainsi que, dans la prise des décisions, au lieu de recourir systématiquement à la dictature ou tyrannie de la majorité arithmétique, il lui substitue volontairement la règle du consensus ou rapprochement des extrêmes. C`est la manière élégante de prendre en compte l`avis de la minorité. C`est le triomphe de la culture démocratique, lorsque l`on met l`accent sur la positivité du couple “pouvoir-contestation”. C`est dire qu`en démocratie, toute solution politique est nécessairement fondée sur la négociation et la conciliation. Là réside sa force. On a ni vainqueur ni vaincu. Et, pour le professeur Marcel Prélot, lorsque l`action de l`opposition politique s`analyse en une expression du civisme, “on doit la considérer comme un service public”. Définie comme un véritable service public, l`opposition doit contribuer à valoriser la confrontation par la moralisation de ses critiques. Dès lors, l`idéal d`alternance ou rotation parfaite au pouvoir temporel cesse d`être une manœuvre insidieuse. Désormais, la minorité ne peut contraindre la majorité à la violence. Assujettir la majorité, c`est renoncer à la démocratie. Gouverner avec humilité démocratique, c`est en fait insérer la contagion démocratique au cœur de la gouvernance démocratique. Pr. Ouraga Obou Professeur de Droit constitutionnel et de Science politique. (Source: Robert DAHL, De la démocratie, Nouveaux horizons, Paris, 2001 ; Marcel PRELaT, Dalloz, Paris, 1973 ; Sylvie GIULJ, Le statut de l`opposition, La documentation française, n° 458545886, Paris, 1980) N.B. : Le titre est de la rédaction
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