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Politique Publié le samedi 17 juillet 2010 | Notre Voie

Lutte pour le pouvoir : Bédié et Ouattara, pour l’argent et les honneurs

© Notre Voie Par DR
Jeunesse du PDCI-RDA: le président KKB et ses hôtes Danois du parti conservateur, chez le Président Bédié, à Daoukro
Mercredi 14 avril 2010. Daoukro. Photo: Le Président Bédié recevant un présent de ses hôtes
Ils ont été à divers niveaux de responsabilité dans les hautes sphères de l’Etat. Président de la République, Premier ministre et ministres, ils ont occupé ces postes. Ils prennent de l’âge, mais ils ne s’en soucient guère. Pour eux, la retraite n’est pas pour demain. Ils sont toujours dans la course pour le pouvoir. Qu’est-ce qui fait courir Bédié, Ouattara, Wodié… ? Qui sont-ils ces opposants qui rebattent les oreilles des Ivoiriens ? On voit Bédié, Ouattara, Mabri, Wodié et Anaky passer leur temps à entretenir l’illusion, à promettre monts et merveilles au peuple ivoirien. Ils donnent le sentiment d’être les seuls capables de réaliser le bonheur des populations. Bédié a tout eu sur un plateau d’or. Il a fini au sommet de l’Etat, avant de dégringoler. Alassane Ouattara a été le seul Premier ministre d’Houphouët-Boigny au soir de sa vie. Ouattara a même été un chef d’Etat qui ne disait pas son nom. Aujourd’hui, ces deux personnes, Bédié et Ouattara, se retrouvent en face de Laurent Gbagbo. Ils veulent encore le pouvoir d’Etat malgré soit l’âge avancé pour l’un, soit le doute sur la nationalité pour l’autre. C’est leur droit le plus absolu.

Mais qu’ont-ils fait dans le passé et que peuvent-ils encore faire de merveilleux pour les Ivoiriens s’ils revenaient aux affaires de l’Etat? Qu’est-ce que les Ivoiriens peuvent attendre et obtenir de ces hommes politiques qui se privent du repos qu’ils méritent?

Dans cette course pour la reconquête du pouvoir, Alassane Dramane Ouattara se propose comme une solution pour la Côte d’Ivoire. Comme lui, l’ancien chef de l’Etat Henri Konan Bédié, le plus âgé des leaders politiques, Alhassane Salif N’Diaye, Alphonse Djédjé Mady, Noël Nemin, Maurice Kakou Guikahué, Edjampa Tiémélé et Ehui Bernard ne veulent pas quitter les planches pour laisser la place aux plus jeunes.

Ils ne veulent pas se retirer de la scène, alors qu’ils étaient avec Houphouët. Que n’ont-ils pas eu ? Ils étouffent les jeunes cadres militants qui sont impatients de jouer les premiers rôles dans leur parti. Le temps étant venu pour eux. Malheureusement, c’est mal connaître leurs aînés qui veulent mourir la cuillère dans la bouche. Il suffit de voir simplement le choix porté sur les actuels ministres des Affaires étrangères et de la Santé pour comprendre qu’au Pdci on n’est jamais assez vieux et les jeunes ont tort de croire que leur temps est enfin arrivé. Encore un peu de patience, semblent dire les vieux tigres toujours prompts à sortir leurs griffes pour s’accaparer tout. Ces vieux qui ont grillé les arachides sans que personne ne regarde dans leur bouche continuent de se battre pour reconquérir le pouvoir.

Détrompez-vous ! Cette bataille n’est pas du simple fait de la passion de la politique. Ce n’est pas aussi le devoir de servir la nation qui préoccupe Bédié, Ouattara et consorts.

Toutes ces personnes qui remuent ciel et terre sont attentivement à l’écoute de leur ventre. Ils apprennent difficilement à vivre la nouvelle vie dans l’opposition. Une vie qui enlève tous les privilèges. Ils se font passer pour des démocrates qui peuvent faire le bonheur des Ivoiriens. Ils se découvrent des qualités d’hommes intègres, de bons gestionnaires. En quête des honneurs et privilèges perdus Mais, curieusement, ils ne proposent rien du tout, ou quand ils essaient, en lieu et place de propositions, ils font une superposition ou une juxtaposition de centaines de milliards de FCFA. Et, vite, on découvre que ce qui est proposé par cette opposition ivoirienne n’est rien d’autre que ce qui existe déjà avec le budget que Laurent Gbagbo offre dans un contexte de crise. Ouattara, Bédié et leurs acolytes réchauffent le menu du président Laurent Gbagbo pour le servir aux Ivoiriens. A titre d’exemple, le budget annuel de la Côte d’Ivoire sous Gbagbo est de plus de 2000 milliards FCFA. Sur 5 ans, cela fait facilement plus de 10.000 milliards FCFA. Qu’est-ce qu’il y a d’extraordinaire quand Alassane Ouattara propose 10.000 milliards FCFA en 5 ans s’il arrivait au pouvoir ?

Avec les propositions de Ouattara, il n’ y a rien de nouveau dans l’opposition ivoirienne.

Ouattara n’apporte rien au débat politique. Mais, orgueil oblige, Bédié et Ouattara ne reconnaîtront jamais les mérites et la performance de Laurent Gbagbo qui fait des prouesses en temps de crise. Si, tout épuisé, Bédié parcourt encore le pays, il va à Tiapoum si Ouattara tourne dans les régions, il va à Gagnoa pour des meetings, c’est parce qu’ils sont dans une disposition d’esprit telle qu’ils ne veulent jamais admettre que c’est Laurent Gbagbo qui tienne le pouvoir d’Etat.

Il faut les comprendre, parce que non seulement ils pensent qu’ils sont nés pour le pouvoir, mais ils découvrent quelques difficultés de la vie en n’étant plus aux affaires d’Etat. Depuis qu’ils ont fait leur entrée dans l’opposition d’une manière ou d’une autre, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara ont du coup perdu la gaieté de la vie, parce que les honneurs et les privilèges liés à la fonction ont aussi changé de camp. Ils sont entrés dans une sorte d’anonymat. Ils passent inaperçus et les bousculades à leurs portes ont considérablement diminué. Leur actuelle bataille politique vise à les ramener sur le podium. Ils se battent avec tous les moyens et leur dernière énergie pour revenir au pouvoir afin de renouer avec la vie et s’entourer de privilèges. Ce n’est un secret pour personne, ces hommes politiques qui ont pensé qu’ils finiraient leur vie dans l’abondance, dans l’aisance, dans les délices du pouvoir ne tiennent plus du tout le rythme de leur nouvelle vie d’opposant. Ils ont mal de constater qu’ils sont en marge du pouvoir et n’aiment pas se saigner pour faire face à leurs propres obligations. Ils veulent vivre toujours sur le dos de l’Etat, dans la poche de la République. Ils ont tout le temps pensé que la galère, c’est pour les autres. Et que Laurent Gbagbo n’était bon que dans l’opposition et jamais il ne serait à la tête de l’Etat. Gbagbo devenu président de la République, les rancœurs, la haine, l’aigreur et la jalousie se sont ravivées. Quand ces opposants voient Laurent Gbagbo passer en escorte avec des cris de sirène et tous les honneurs liés à sa fonction de chef d’Etat, ces opposants piquent des crises de jalousie.

Toute l’attention dont il jouit à l’extérieur du pays les rend encore plus aigris. Ces opposants ivoiriens ont oublié que la vie tourne comme la roue et qu’un être humain ne peut pas changer le destin de son semblable.

Ceux qui sont aujourd’hui dans l’opposition n’ont jamais été effleurés par une quelconque idée de l’alternance du pouvoir. Malheureu-sement pour eux, le changement est survenu contre leur volonté en 1999 avec son cortège de maux.

Conséquence, Alphonse Djédjé Mady, n’étant plus entretenu par l’Etat comme au bon vieux temps, n’a plus les moyens conséquents pour achever sa résidence en construction dans son village natal à Guazéhio, dans la sous-préfecture de Saïoua. Les travaux sont de fait abandonnés. Dure, dure, la vie dans l’opposition La vie est ce qu’elle est. Son camarade de parti, le professeur Maurice Kakou Guikahué, a, lui aussi, perdu son éclat comme on a du mal à reconnaître l’ancien Premier ministre Daniel Kablan Duncan. Il n’ y a pas que ces personnes citées. De nombreux barons du Pdci ne savent plus à quel saint se vouer et il suffit de les voir pour s’en rendre compte. Nombreux n’hésitent même plus à se confier au président Gbagbo pour être soulagés. Des gens qui avaient tout le pouvoir politique et financier et qui croyaient être investis du pouvoir de décider du sort des autres sont aujourd’hui réduits à leur plus petite dimension. Pourquoi ne se battraient-ils pas jusqu’à leur dernier souffle pour revenir aux affaires ?

Il faut les comprendre. Ils ne se sont pas préparés à cette vie d’opposant. Une vie qui rime avec la perte de privilèges et de considération.

Qui peut dire combien de personnes se bousculent à la porte du professeur Alhassane Salif N’Diaye aujourd’hui ? Sa nouvelle vie était, semble-t-il tellement invivable qu’il a été poussé à faire un saut à l’Udpci dans l’espoir de vivre décemment. Encore a-t-il cru bon de se jeter dans les bras de Mabri Toikeusse, toujours dans l’espoir de bénéficier de son soutien parce que celui-ci occupait un poste ministériel. Quoi de plus normal, il faut tenir le coût de la vie. Sinon que recherche cette personnalité en quittant le Pdci d’Houphouet qu’il a longtemps servi et le Pdci de Bédié pour jouer le second rôle en s’alignant derrière Mabri ? Que peut-il apprendre avec Mabri au plan politique qu’il n’a pas encore appris au Pdci?

On comprendrait aisément que ce soit Mabri Toikeusse qui soit l’apprenti du professeur Salif N’Diaye. Mais, en inversant l’ordre des choses, le professeur a voulu rester à l’écoute de son ventre. Houphouët n’avait-il pas déclaré qu’un homme qui a faim n’est pas un homme libre ? Convaincu qu’il n’a pas d’assise politique dans ce pays, Alhassane Salif N’Diaye s’offre politiquement à celui qui peut lui permettre de survivre. Il marchande son honneur et sa galère. Il n’est pas discutable de soutenir que depuis que le pouvoir a changé de camp, cet érudit a pris un sérieux coup. Il n’a pas visiblement la grande forme. Quand on est dans une pareille situation, on se montre plus activiste et agitateur pour plaire et mériter l’aide qu’on reçoit. D’où sa virulence et son agressivité contre Laurent Gbagbo dans le seul but de plaire à Mabri.

Quant à Bédié et Ouattara, ils sont, eux aussi, absorbés et assaillis de soucis depuis qu’ils ont perdu les privilèges liés à leurs fonctions.

Ouattara, qui était présenté comme possédant des avions, des bateaux et ayant des relations privilégiées avec les grands hommes de la planète, ne ressemble bien à un tel personnage.

Henri Konan Bédié est, lui aussi, essoufflé. Visiblement, il manque de vitalité. Certes, il y a l’âge qui compte, mais quand on s’est donné un train de vie d’un luxe insolent et que, subitement, les données changent, on est embêté. Quand on doit faire face aux sollicitations des militants et que les moyens sont limités, on prend un coup au plan moral et au plan physique. Il faut donc comprendre Ouattara et Bédié, Anaky et Mabri qui se battent avec leur dernière énergie pour qu’à la formation d’un nouveau gouvernement, leurs militants y soient présents. Ce n’est pas par amour de la Côte d’Ivoire et non plus pour les beaux yeux des Ivoiriens. Ils mènent ce farouche combat dans le seul souci d’être financièrement soutenus. Chaque cadre du parti entre au gouvernement comme un agent commercial qui doit verser au président du parti des commissions sur son salaire et ses indemnités liés à sa fonction.

C’est dur d’être opposant pour Ouattara, Bédié, Anaky et Mabri. Ceux qu’ils désignent pour être ministres leur sont redevables. Anaky Kobenan Innocent aurait même remis un document à son ancien ministre Hamza Bamba pour lui indiquer ce qu’elle doit lui verser chaque mois. A cette allure, leurs différents ministres sont obligés de piller systématiquement les caisses des services qui dépendent de leur département. Si on essaie de faire un audit au ministère des Ntic, de l’Agriculture, des Infrastructures économiques, de l’Enseignement supérieur, Sports et des Eaux et Forêts, et de la Construction, on verra que Hamed Bakayoko, Amadou Gon, Patrick Achi, Bacongo, Banzio, Aka Ahizi et Amon Tano ont fait main basse sur ce que ces départements ministériels possèdent comme richesse.

C’est donc une vaste escroquerie de faire croire aux Ivoiriens que Bédié, Ouattara, Anaky, Mabri et Wodié sont capables d’apporter le changement qualitatif dont les Ivoiriens ont besoin. Les scandales qui assaillent l’ancien ministre du Rdr Amon Tano, abondamment impliqué dans de sales affaires de vente terrains, sont des preuves qui nous confortent dans notre idée. Ils se battent tous pour le pouvoir. Mais ils ne veulent pas le pouvoir pour les Ivoiriens. Ils le veulent pour eux-mêmes, pour se servir. Abondamment.

Benjamin Koré
benjaminkore@yahoo.fr
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