Rapports conflictuels avec Gbagbo, Bédié et Soro - Konan Banny, ami de personne, adversaire de tous

Avec qui l’ancien gouverneur de la Bceao va-t-il faire chemin ? Son attitude inspire la question. Arrivé sur la pointe des pieds à la Primature, il est vite entré en conflit avec le président Laurent Gbagbo. Pousser dans le dos par la France, Charles Konan Banny s’est inscrit, la tête baissée, dans une logique de défiance du président de la République. Il était devenu plus actif dans le fameux GTI qui mettait tout en œuvre pour dissoudre les institutions de la République. Konan Banny se considérait comme un autre chef d’Etat à côté de Gbagbo. Quand le président de la République a pris un décret pour réinstaller à leurs postes le Dg du Port autonome, Marcel Gossio, le gouverneur du District d’Abidjan, Djédji Amondji, et le Dg des douanes, Gnamien Konan, qui avaient été suspendus de leurs fonctions dans l’affaire des déchets toxiques, Charles Konan Banny s’est précipité pour tenter de remettre en cause les décrets du chef de l’Etat. Face à Gbagbo, il avait fini par convaincre l’opinion qu’il y avait une sorte de bicéphalisme au sommet de l’Etat. Pour certains qui rêvaient de voir Laurent Gbagbo perdre le pouvoir, Banny était l’homme de la situation. Sans cagoule ni gant, il a défié le chef de l’Etat. Gbagbo a finalement mis le hola. Dans sa chute, Charles Konan Banny a trouvé refuge à Yamoussoukro. Chassé de la Primature, il a essayé de continuer sa lutte au Pdci aux côtés de Aimé Henri Konan Bédié, président de ce parti. Banny a déclaré partout que le candidat du Pdci est Bédié. Il a par conséquent décidé de s’aligner derrière lui. Quoi de plus normal puisqu’ils sont du même parti. On l’a aperçu aux côtés de Bédié dans les tournées politiques de celui-ci. Malheureusement, ces deux personnalités ne feront pas longtemps chemin. Parce que l’ancien gouverneur a pensé que son heure était arrivée pour être en première ligne au Pdci. Dans ce parti, il ne veut plus jouer le second rôle. Ambitieux, il fait parler de lui. Des voix s’élèvent pour le réclamer afin de porter les couleurs du Pdci au détriment de Bédié. Et petit à petit, entre Bédié et lui, la guerre de leadership éclate. Mercredi dernier, les partisans des deux camps sont au bord de l’affrontement à Cocody. Banny connaît une fin de soirée mouvementée. Il échappe à un lynchage avant de prendre la route de Yamoussoukro, son quartier général. Certains militants du Pdci viennent de se rendre compte qu’ils se sont lourdement trompés sur le compte de Banny qu’ils ont pourtant soutenu quand il défiait le président Gbagbo. Mais ses démêlées avec Henri Konan Bédié achèvent de convaincre que Banny ne peut visiblement s’accorder avec personne. Alors question ! Si Charles Konan Banny ne peut pas cohabiter avec Laurent Gbagbo, s’il n’est pas prêt à entretenir des rapports cordiaux avec Guillaume Soro, s’il est devenu “dangereux” pour Bédié, alors avec qui peut-il s’entendre ? Peut-être avec Alassane Ouattara, sait-on jamais. Il est en train de se révéler comme un homme politique qui n’est l’ami de personne, mais qui est l’adversaire de tous. On le voit bien, il veut concomitamment renverser partenaires et adversaires politiques. Son attitude amène à s’interroger sur le type de rapports qu’il avait avec ses hommes à la Bceao. A cette allure, on ne serait pas surpris de le voir créer son propre parti pour mieux se sentir. Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr