Au pays sans élection, seul le business a droit de cité. Les opérateurs français sont souvent debout pour préserver leurs parts de marché sur la Lagune (plus de 15%, contre 2% en moyenne dans le reste du monde). Même les Chinois n`ont pas encore réussi à accoster à Abidjan. La France dispose en Côte d`Ivoire, d`un champ tricolore de 140 filiales de grands groupes (Bolloré, Bouygues, CFAO, Boccard, Veritas, Sanofi-Aventis…) et 500 PME-PMI de droit local. Troisième débouché au sud du Sahara, le pays reste également le premier marché de la zone franc, devant le Sénégal. L`an dernier, Paris a dégagé un excédent commercial de 150 millions € grâce aux exportations de biens d`équipement. Une position qui explique un soutien massif au régime de Laurent Gbagbo, pour ne pas gripper la machine à sous. Ainsi, en février 2008, le Trésor français a accordé un prêt relais de 225 millions $ pour le remboursement des arriérés dus à la Banque mondiale. De quoi faciliter la défense du dossier ivoirien auprès de Washington. En mars 2009, deuxième décaissement majeur de Bercy : 200 millions $ pour apurer les créances de la Banque africaine de développement (BAD). Quelques mois plus tard, le Club de Paris (créanciers publics, dont la France) concédait un premier allègement de dette en libérant 455 millions $. Pour le business hexagonal, qui représente un tiers du PIB ivoirien, le meilleur est à venir, au risque de faire sauter le tabou sur l`aide liée. Sur les 6 100 milliards F CFA de la dette ivoirienne, la créance de la France atteint 2 700 milliards (5,1 milliards €) ! Un pactole qui passera en 2011 à l`ardoise magique du PPTE (pays pauvres très endettés). Une partie de l`annulation de la dette bilatérale française sera reconvertie en C2D (contrat désendettement-développement) pour des projets d`infrastructures et la relance du business français. De quoi mieux comprendre l`euphorie du ministre ivoirien de l`économie et des finances, Charles Diby Koffi , le 1er juillet à Paris, devant les hommes d`affaires français mobilisés par Ubifrance. Avec la Banque Lazard comme conseiller financier et BNP Paribas, comme chef de file du Club de Londres, Diby était en lévitation au sommet de la Tour Eiffel !
Source : La Lettre du Continent N°592 du 15 juillet 2010
Source : La Lettre du Continent N°592 du 15 juillet 2010