La décision était attendue. Elle est tombée, en début de soirée d'hier, au tribunal de première instance du Plateau. Les journalistes Stéphane Guédé (directeur de publication du Nouveau Courrier), Saint Claver Oula (rédacteur en chef) et Théophile Kouamouo (directeur de la rédaction et gérant) ont été relaxés après jugement. On leur a rendu « leur dignité ». Le délit qui les a conduits à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca), a été requalifié et sanctionné en fonction de la loi sur la presse en son article 73. Ils ont pris 15 jours de suspension du journal, le payement d'une amende de cinq millions de Fcfa, la confiscation de l'ordinateur portable de Théophile Kouamouo, et le versement de 1 Fcfa symbolique à M. Kassi Henri Amouzou. Outre les rédacteurs, Patrice Pohé, conseiller en communication du procureur de la République a été blanchi d'accusation de vol de documents administratifs. Les journalistes et proches des détenus, sous l'émotion, ont fait fi des injonctions du président du tribunal, Koné Brama. Ce dernier avait demandé de ne ni applaudir, ni crier. Ils ont sauté de joie à l'annonce du verdict final. Une allégresse qu'ils ont manifestée jusque hors du Palais de justice. Cinq longues heures d'attente, de 14 h à 18 h. Alors qu'on s'attendait au plus à dix minutes d'échange. Juste le temps de donner lecture du verdict, car l'affaire était passée en jugement. Rendez-vous avait été pris pour le délibéré. ''Un élément nouveau'' ajouté au dossier, a engendré un autre procès. Celui de Patrice Pohé. En effet, celui-ci avait été arrêté, mercredi dernier, après son audition à la police criminelle sur l'affaire. On lui reprochait d'être la source qui aurait remis le réquisitoire complet et corrigé de l'enquête sur la filière café-cacao aux journalistes du Nouveau Courrier. Ceux-ci ont refusé de dénoncer cette source conformément à l'éthique et à la déontologie de leur profession. A la sortie de l'audience, les avocats de la défense ont estimé que le droit a été dit. « Justice a été rendue. La décision ne souffre d'aucune discussion du point de vue juridique. Nous sommes parfaitement heureux », a apprécié Tié Bi Hivat, avocat constitué pour la défense des journalistes. Dans la matinée, les organisations professionnelles de la presse avaient rencontré le procureur de la République pour la requalification des faits. Celui-ci en avait « pris acte ». Une action qui, sans doute, a eu un impact sur le verdict. « Il faut qu'on donne un verdict vaille que vaille aujourd'hui », ne cessait de répéter le président du tribunal pour écourter les interventions des avocats.
Sanou Amadou (Stagiaire)
Sanou Amadou (Stagiaire)