Sié Poda Souleymane, président de la Jeunesse pour la renaissance du Grand Nord (Jrgn) est amer. En tournée à l'intérieur du pays, celui qui soutenait bec et ongles le président Gbagbo et le Front populaire ivoirien (Fpi) a animé, samedi dernier, un point de presse à Yamoussoukro pour donner les raisons de sa colère. Parce que, soutient-il, à la faveur du contentieux sur la liste électorale (…) de nombreux ressortissants du Nord ont été exclus. «Nous avons soutenu le processus de paix à travers l'Accord politique de Ouagadougou. Mais, au vu de ce qui est en train de se faire, je ne crois pas que l'on puisse sortir de la crise aisément», a déclaré le président de la Jrgn. «Nous ne pouvons plus continuer notre marche avec eux à cause de ce qui se fait…», s'est-il démarqué. C'est que, accuse-t-il, « dans une volonté non dissimulée de tailler une liste électorale sur mesure pour aller aux élections, on arrache à nos parents leur droit le plus élémentaire : la nationalité ivoirienne. Nous ne pouvons pas accepter cela». Aussi juge-t-il ne plus « pouvoir continuer notre marche avec la Majorité présidentielle qui a mis en route une exclusion ''savamment préparée'' avec des termes rappelant le Rwanda et l'Allemagne nazie. Notamment la « désinfection de la liste» qui ne s'adresse, à ses yeux, qu'aux Ivoiriens du Nord. «Etre ressortissant du nord du pays ne doit pas être synonyme de fraudeur », assène Sié Poda Souleymane dont le groupe, la Jrng, était l'une des têtes de pont de la Lmp pour la conquête des voix nordistes à la prochaine élection présidentielle. Pour lui, ces pratiques discriminatoires « tendent à jeter l'anathème sur une partie de la communauté ivoirienne, en l'occurrence, les populations du Nord». En témoigne la volée de bois vert qui a accueilli «Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale, 2ème personnalité de l'Etat » qui, pour avoir dénoncé les maux qui minent le pays, «est, aujourd'hui, traité d'étranger. Les tenants de l'exclusion lui ont même trouvé un village au Mali…». La Jeunesse pour la renaissance du Grand Nord est un mouvement de la société civile qui soutenait les institutions de la République et le président Gbagbo. Mais, insiste son président Sié Souleymane, «aujourd'hui, on n'est plus d'accord avec ce qui se passe, on ne le soutient plus!» Toutefois, Sié Poda Souleymane ne dit pas où va dorénavant son soutien : «l'avenir nous situera», dit-il, laconique et presque agacé.
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
Ousmane Diallo à Yamoussoukro
