Pourquoi Guillaume Soro a-t-il cédé son poste de secrétaire général des Forces nouvelles (ex-rébellion armée) ? Pourquoi son intérimaire n’est-il pas le n° 2 dans la hiérarchie des Fn ? Voici les raisons profondes qui ont poussé Soro à céder son fauteuil. Guillaume Soro n’est plus le secrétaire général des Forces nouvelles (Fn, ex-rébellion armée). Depuis le 22 juillet 2010, il a cédé son poste à un intérimaire. Il s`agit de Koné Mamadou, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l`homme. Ce dernier assurera cet intérim jusqu`à la fin de l`élection présidentielle. Selon le communiqué d`Alain Lobognon, le conseiller en communication de M. Soro, le Premier ministre a pris cette importante décision pour se consacrer pleinement, en sa qualité de chargé de la sortie de crise, aux tâches relatives à la tenue effective de l`élection présidentielle. Ça, c’est l’information officielle. Mais ce que tout le monde ne sait pas, c’est que l’idée de quitter pour un temps la direction des Forces nouvelles a germé dans la tête de Guillaume Soro depuis 2008. Précisément lorsque les éléments des forces armées des Forces nouvelles (Fafn) à Bouaké, Vavoua, Korhogo, etc., qui se disant délaissés par leur hiérarchie, avaient débrayé pour réclamer l’argent qui leur avait été promis avant le début de l’attaque des institutions de la République, en septembre 2002. Il leur avait été promis, a-t-on appris, que chacun d`eux empocherait la somme de 5 millions de Fcfa si Alassane Ouattara, le président du Rassemblement des républicains (Rdr), prenait le pouvoir. Or, les rebelles ne réussiront pas à faire tomber le régime du président Laurent Gbagbo. Et faisaient donc contre mauvaise fortune bon cœur, les éléments des Fafn vont alors prendre leur mal en patience en attendant des jours meilleurs. Mais, au fur et à mesure que le temps passe, ils s’enlisent dans la galère tandis que, disent-ils, leurs chefs s`enrichissent. Avec la signature, le 4 mars 2007, de l’accord politique de Ouagadougou, synonyme de retour à la paix en Côte d’Ivoire, ces ex-combattants voient réduire à néant tout leur espoir de survie. Surtout que leurs chefs jouissent désormais et de façon ostentatoire des privilèges liés à leur nouvelle vie de “serviteurs” de la République. Les éléments se disent alors délaissés et lancent une révolte contre leur hiérarchie. La grève est menée depuis Bouaké par un certain caporal Diaby. C’est à partir de cet instant que l’information selon laquelle Soro voudrait s’écarter du secrétariat général des Forces nouvelles pour se consacrer, d`une part, à la préparation de l`élection présidentielle et la sortie de crise, d`autre part, à la mutation des Fn en parti politique légalement constitué, a commencé à courir. Parce qu’en réalité, le Premier ministre songe à faire carrière dans la politique. Il avait pour cela l’intention de s’adosser au Rdr, sinon le récupérer après Alassane Dramane Ouattara. Mais cela s’avèrerait difficile puisqu’il aurait en face de lui deux prétendants sérieux : Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko. Mais, en même temps que Guillaume Soro pense à créer son parti politique, il veut se rendre disponible pour le processus de sortie de crise qui va être sanctionné par l’élection présidentielle. Parce qu’entre-temps, il avait aussi la pression du camp présidentiel qui lui demandait, presque dans la même période, de choisir entre le secrétariat général des Forces nouvelles et la Primature. Notamment après la signature de l’Accord politique de Ouagadou. Selon certaines sources proches de l’ex-rébellion, si Guillaume Soro avait tout de suite accepté de céder son poste de secrétaire général des Forces nouvelles, on aurait dit qu’il avait abdiqué sous la pression du camp présidentiel. Il a alors préféré ne pas agir dans l’immédiat. Il le fait maintenant parce qu’il y a un nouveau facteur qui a conforté sa décision. On entre dans une phase importante du processus de sortie de crise avec la démobilisation, le désarmement et l’encasernement des ex-rebelles qui a démarré à Korhogo le 15 juin dernier. Du coup, le Premier ministre craint qu’à la faveur de ce processus, les éléments des Forces nouvelles reviennent à la charge, après leur grève de 2008, avec leurs revendications. Guillaume Soro ne veut plus être au devant de la scène comme en 2008. Il préfère quelqu’un comme Mamadou Koné, le garde des sceaux, ministre de la Justice, que l`on qualifie d`homme consensuel au sein des Forces nouvelles. Il n`a de problèmes ni avec l’aile politique ni avec l’aile militaire. C’est peut-être là aussi la réponse à tous ceux qui se demandent pourquoi Soro a préféré Koné à Dacoury-Tabley. Ce dernier, numéro 2 officiel des Forces nouvelles semble ne plus être en odeur de sainteté avecses camarades. Guillaume Soro estime que Koné Mamadou est l’intérimaire idéal qui pourra négocier avec les éléments des Fafn en cas de colère de ceux-ci. Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr
Politique Publié le vendredi 30 juillet 2010 | Notre Voie
Secrétariat général des Forces nouvelles - Les vraies raisons du départ de Soro
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