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Politique Publié le lundi 2 août 2010 | Notre Voie

Laurent Gbagbo à l’ouverture du colloque international pluridisciplinaire : “Je ne veux pas que ce colloque soit une séance de pleurs”

© Notre Voie Par Nathan Koné
Yamoussoukro / Cinquantenaire : le président Laurent Gbagbo ouvre le colloque international pluridisciplinaire "L`indépendance et ses perspectives en Afrique subsaharienne"
Dimanche 1er août 2010. Yamoussoukro, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.
A peine arrivé du Bénin où il a assisté aux festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance de ce pays, le président Laurent Gbagbo s’est rendu à la Fondation Félix Houphouet-Boigny pour la recherche de la paix de Yamoussoukro. Là, il a ouvert le colloque international pluridisciplinaire sur les cinquante ans de la Côte d’Ivoire qui va durer cinq jours.

Le chef de l’Etat ivoirien a invité, hier, à Yamoussoukro, ses compatriotes à avoir foi en l’avenir de leur pays. Saisissant l’ouverture du colloque international pluridisciplinaire sur l’indépendance de la Côte d’Ivoire et qui démarre ses travaux aujourd’hui même à la Fondation Félix Houphouet-Boigny pour la recherche de la paix, le président Laurent Gbagbo a émis le vœu que les Ivoiriens ne pleurent pas sur ce qui s’est passé et sur le passé. “Je ne veux pas que ce colloque soit une séance de pleurs”, a-t-il déclaré en invitant tous les amis de la Côte d’Ivoire, dans la réflexion collective, à faire profiter leurs expériences aux Ivoiriens pour que leur pays sorte de la crise. Le président Laurent Gbagbo a, en effet, expliqué que lorsqu’il a été décidé d’organiser une réflexion sur les 50 ans d’indépendance, cela n’a pas fait l’unanimité dans son pays. “Nous avons entendu tout et son contraire. Vous savez, dans le monde entier, on fête tous les 50 ans. Moi-même, j’ai assisté, au temps de François Mitterrand, au bicentenaire de la révolution française. Cela faisait quatre fois que la France fêtait le cinquantenaire. Cela fait 200 ans. Je suis allé au Sénégal, je suis allé au Cameroun, je n’ai pas eu le temps d’aller à Kinshasa. Je viens du Bénin aujourd’hui (Ndlr : hier). Un jubilé, ça se fête ! Mais le problème est de savoir comment on le fête”, a-t-il précisé. Avant d’indiquer que, pour son pays, il a souhaité que ce jubilé se fête dans la réflexion. Une réflexion pour les Ivoiriens, une réflexion pour les Africains. Et il explique. “Regardez ! Je prends l’Afrique de l’ouest en commençant par l’Est. Le Nigeria a connu 8 coups d’Etat. Le Bénin a connu, je ne sais combien de coups d’Etat. Au Togo, la vie a été rythmée par des coups d’Etat dès la 3ème année de l’indépendance des Etats africains. Au Ghana, il y a eu 8 militaires au moins qui ont gouverné avant d’arriver à Rawlings. En Côte d’Ivoire, ici, on croyait que jamais on n’allait avoir de coup d’Etat. Cela est arrivé. Il y a eu un coup d’Etat. Il y a eu une guerre civile et on est train d’en souffrir. Au Liberia, on a connu 17 ans de guerre civile. En Sierra Leone, on est en train de juger encore ceux qui ont commis des atrocités. En Guinée, c’est la première fois qu’il y a des élections depuis 1958. Au Burkina Faso, il y a eu des coups d’Etat. Au Niger, nous sommes encore dans les coups d’Etat malheureusement. Au Mali, nous avons connu deux coups d’Etat. Au Sénégal, la bataille de la Casamance est toujours là. Elle est tellement là qu’on l’oublie même parce qu’ils ont réussi à vivre avec la guerre de la Casamance”. Et pour bien montrer que l’histoire des Etats est souvent marquée par des situations difficiles, Laurent Gbagbo a rappelé qu’entre la Révolution française et l’instauration de la République, ce furent des guerres atroces, la terreur, des tueries massives. “Il fut même un moment où, chaque matin, on ramassait des corps dans la rue pour aller les jeter dans des fausses communes”, a rappelé le chef de l’Etat ivoirien. Qui, pour l’occasion, s’est paré de son manteau d’historien. Pour le chef de l’Etat ivoirien quand, dans un continent ,tous les pays ont des problèmes du même type, il faut s’arrêter un jour et engager la réflexion. Il faut s’interroger pourquoi cela arrive à ces pays. Et le président Gbagbo de faire remarquer: “Si on ne mène pas cette réflexion, c’est qu’il n’y a pas de différence entre les autres animaux et nous. L’Homme est un animal, mais la différence entre l’animal ordinaire et l’Homme, c’est qu’en plus de tous les sens qu’ont les animaux, l’homme a la faculté de réfléchir, la capacité d’analyse et la capacité de décider autre chose que l’instinct lui dicte. Je demande seulement qu’en Côte d’Ivoire, nous démontrions que nous sommes des hommes, c’est-à-dire que nous réfléchissions”. Laurent Gbagbo a estimé que c’est une bonne chose si la Côte d’Ivoire fête ses cinquante ans après avoir connu le coup d’Etat et la guerre. Cela lui permet, a-t-il dit, d’en tirer les leçons pour mieux affronter l’avenir. Car, selon lui, il aurait était plus dramatique si le coup d’Etat et la guerre devaient survenir après le cinquantenaire. C’est pourquoi il a demandé aux participants de transformer ce colloque à un moment de “re-création, c’est-à-dire de renaissance et non de récréation”. Il a dit être conscient que le peuple de Côte d’Ivoire est impatient de revivre et cela se traduit par le fait que tout le monde se bat pour s’en sortir. Il s’est aussi dit conscient de ce que les investisseurs n’attendent que les élections pour relancer la machine économique. Quant au professeur Pierre Kipré, président de la Commission nationale d’organisation du cinquantenaire, le président Laurent Gbagbo a eu mille fois raison d’inviter les intellectuels ivoiriens et africains à la réflexion collective “si nous voulons donner de bonnes chances à l’action raisonnée, responsable et engagée pour un avenir meilleur sur notre continent, dans chacune des composantes régionales de l’Afrique, dans chacun de nos Etats, dans chaque famille et pour chacun d’entre nous”. Le professeur Aké M’Gbo, président du comité scientifique, a donné les grandes orientations du colloque international et pluridisciplinaire qui a pour thème “L’indépendance et ses perspectives en Afrique subsaharienne”.

Robert Krassault
Envoyé spécial
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