Le président Sarkozy va créer des apatrides si sa décision de déchoir de la nationalité certains criminels d’origine étrangère.
La méthode Sarkozy de lutte contre l’insécurité fait grand bruit dans l’Hexagone. Dans sa « guerre » contre l’insécurité, le locataire de l’Elysée a menacé de déchoir de la nationalité certains criminels d’origine étrangère. « La nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique», a déclaré le successeur de Jacques Chirac vendredi à Grenoble. Cette ville fut le théâtre à la mi-juillet de graves violences, des délinquants ayant tiré sur la police après la mort d'un braqueur. Poursuivant sur sa lancée, le président français s’en prend à la politique d’immigration menée par ses prédécesseurs. Il a évoqué une « immigration insuffisamment régulée depuis cinquante ans » et de l'«échec» de l'intégration. L’ancien maire de Neuilly a exprimé le vœu que l'on « évalue les droits et prestations auxquelles ont aujourd'hui accès les étrangers en situation irrégulière». Le président a souhaité aussi « que l'acquisition de la nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique». Comme si cela ne suffisait pas, le ministre de l’Intérieur a décidé d’étendre la mesure d’ostracisme à d’autres catégories de personnes. Dans un entretien au journal « Le Parisien Aujourd'hui en France », Brice Hortefeux annonce qu'il veut étendre les possibilités de déchéance de nationalité aux cas d'excision, de traite d'êtres humains ou d'«actes de délinquance grave ». Ce tour de vis élyséen met au goût du jour la relation entre l’immigration et la sécurité. Aux yeux de nombreux analystes, cette décision crée deux types de Français, ce qui est contraire à la Loi fondamentale. «L'article premier de la Constitution dit que (...) la France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine», qu'ils soient français de souche ou d'origine étrangère, a martelé lundi Robert Badinter, l'ancien Garde des Sceaux socialiste. En voulant sanctionner d'une certaine manière ceux d'origine étrangère, le chef de l'Etat «veut faire des discriminations contre les Français au regard de mêmes crimes, de mêmes infractions, selon l'origine de la personne, selon les modalités d'acquisition de la nationalité française», a insisté le socialiste. Le Parti socialiste a aussi ajouté sa voix au concert de réprobation. La patronne du PS, Martine Aubry, fustige l’outrance verbale de Nicolas Sarkozy et parle d’une « dérive antirépublicaine qui abîme la France ». « Notre République est en train de pourrir par le sommet », disait de son côté Ségolène Royal, la candidate malheureuse à la présidentielle de 2007. Pour d’autres, l’Elysée cherche à distraire l’opinion en cherchant à noyer l’affaire Woerth-Bettencourt devenue une patate chaude entre les mains du parti au pouvoir. Toujours pour l’opposition, cette sortie est une « gesticulation » d’un président qui cherche à masquer « son échec patent » dans la lutte contre l’insécurité. Ces mesures de déchéance sont vues d’un bon œil par certains Français comme une mesure capable de mettre au pas les fils d’immigrés considérés comme des « ingrats » envers leur patrie d’adoption qui leur a tout donné. « Ils posent des actes en France qu’ils n’oseraient jamais chez eux. Au lieu d’aller à l’école, ils s’attaquent aux biens des Français, se livrent au trafic de drogue », argumente un observateur. C’est sous Sarkozy que l’on a noté cette obsession autour de la nationalité française. Un ministère de l’Immigration a été créé, la loi sur l’interdiction du voile intégral adoptée, des barrières contre les immigrants dressées. Un projet de loi «relatif à l'immigration, à l'intégration et à la nationalité» a été présenté par Eric Besson au Conseil des ministres le 31 mars dernier. Ces mesures ont poussé certains analystes à dire que l’Ump veut jouer sur le terrain du Front national de Le Pen. Pourquoi c’est un Sarkozy, fils d’immigré, qui est à l’origine de toutes ces mesures restrictives, s’interroge-t-on dans certains milieux. Serait-il mal intégré dans la société française ? Que vont devenir ces Français de « seconde » qui auront perdu leur nationalité ?
Nomel Essis
Légende : La décision du président Nicolas Sarkozy d’arracher la nationalité française aux criminels d’origine étrangère va créer deux catégories de citoyens.
La méthode Sarkozy de lutte contre l’insécurité fait grand bruit dans l’Hexagone. Dans sa « guerre » contre l’insécurité, le locataire de l’Elysée a menacé de déchoir de la nationalité certains criminels d’origine étrangère. « La nationalité doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un fonctionnaire de police, d'un militaire de la gendarmerie ou de toute autre personne dépositaire de l'autorité publique», a déclaré le successeur de Jacques Chirac vendredi à Grenoble. Cette ville fut le théâtre à la mi-juillet de graves violences, des délinquants ayant tiré sur la police après la mort d'un braqueur. Poursuivant sur sa lancée, le président français s’en prend à la politique d’immigration menée par ses prédécesseurs. Il a évoqué une « immigration insuffisamment régulée depuis cinquante ans » et de l'«échec» de l'intégration. L’ancien maire de Neuilly a exprimé le vœu que l'on « évalue les droits et prestations auxquelles ont aujourd'hui accès les étrangers en situation irrégulière». Le président a souhaité aussi « que l'acquisition de la nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique». Comme si cela ne suffisait pas, le ministre de l’Intérieur a décidé d’étendre la mesure d’ostracisme à d’autres catégories de personnes. Dans un entretien au journal « Le Parisien Aujourd'hui en France », Brice Hortefeux annonce qu'il veut étendre les possibilités de déchéance de nationalité aux cas d'excision, de traite d'êtres humains ou d'«actes de délinquance grave ». Ce tour de vis élyséen met au goût du jour la relation entre l’immigration et la sécurité. Aux yeux de nombreux analystes, cette décision crée deux types de Français, ce qui est contraire à la Loi fondamentale. «L'article premier de la Constitution dit que (...) la France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine», qu'ils soient français de souche ou d'origine étrangère, a martelé lundi Robert Badinter, l'ancien Garde des Sceaux socialiste. En voulant sanctionner d'une certaine manière ceux d'origine étrangère, le chef de l'Etat «veut faire des discriminations contre les Français au regard de mêmes crimes, de mêmes infractions, selon l'origine de la personne, selon les modalités d'acquisition de la nationalité française», a insisté le socialiste. Le Parti socialiste a aussi ajouté sa voix au concert de réprobation. La patronne du PS, Martine Aubry, fustige l’outrance verbale de Nicolas Sarkozy et parle d’une « dérive antirépublicaine qui abîme la France ». « Notre République est en train de pourrir par le sommet », disait de son côté Ségolène Royal, la candidate malheureuse à la présidentielle de 2007. Pour d’autres, l’Elysée cherche à distraire l’opinion en cherchant à noyer l’affaire Woerth-Bettencourt devenue une patate chaude entre les mains du parti au pouvoir. Toujours pour l’opposition, cette sortie est une « gesticulation » d’un président qui cherche à masquer « son échec patent » dans la lutte contre l’insécurité. Ces mesures de déchéance sont vues d’un bon œil par certains Français comme une mesure capable de mettre au pas les fils d’immigrés considérés comme des « ingrats » envers leur patrie d’adoption qui leur a tout donné. « Ils posent des actes en France qu’ils n’oseraient jamais chez eux. Au lieu d’aller à l’école, ils s’attaquent aux biens des Français, se livrent au trafic de drogue », argumente un observateur. C’est sous Sarkozy que l’on a noté cette obsession autour de la nationalité française. Un ministère de l’Immigration a été créé, la loi sur l’interdiction du voile intégral adoptée, des barrières contre les immigrants dressées. Un projet de loi «relatif à l'immigration, à l'intégration et à la nationalité» a été présenté par Eric Besson au Conseil des ministres le 31 mars dernier. Ces mesures ont poussé certains analystes à dire que l’Ump veut jouer sur le terrain du Front national de Le Pen. Pourquoi c’est un Sarkozy, fils d’immigré, qui est à l’origine de toutes ces mesures restrictives, s’interroge-t-on dans certains milieux. Serait-il mal intégré dans la société française ? Que vont devenir ces Français de « seconde » qui auront perdu leur nationalité ?
Nomel Essis
Légende : La décision du président Nicolas Sarkozy d’arracher la nationalité française aux criminels d’origine étrangère va créer deux catégories de citoyens.