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Politique Publié le mercredi 4 août 2010 | Le Patriote

Les années noires de Laurent Gbagbo

Meurtres, assassinats, exécutions sommaires, viols etc., ce régime rappelle de terribles souvenirs d’années noires. Arrivé au pouvoir dans « des conditions calamiteuses » (l’expression est de Gbagbo) en octobre 2000, comme une damnation, le régime de Laurent Gbagbo multiplie les impairs et écrit des pages sombres de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Dans le sang et dans la douleur, des familles endeuillées, l’ex-opposant historique lance à la face du monde : « Mille morts à droite, mille morts à gauche, j’avance » après la sanglante répression des manifestations des militants de l’opposition, les 25, 26 et 27 octobre. Les militants du Fpi au côté d’une partie de l’Armée, organisent des crimes ciblés. Le comble sera atteint avec la découverte du charnier de Yopougon à la lisière de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Malgré le tollé mondial et les condamnations tout azimut, les pontes du régime tournent en dérision ce crime planifié et organisé. Le pouvoir ayant intériorisé la violence, décide alors d’y prospérer.
Pour la première fois, un journaliste, Jean Hélène (correspondant RFI à Abidjan) est tué le 21octobre 2003 par le sergent de police, Dago Sery (un jeune patriote en tenue) aux portes de la Direction générale de la police nationale. De la mauvaise publicité pour un pays naguère havre de paix.
Le jeudi 24 mars 2004, une marche pacifique projetée par les forces signataires des Accords de Linas-Marcoussis est sauvagement réprimée par l’Armée. Les colonels-majors Dogbo Blé Bruno et Ahouna Brouha Nathanaël, respectivement Commandant de la Garde Républicaine (GR) et du Groupe de sécurité présidentielle (GSPR) entrent dans la danse. Dans le quartier des affaires, le Plateau, l’alentour du Palais présidentiel jusqu’à la place de la République est déclaré « zone rouge ». Les opposants qualifiés de « rebelles » seront traités tels des ennemis de la République. Dans ce jeu de cirque, vient le tour du chef d’Etat-major, le général Mathias Doué (aujourd’hui contraint en exil) qui prend acte de la réquisition de l’Armée par Laurent Gbagbo pour maintenir l’ordre (Cf. décret N°2004 du 22 mars 2004). Joignant l’acte à la parole, les avions et hélicoptères de combat, les lance-roquettes, les véhicules 4X4 surmontés de mitrailleuses lourdes, les grenades et des fusils d’assaut font le siège d’Abidjan et écrasent les militants de l’opposition. A Anyama, Yopougon, Adjamé, Koumassi, Treichville…et même dans certaines villes de l’intérieur, la terreur s’installe. Certains sont systématiquement exécutés, des femmes sont bastonnées puis violées. D’autres citoyens sont tirés de leur lit par les FDS pour des destinations inconnues. Au bout, c’étaient des découvertes macabres. Les reporters de Le Patriote, Dembélé Al Seni, Karidia Sidibé et Agbola Messmer connaîtront les pires sévices. Le bilan de l’opposition est de 500 morts ou au moins 120 morts selon l’Onu. Les mois s’égrènent mais la situation ne semble guère s’améliorer. En novembre 2004, Laurent Gbagbo décide de reconquérir la zone CNO en lançant un raid contre les ex-rebelles. Décidés d’en finir avec les populations vivant dans ces localités, l’électricité et l’eau courante sont interrompues pendant plusieurs jours et les villes pilonnées. C’est la catastrophe. Mais le pouvoir n’en a cure. Il faut la riposte de l’armée française après le bombardement de son camp de Bouaké pour refroidir l’ardeur guerrière du régime. Mais la France ne s’en sortira pas à bon compte. Le 16 avril 2004, le journaliste Guy André Kieffer disparait mystérieusement sur les bords de la lagune Ebrié.
Pour ne pas aller aux élections, le camp présidentiel multiplie les obstacles. Cela fait cinq ans que ça dure. Les populations continuent elles de s’appauvrir. Chaque jour se lève avec son lot d’incertitudes. Ainsi va la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo. L’homme qui avait promis le bonheur aux Ivoiriens.
Coulibaly Brahima
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