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Politique Publié le mercredi 4 août 2010 | Le Patriote

Joël Nguessan (Porte-parole d’ADO) - “Sous Gbagbo, le pays est tombé en déchéance”

Dans le cadre de ce dossier sur le cinquantenaire, nous avons rencontré le ministre Joël N’Guessan, porte-parole du candidat du RDR à la prochaine présidentielle, Alassane Dramane Ouattara. Il nous fait part de son écœurement devant tant de contradictions.

Le Patriote : Monsieur le Porte-parole, dans quelques jours l’on fêtera les 50 ans de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Quel est votre sentiment sur cet anniversaire?
Joël N’GUESSAN : En situation normale, le sentiment de tout Ivoirien ou de tous ceux qui vivent sur le sol ivoirien aurait été la fierté, la joie de fêter cet anniversaire historique. Mais, compte tenu de la situation de crise que nous vivons et surtout quand on sait que nous vivons sous un régime non démocratiquement élu depuis 5 ans, cet anniversaire se déroule sur fond de tristesse. Personnellement, je suis triste et en même temps, écœuré que cela se passe ainsi.

L.P. : Qu’est ce qui justifie votre tristesse et votre écœurement ?
JN : Les Ivoiriens en général sont tristes, car ils auraient souhaité fêter en grande pompe ce cinquantenaire. Cinquante ans dans la vie d’une nation, ce n’est pas rien. C’est historique. Mais, à quoi cela sert de fêter quand on ne dispose pas du minimum vital pour se soigner, manger à sa faim, scolariser ses enfants. Et surtout, quand la frange la plus importante de la population, nos jeunes, se retrouvent au chômage, sans espoir d’avoir un jour du travail. C’est tout cela qui rend triste. Personnellement, je suis écœuré et nostalgique parce que nous avons connu autre chose dans ce pays.

L.P. : Qu’entendez-vous par « autre chose » ?
JN : La fête de l’indépendance, c’était des fêtes tournantes à l’occasion desquelles le Président Félix Houphouët BOIGNY amenait le développement et la modernité dans les villes et les régions qui accueillaient les festivités. Il profitait de cette occasion pour faire construire des stades, des centres culturels, des collèges et lycées, des hôpitaux et des centres de santé. Parallèlement à ces travaux qui précédaient les festivités de l’indépendance, des dizaines de villages étaient électrifiés, des châteaux d’eau étaient construits pour apporter l’électricité et l’eau potable à nos parents. Alors, quand je vois la grande mascarade intellectuelle qui entoure cet anniversaire, je ne peux qu’être écœuré.
L.P. : Qu’auriez vous souhaité ?
JN : Souvenez vous que le Premier Président de la Côte d’Ivoire moderne aimait à dire à peu près ceci : « un homme qui a faim n’est pas un homme libre, il ne peut, par conséquent, s’élever au-dessus des contingences matérielles pour réfléchir à son avenir » C’est au moment où les Ivoiriens arrivent difficilement à prendre un repas par jour que des pseudos intellectuels organisent des colloques avec le peu d’argent du contribuable. Je dois avouer que je ne suis pas surpris quand on voit la qualité de ceux qui ont eu cette initiative. A mon avis, on aurait pu choisir une petite sous-préfecture comme symbole du cinquantenaire et y apporter le développement et le bien-être économique et social.

L.P. : On vous rétorquera que les caisses du trésor sont vides ?
JN : Ce n’est pas vrai. Les caisses de l’Etat ne sont pas vides. Les potentialités économiques de notre pays autorisent au moins qu’on dégage 10 à 30 milliards pour construire un lycée, un château d’eau, un hôpital et des logements modernes dans une ou deux sous-préfectures de la Côte d’Ivoire, ceci à titre de symbole. Encore faut-il que les gens en aient l’idée, l’inspiration et la volonté. Ce qui n’est pas du tout évident. Par ailleurs, je vous fais remarquer que cet argument de caisses de l’Etat vides ne tient pas quand on voit le gaspillage qui est fait des ressources nationales par les refondateurs.

L.P. : En dehors de votre amertume, quel regard jetez-vous sur les 50 années de notre pays ?
JN : Je vous fais remarquer que le 7 août 1960, date d’accession de notre pays à la souveraineté nationale, j’avais 4 ans et 21 jours. Donc je n’étais pas en mesure d’apprécier les premières années, surtout les années 60 à 70. Ce que je retiens de cette première décennie, ce sont le passage du footballeur brésilien Pélé à Abidjan et la construction du barrage de Kossou. Ces évènements sont encore vivaces dans ma mémoire. J’ai aussi en mémoire que nous vivions dans un environnement sain, que ce soit en ville ou dans les villages. L’école était gratuite de même que les fournitures scolaires. De 1970 jusqu’à la moitié des années 80, notre scolarité était régulière et nous n’avions aucune difficulté à trouver un emploi au sortir de l’université et des grandes écoles. Par la suite, les choses ont commencé à se compliquer avec la mévente de nos principales matières premières agricoles que sont le café et le cacao. Cependant, la situation était gérable, car il y avait de bons dirigeants. Alassane Dramane OUATTARA nommé Premier ministre par le Président Houphouët BOIGNY a su redresser la barre pour donner à notre économie des fondements solides et durables. Sous son impulsion, malgré les difficultés, le pays est resté un symbole et un phare en Afrique de l’Ouest. A la mort du Président Félix Houphouët BOIGNY, le Président Henri Konan BEDIE, qui lui a succédé, a pu continuer avec succès le développement du pays. Le seul hic sous l’ère BEDIE a été le démarrage de la catégorisation des Ivoiriens. Cela a entamé la cohésion sociale. Après la parenthèse du coup d’Etat, les frontistes sont arrivés au pouvoir dans des conditions qu’eux-mêmes qualifient de calamiteuses. A partir de cet instant, le pays a entamé sa descente aux enfers.

L.P. : Qu’entendez-vous par « descente aux enfers » ?
JN : L’ère GBAGBO constitue pour la Côte d’Ivoire, une parenthèse à vite effacer. Un journaliste écrivait à juste titre que la Côte d’Ivoire vit la décennie maudite. Le pays est tombé en déchéance dans tous les domaines. De la fragile cohésion sociale, on a abouti à la séparation du pays en deux, car, Laurent GBAGBO n’a pas su gérer les distensions internes. L’école sous son règne a été prise en otage par une mafia organisée nommée FESCI. Les planteurs sont spoliés du fruit de leur labeur (affaire café cacao). L’armée, la police et la gendarmerie ont perdu leur caractère républicain pour devenir de véritables milices au service du pouvoir GBAGBO. La justice n’est juste que pour ceux qui ont de l’argent ou des connaissances haut placées. L’impunité est devenue la règle en matière de droit et de justice. L’accès à la fonction publique se monnaie. Les emplois publics sont réservés aux gens du clan GBAGBO. Les Ivoiriens, dans leur grande majorité, ne mangent plus à leur faim. Les hôpitaux sont devenus des mouroirs car manquant de médicaments de première nécessité. Sous l’ère GBAGBO, certains Ivoiriens se sont autorisés à déverser des déchets toxiques aux quatre coins d’Abidjan. Les quartiers précaires prolifèrent et cohabitent sans honte avec des grosses résidences construites par les refondateurs. La corruption s’est généralisée à un tel point que le racket est rentré dans nos mœurs. Sous l’ère Gbagbo, c’est le gaspillage des ressources humaines. Les hommes formés et compétents ne sont pas aux postes qu’il faut. Les milliers de jeunes formés à coût de milliards sont réduits à se débrouiller dans l’économie informelle, etc. La liste est longue des faits qui prouvent que notre pays est descendu aux enfers. Et pourtant, la Côte d’Ivoire a d’énormes potentialités économiques.

L.P. : Quelles solutions préconisez-vous face à cette situation ?
JN : La meilleure des solutions, c’est le changement de gouvernance. Et cela passe, entre autres, par des élections. C’est ce que nous attendons tous depuis 5 ans. Si des élections démocratiques et transparentes sont organisées, les refondateurs, qui ont amené la Côte d’Ivoire dans le trou, seront balayés. On pourra alors avoir des dirigeants compétents et crédibles comme le Docteur Alassane Dramane OUATTARA pour mettre en valeur les énormes potentialités économiques, pour utiliser comme il faut, les ressources humaines dont notre pays regorge. La Côte d’Ivoire a besoin des hommes qu’il faut aux places qu’il faut.

L.P. : Pensez-vous que votre candidat pourra résorber les innombrables maux que vous venez d’énumérer ?
JN : Oui, il en a l’expérience, la compétence et surtout une farouche volonté. Ce qui est suffisant pour sortir la Côte d’Ivoire du bourbier dans lequel Gbagbo et les siens l’ont mis. Pour vous en convaincre, je vous invite à parcourir son programme de Gouvernement qui propose des solutions concrètes, pratiques et chiffrées, inscrites dans le temps et dans l’espace pour reconstruire notre pays. Vous verrez en lisant son programme qu’il met l’accent sur le retour de la cohésion sociale indispensable à la construction d’une nation démocratique, l’amélioration de notre administration et de nos services publics, la relance de notre économie et le rétablissement de l’image de notre pays dans la sous-région et dans le monde. Concernant la cohésion sociale, le programme propose des actions pratiques pour favoriser le vivre ensemble par l’acceptation et la valorisation de nos différences. Au niveau de l’administration, ADO est favorable à ce qu’à tous les niveaux, les compétences soient mises à contribution avec comme souci, la bonne gouvernance. Il s’agit de mettre fin à la médiocratie ambiante. Au niveau de la relance de l’Economie, les projets identifiés, une fois mis en œuvre, permettront de créer des millions d’emplois pour les jeunes et les femmes. A ce sujet son expérience, sa compétence et sa volonté sont des atouts réels. Enfin, concernant l’image de la Côte d’Ivoire à l’étranger, il suffit que le Dirigeant soit crédible pour qu’on atteigne plus de 90% des résultats en la matière. ADO est crédible donc ce sera chose facile. C’est pourquoi, il est plus qu’urgent d’aller aux élections.
Edgar Kouassi

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