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Sport Publié le mercredi 4 août 2010 | Nord-Sud

Portrait : Traoré Laciné (Attaquant JCAT) - Moi professeur de maths, non merci !

Le fait est assez rare pour être signalé. Le buteur de la JCAT détient une maîtrise en mathématiques et apparaît comme le doyen des joueurs de la Ligue 1. Nord-Sud Quotidien l'a rencontré.

A le voir gambader sur les stades de la Ligue 1, l'on s'imagine difficilement que l'attaquant de la Jeunesse Club d'Abidjan-Treichville (JCAT), arrivé du Stade d'Abidjan au récent mercato, est âgé de 39 ans. « Oui, j'ai 39 ans », confesse-t-il. Il est vrai, « le lion » a légèrement maigri mais il n'a rien perdu de sa rage et de son adresse devant les buts. Samedi, lors de la demi-finale en retard de la Coupe nationale entre la JCAT et Issia Wazy (4-1), c'est Traoré Laciné qui a inscrit les deux premiers buts de son équipe et montré la voie du succès à ses coéquipiers. Dans le vestiaire, ce garçon au sourire facile a le respect de ses coéquipiers et des dirigeants. C'est en 1998 qu'il s'était révélé aux sportifs ivoiriens. Recruté à l'Abidjan université club (AUC) par le Stade d'Abidjan, « l'étudiant » séduisait déjà par son explosivité. Et malgré une maîtrise en mathématiques, il continue de tourner le dos à l'enseignement. « Malgré ma maîtrise en mathématiques, il me sera difficile de prendre la craie pour enseigner », crache-t-il. Et de renchérir : « Ce n'est pas possible. Avec le CAPES, j'ai certes appris l'enseignement mais j'ai mon idée : mettre mon diplôme au profit du football. Mathématiquement parlant, ce sera quelque chose de bon ». Traoré Laciné éclaire mieux nos pensées : « Le football, c'est une vie. Il faut l'aimer et tout donner. Et ce sport m'a tout donné. Je suis dans l'immobilier. Le football m'a permis d'avoir quelques appartements et deux immeubles… ». Père de quatre enfants (un garçon et trois filles), Laciné est marié à Coulibaly Kountiata depuis dix ans. Mon épouse m'apporte beaucoup… », jure-t-il. Quoi par exemple ? « A 39 ans, je mène une vie de sportif. Je mange bien. Beaucoup de salades les soirs. Grâce à ma femme, je dors tôt. A 21h30 déjà, je suis au lit depuis dix ans. Elle veille à cela. Vous savez, depuis tout petit, j'ai perdu mon père. Devant moi, il n'y avait rien. Derrière moi, il y a une grande famille. Je n'avais donc pas droit à l'erreur. Je travaille dans le respect. Dans la croyance aussi. C'est surtout la rigueur qui m'habite ». Le football a permis à Traoré Laciné de bourlinguer. « J'ai commencé au Stade en 1998 après l'AUC. Ensuite j'ai débarqué au Stade tunisien. Plus tard, j'ai poursuivi ma carrière en Arabie Saoudite. En 2002, je suis revenu en Tunisie où j'ai fini meilleur buteur avec 15 buts. Cela m'a valu un contrat à Kiel (à 20 kms d'Hambourg) en Allemagne en D3. Je suis revenu à Dubaï. Pendant deux ans, j'ai joué à Shabbab. Et j'ai fini au Koweit où j'ai fait monter en D1 la formation de Nasr. Après, je me suis gravement blessé au genou. Je suis donc revenu au pays. Moralement, j'ai pris un coup. J'ai alors décidé de me relancer au Stade d'Abidjan avec l'idée d'y finir ma carrière avec comme récompense un poste de manager général. Hélas. J'espère qu'avec le Stade, c'est un au revoir », maugrée-t-il.

«Quand tu te vends cadeau, les gens te prennent à crédit…»

Parti du Stade, il y a quelques semaines, Traoré Laciné ne digère toujours pas. Explications : « J'ai quitté le Stade d'Abidjan dans la douleur. Je suis un enfant du club et je suis revenu au Stade après plusieurs années dans le Golfe. Un adage dit que quand tu te vends cadeau, les gens te prennent à crédit… ». Il poursuit : « Je suis revenu l'an dernier au Stade et j'ai aidé cette équipe à terminer à la 4è place du classement. Il est vrai qu'ici, nous sommes encore dans l'amateurisme mais j'ai prévenu mes dirigeants qu'il y avait un minimum à faire pour donner du tonus à une équipe qui a un passé glorieux. Chaque année, le club recule. J'ai suggéré aux dirigeants mes ambitions vu que j'étais très influent au Stade. Et ceux qui n'aimaient pas cela, m'ont poussé dehors. Ça fait mal ! ». Aujourd'hui, je suis à la JCAT et ma principale préoccupation reste la finale de la Coupe nationale. « Le meilleur scénario serait de remporter cette finale samedi, contre l'Africa. J'imagine qu'elle se déroulera dans une ambiance de fête. J'espère que la JCAT s'imposera. Ce serait surtout quelque chose de bien pour moi car je suis en fin de carrière. Je signale au passage que j'ai déjà remporté ce trophée avec le Stade d'Abidjan en 2000 ». Connaît-il son adversaire ? « Je connais l'Africa. Cette formation remaniée est très jeune. J'espère que le meilleur va gagner. L'envie fera la différence », suppose-t-il. Avant de nous quitter, le véloce attaquant de la JCAT nous a fait cette confidence : « La Coupe nationale sera l'apothéose pour moi. Juste après, je vais pour une dernière pige de six mois dans le Golfe. Je pars le dimanche 15 août… ». En attendant, Traoré Laciné a promis à ses dirigeants de leur offrir le trophée du cinquantenaire.

Guy-Florentin Yaméogo
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