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Politique Publié le jeudi 5 août 2010 | Notre Voie

Colloque international et pluridisciplinaire sur le cinquantenaire de l’indépendance -La Refondation propose un nouveau modèle économique

Le nouveau modèle économique proposé par la Refondation a fait l’unanimité, mardi dernier, au colloque international et pluridisciplinaire qui se tient à Yamoussoukro. Le colloque international et pluridisciplinaire sur “l’indépendance et ses perspectives en Afrique subsaharienne”, qui se déroule à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche et la paix, à Yamoussoukro, n’a pas fini de livrer ses secrets. Mardi dernier, invité à exposer sur l’économie de la Côte d’Ivoire de 1960 à 2010, Kouassy Oussou, le directeur général de l’Economie, a présenté le nouveau modèle économique qui est en train de redonner vie à la Côte d’Ivoire. Ce modèle économique que propose la Refondation est baptisé “philosophie de l’orphelin”. Ici, dira-t-il, l’Etat bâtit son budget en comptant essentiellement sur ses ressources propres pour favoriser les conditions d’une relance soutenue de l’activité économique en Côte d’Ivoire. “Dès 2001, le gouvernement s’est résolu pour l’essentiel à stabiliser les finances publiques, à mettre en œuvre les réformes structurelles urgentes dans les secteurs clés, à appliquer des mesures de bonne gouvernance et à restaurer les relations financières normales avec l’ensemble des partenaires, en vue de favoriser les conditions d’une relance soutenue de l’activité économique”, soutient le directeur général de l’Economie. Qui explique qu’avec la Refondation, les Ivoiriens ont appris à compter sur eux-mêmes, sur les richesses propres de leur pays. “C’est le sens du budget sécurisé qui a été élaboré en 2001. Ce budget était fondé sur les ressources propres et certaines. Seules les dépenses prioritaires inscrites au budget étaient exécutées”, précise-t-il. Les résultats, en termes de recettes, ne se sont pas fait attendre. “ A partir de 2001, grâce aux réformes entreprises dans des secteurs clés de notre économie et aux mesures d’assainissement des finances publiques, les ressources ont commencé à augmenter et on a enregistré d’importantes plus-values. Les recettes fiscales (Direction générale des Impôts) qui dépassaient à peine les 450 milliards de FCFA ont plus que doublé aujourd’hui et se situent à plus de 900 milliards de FCFA. Quant aux recettes douanières, elles étaient à peu près de 500 milliards FCFA en 2000 ; elles se situent à plus de 900 milliards de FCFA en 2009”. Il soutient que ces performances des régies ont permis de développer les bases des ressources parce qu’on était convaincu que c’est cela qui pouvait permettre de financer les programmes et les réformes sociales. “Pendant toute la période, les ressources propres ont représenté en moyenne plus de 92% de l’ensemble des ressources de l’Etat”, indique-t-il. Il souligne, en effet, que jusqu’en 2000, toutes les régies financières, à savoir la douane, les Impôts et le Trésor n’enregistraient que des contre-performances et des moins-values. Les recettes étant toujours inférieures aux prévisions. Au niveau des dépenses, la Refondation s’est aussi engagée à rationaliser celles-ci, à arrêter un budget et le respecter. “A la fin des années 90, les dépenses extrabudgétaires représentaient 75% du budget d’investissement. Dans le cadre du budget sécurisé, on n’exécute pas les dépenses qui ne sont pas programmées. C’est ce qui s’est passé de 2001 à ce jour”, précise Kouassy Oussou. Qui ajoute qu’en termes de croissance, “dès 2001 la Côte-d'Ivoire a entrepris son redressement en obtenant des taux de croissance positifs, passant de 0,1% à près de 4% en 2009 malgré la crise militaro-politique. Ce qui est supérieur au croît démographique qui est de 3,3%. Le taux d’inflation est sous contrôle, se situant en, dessous de la norme communautaire qui est de 3%”. Depuis 2001, le stock de la dette extérieure a été ramené à 6.257 en 2008. Il avoisine aujourd’hui les 4.000 milliards de Fcfa avec l’atteinte du point de décision de l’initiative Ppte (Pays pauvres très endettés) qui a fait bénéficier à la Côte d’Ivoire de l’annulation d’une partie substantielle de la dette extérieure. Kouassy Oussou reste toutefois convaincu que le point d’achèvement permettra une réduction globale de 80 % du stock de la dette. Il a, en effet, rappelé que la dette publique extérieure de la Côte d’Ivoire est passée de 100 milliards de FCFA en 1970 à plus de 2400 milliards en 1993, puis à 8468 milliards en 1996, soit 136% du PIB. Pour l’économiste, cet endettement excessif des gouvernements ivoiriens est la conséquence des choix hasardeux des années 1980. “L’économie est devenue plus flexible grâce notamment aux réformes structurelles et sectorielles engagées de façon méthodique depuis 2001 et qui ont consisté à prioriser les actions dans les secteurs clés qui déterminent la croissance. Il s’agit de la réforme de la filière café-cacao avec la création de la BCC, l’ARCC, le FRC, des réformes dans le secteur financier (CAA devenue BNI et CECP devenue CNCE, CGRAE), des mesures dans les secteurs de l’électricité et des hydrocarbures. De même, la réorganisation du secteur des télécommunications a révolutionné ce secteur qui apporte une forte valeur ajoutée à l’économie. Le secteur des télécommunications a investi plus de 1006 milliards FCFA entre 1998 et 2008. Sur la même période, le chiffre d’affaires a connu une progression passant de 109 milliards de FCFA à 681 milliards de FCFA. En plus, jusqu’en 2000, ce secteur comptait moins d’un million d’abonnés. En 2008, on dénombre près de 11 millions d’abonnés. Le secteur de la téléphonie mobile en 2009 comptait à lui seul près de 4,5 millions FCFA d’abonnés contre seulement 91 mille en 1998. Le marché de la téléphonie fixe a enregistré une croissance de son chiffre d'affaires sur la même période, passant de 71 milliards de FCFA à 138 milliards”, indique-t-il aussi. Kouassy Oussou note que le modèle économique imprimé depuis 2001 repose également sur une promotion active des pôles de développement. La réalisation et la répartition des infrastructures de transport, scolaires et universitaires, de santé se font aussi bien entre les régions qu’à l’intérieur de celles-ci. Les activités économiques, les potentialités de chaque région vont être identifiées en vue de définir une spécialisation et la vocation de la région. San Pedro est un exemple de développement économique régional. Pour lui, il s’agit d’une grande maîtrise des paramètres de politique et d’une réactivité qui rassurent partenaires économiques et investisseurs. Le coup d’Etat manqué de 2002 n’ébranle pas le modèle Malgré le coup d’Etat manqué de septembre 2002 et la crise qui s’en est suivie, les mesures et réformes opérées depuis 2001 ont permis aux fondamentaux de l’économie ivoirienne de résister aux effets de la crise militaro-politique qui a éclaté en septembre 2002. “Le coup d’Etat manqué de septembre 2002 et la crise qui s’en est suivie ont causé un choc à l’économie du pays. Sur la croissance, le taux positif de 0,1% en 2001 chute à -1,6% et -1,7% en 2003. Le total des pertes enregistrées entre 2002 et 2009 au niveau des finances publiques se chiffre à plus de 3 035 milliards de FCFA. Au niveau structurel, on a enregistré le pillage, la fermeture ou la délocalisation de certaines unités industrielles, le détournement d’une partie des productions agricoles vers les pays limitrophes, la perturbation dans la filière café/cacao. Tout cela a entraîné une baisse des investissements directs étrangers d’environ 100 milliards de francs CFA en 2002 et 2003 ”, regrette le directeur général de l’Economie. Mais, malgré tout, l’économie nationale, selon lui, a su s’adapter aux perturbations de l’environnement même international marqué, ces dernières années, par la mondialisation, les crises financière, économique, alimentaire et énergétique grâce aux politiques économiques déployées la Refondation au cours de ces 10 dernières années. Pour Kouassy Oussou, cette séquence des politiques macroéconomiques est différente de celle adoptée dans le cadre des Programmes d’ajustement des années 80 et 90. “L’approche actuelle est plus dynamique. Ainsi, l’année 2000 marque-t-elle la fin du modèle économique qui a prévalu jusque-là, et 2001 le début du nouveau modèle économique. Le modèle économique colonial étant entré en crise ouverte, il importait de trouver une alternative. Cette rupture est intervenue avec la Refondation. Ainsi, les éléments précurseurs du nouveau modèle économique de la Côte d’Ivoire sont-ils désormais en place”, rassure-t-il. Le nouveau modèle économique, selon Kouassy Oussou, est tiré par le développement de l’agro-industrie dans les filières cacao, anacarde, la relance du secteur coton-textile, l’agriculture vivrière, l’élevage et la pêche, l’accélération des plans sectoriels. Il note également le développement de l’industrie extractive, l’accélération de la mise en valeur du bassin sédimentaire (pétrole et gaz) et le renforcement de la production d’électricité à partir du gaz, l’amorce de l’industrie lourde, le développement des Tic (Zbtic, téléphonie). Des jalons ont été posés, notamment la reprise des cadres de pilotage stratégique avec les études prospectives, la planification, le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (Dsrp). Il y a également le renouvellement de la stratégie d’intervention de l’Etat (la modernisation de l’Etat), l’accélération de l’équipement du pays et de l’aménagement du territoire (décentralisation, déconcentration), le règlement du problème de la dette : dette extérieure avec le Ppte et apurement des arriérés intérieurs. On note aussi la relance des investissements publics avec la reprise des grands travaux d’investissement. La Côte d’Ivoire veut ainsi disposer d’une économie à la fois efficace et équitable, assurer la compétitivité des secteurs productifs en vue de la conquête de marchés et de la recherche de partenariats. La finalité, une accélération de la croissance en vue de l’augmentation rapide du produit intérieur brut (Pib) par tête tout en améliorant les principaux indicateurs du bien-être des populations. “Le levier clé doit être à la fois l’investissement public et privé. Selon les projections, avec un point de croissance par an, on atteindra le palier de 7% en 2013 (pour un Pib nominal de plus de 14.500 milliards de Fcfa), soit près du double du croît démographique. Pour y arriver, “sur les cinq prochaines années, le coût global des actions prioritaires du Dsrp a été estimé à 16.321,4 milliards de francs CFA ”, précise-t-il par ailleurs. Dans son exposé portant sur l’économie ivoirienne de 1960 à 2010, Kouassy Oussou a scindé le bilan des 50 années d’indépendance en trois périodes. La première période, qui s’étend sur les premières 20 années de l’indépendance, est marquée par une relative prospérité. Mais, fait-il remarquer, le modèle économique reprend le modèle colonial orienté vers l’agriculture d’exportation. La deuxième période couvre les années 80 et 90. Au cours de ces années, dira-t-il, la crise économique et l’échec des Programmes d’ajustement conduisent à la dévaluation du Fcfa en 1994. Jusqu’en 2000, il soutiendra que le modèle économique découlant de la colonisation n’a pas fondamentalement changé. Il indique que l’économie est restée fortement dépendante de l’extérieure. C’est ce modèle économique qui, selon lui, entre en crise et s’effondre en 2000. C’est pourquoi, soutient Kouassy Oussou, il faut parvenir au règlement définitif du problème de la dette extérieure et assumer l’ouverture sur l’extérieur et la mondialisation par la diversification des partenariats et le renforcement de la compétitivité. Il faut, en outre, pour lui, réaffirmer les rôles respectifs de l’Etat et du secteur privé, et trouver la bonne articulation entre l’Etat et le marché. Aussi, pour la Refondation, l’Etat doit assurer l’équipement du pays, favoriser les investissements privés, créer un environnement propice au développement des affaires en Côte d’Ivoire, réguler les filières économiques et encadrer les activités économiques. Quant au secteur privé, il doit continuer de réaliser des investissements, créer des richesses et conquérir des marchés dans un environnement concurrentiel. “Le but final de toutes ces actions, c’est d’accroître le Pib par tête, réduire, voire éradiquer la pauvreté”, conclut le directeur général de l’Economie. Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr (evoyé spécial)
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