Le samedi 7 Août prochain, la Côte d’Ivoire aura cinquante ans d’existence nationale et internationale. Le citoyen qui emprunte certaines voies de la capitale économique, verra les drapeaux annonçant ce cinquantenaire. En effet, c’est le 7 août 1960 que le Président Félix Houphouët Boigny proclame officiellement l’Indépendance de la Côte d’Ivoire, dont il prend les rênes. Pendant plus de 33 années, l’homme va diriger le pays, dans la paix et le dialogue pour certains et pour d’autres avec une main de fer, sorte de « dictature du silence », selon son principal opposant, Laurent Gbagbo. S’il est certain que les crises du Guébié, du Sanwi et surtout, le complot du « chat noir » de 1963, ont été des points noirs sous son règne, il convient de reconnaître qu’Houphouët-Boigny a laissé dans l’esprit des Ivoiriens, l’image d’un homme de paix et de dialogue, très amoureux de son pays et de ses concitoyens. Au plan économique, Houphouët-Boigny a fait de la Côte d’Ivoire, un pôle avec le développement de l’agriculture, la floraison des axes routiers permettant le commerce, l’excellence du système éducatif et bien d’autres prouesses. A juste titre, ce qu’on a qualifié de « miracle économique » a favorisé la stabilité du pays, dans un continent en proie à des nombreux coups d’Etat. C’est véritablement autour des années 1990 que le régime du « Vieux » va connaître le temps de la contestation, avec la crise économique qui fait ravage et la montée de la contestation politique, appelant à la restauration du Multipartisme. Houphouët-Boigny cède mais ne rompt pas, bénéficiant de l’expertise de son unique Premier ministre, Alassane Ouattara. Avec sa grande expérience en démocratie et surtout en matière d’économie, le banquier venu de la BCEAO, parvient, par des mesures rigoureuses mais judicieuses, à sauver le pouvoir de Félix Houphouët-Boigny. Usé par le poids des ans et miné par la maladie, Houphouët décède le 7 décembre 93, laissant un pays totalement orphelin.
Conformément à l’article 11 de l’ancienne Constitution, Henri Konan Bédié, alors président de l’Assemblée nationale, prend la succession. De décembre 93 à décembre 99, il passera six années à la tête de la Côte d’Ivoire, avant d’être évincé par le coup de force du général Robert Guéi. Auparavant, il s’est fait élire en 1995, face à Francis Wodié, après le « boycott actif » du Front républicain composé du RDR et du FPI. Resté seulement six ans au sommet de l’Etat, Bédié n’a pas pu achever les « travaux d’Hercule » promis à son peuple. Il faut également retenir de lui, la polémique née autour du concept de l’Ivoirité, qu’il voulait culturel, mais que des membres de son entourage, aujourd’hui, à la remorque de Laurent Gbagbo, ont instrumentalisé pour en faire une arme de catégorisation de pans entiers de populations et une stratégie de mise à l’écart du président du RDR, du paysage politique ivoirien.
En décembre 99, le Général Robert Guéi, anciennement chef d’état-major des FANCI opère un coup d’Etat et prend les manettes de commandement. Si le coup de force est accueilli avec une ferveur populaire, il n’empêche que l’enfant de Kabacouma, poussé par le FPI et son entourage, décide de faire acte de candidature, non sans écarter des postulants de poids comme Ouattara, Bédié. Après une élection à deux vainqueurs déclarés en octobre 2000, Guéi est chassé du pouvoir par Laurent Gbagbo, avec « le soulèvement populaire » qui a suivi la double revendication de la victoire de l’élection présidentielle.
Ainsi donc, d’octobre 2000 à ce jour, soit dix ans, l’ancien opposant historique, Laurent Gbagbo est aux affaires en Côte d’Ivoire. Détenant un pouvoir non oint de la légitimité populaire, le camarade socialiste se refuse d’ouvrir le temps de la réconciliation. Pour se maintenir au pouvoir, son régime inaugure le temps des complots et de la répression. Sous son règne, depuis septembre 2002, la Côte d’ivoire vit la première guerre de son histoire. De même, depuis plus de cinq ans, les élections de sortie de crise ne viennent pas. Le grand chef usant de tous les artifices pour rester au pouvoir. Au plan économique, le pays est devenu exsangue, avec une économie en proie à tous les scandales et détournements. Au plan du développement, la Côte d’Ivoire a amorcé avec la refondation, le temps du recul. Le pays n’a plus de routes, les populations sont de plus en plus pauvres, la nation tombe en lambeaux. Si Houphouët a été un bâtisseur, le régime Gbagbo ouvre le temps de la destruction des acquis. En dix ans de présence à la tête du pays, le FPI a tué les acquis, conduisant la Côte d’Ivoire à la banqueroute. 40 ans de développement et de paix acceptables avec Houphouët et ses héritiers et dix ans de chaos sous Laurent Gbagbo. Tel est l’état des lieux à la veille de la célébration du cinquantenaire.
Bakary Nimaga
Conformément à l’article 11 de l’ancienne Constitution, Henri Konan Bédié, alors président de l’Assemblée nationale, prend la succession. De décembre 93 à décembre 99, il passera six années à la tête de la Côte d’Ivoire, avant d’être évincé par le coup de force du général Robert Guéi. Auparavant, il s’est fait élire en 1995, face à Francis Wodié, après le « boycott actif » du Front républicain composé du RDR et du FPI. Resté seulement six ans au sommet de l’Etat, Bédié n’a pas pu achever les « travaux d’Hercule » promis à son peuple. Il faut également retenir de lui, la polémique née autour du concept de l’Ivoirité, qu’il voulait culturel, mais que des membres de son entourage, aujourd’hui, à la remorque de Laurent Gbagbo, ont instrumentalisé pour en faire une arme de catégorisation de pans entiers de populations et une stratégie de mise à l’écart du président du RDR, du paysage politique ivoirien.
En décembre 99, le Général Robert Guéi, anciennement chef d’état-major des FANCI opère un coup d’Etat et prend les manettes de commandement. Si le coup de force est accueilli avec une ferveur populaire, il n’empêche que l’enfant de Kabacouma, poussé par le FPI et son entourage, décide de faire acte de candidature, non sans écarter des postulants de poids comme Ouattara, Bédié. Après une élection à deux vainqueurs déclarés en octobre 2000, Guéi est chassé du pouvoir par Laurent Gbagbo, avec « le soulèvement populaire » qui a suivi la double revendication de la victoire de l’élection présidentielle.
Ainsi donc, d’octobre 2000 à ce jour, soit dix ans, l’ancien opposant historique, Laurent Gbagbo est aux affaires en Côte d’Ivoire. Détenant un pouvoir non oint de la légitimité populaire, le camarade socialiste se refuse d’ouvrir le temps de la réconciliation. Pour se maintenir au pouvoir, son régime inaugure le temps des complots et de la répression. Sous son règne, depuis septembre 2002, la Côte d’ivoire vit la première guerre de son histoire. De même, depuis plus de cinq ans, les élections de sortie de crise ne viennent pas. Le grand chef usant de tous les artifices pour rester au pouvoir. Au plan économique, le pays est devenu exsangue, avec une économie en proie à tous les scandales et détournements. Au plan du développement, la Côte d’Ivoire a amorcé avec la refondation, le temps du recul. Le pays n’a plus de routes, les populations sont de plus en plus pauvres, la nation tombe en lambeaux. Si Houphouët a été un bâtisseur, le régime Gbagbo ouvre le temps de la destruction des acquis. En dix ans de présence à la tête du pays, le FPI a tué les acquis, conduisant la Côte d’Ivoire à la banqueroute. 40 ans de développement et de paix acceptables avec Houphouët et ses héritiers et dix ans de chaos sous Laurent Gbagbo. Tel est l’état des lieux à la veille de la célébration du cinquantenaire.
Bakary Nimaga