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Politique Publié le lundi 9 août 2010 | Notre Voie

Laurent Gbagbo : “Nous sommes capables de régler nos problèmes d’élection”

© Notre Voie Par Emma
Cinquantenaire de la Côte d`Ivoire: le président Laurent Gbagbo assiste à la prise d`armes au palais
Samedi 7 août 2010. Abidjan, palais présidentiel du Plateau. Photo: le président Laurent Gbagbo, lors de son allocution
Le président Laurent Gbagbo a saisi l’occasion de la prise d’armes au Palais présidentiel pour inviter la communauté internationale à laisser la classe politique ivoirienne régler ses problèmes électoraux.

Comme les autres fois, le chef de l’Etat n’a pas fait de discours lors de la prise d’armes, le samedi 7 août dernier, au Palais présidentiel. Laurent Gbagbo s’est contenté de faire quelques commentaires de l’actualité politique en Côte d’Ivoire, dans le cadre des festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Il a ainsi félicité le chef du gouvernement ivoirien, le Premier ministre Guillaume Soro, le président de la Commission électorale indépendante et leurs équipes pour tous les efforts fournis pour donner des élections justes, transparentes et apaisées à la Côte d’Ivoire. “Parce que ces derniers jours, ils ont travaillé comme des forçats. Nous voulions absolument voir clair dans l’horizon électoral, avant la fête du 7 août. Donc, on les a un peu obligés à travailler comme des forçats. Et ils ont travaillé comme des forçats. Et, quand je les ai reçus la veille du conseil des ministres, à Yamoussoukro, ils avaient la langue pendante. Mais, je suis fier du travail qu’ils ont accompli. Je me rends compte, après cette date qui vient d’être fixée, qu’on nous avait trompés sur bien de choses. Le travail qui restait à faire était tellement important que j’estime qu’on nous avait trompés sur la marchandise”, a reconnu le président Laurent Gbagbo.

S’adressant particulièrement à la communauté dite internationale, Laurent Gbagbo a demandé qu’on laisse les Ivoiriens régler leurs problèmes s’agissant du scrutin présidentiel. “Je voudrais dire à beaucoup de nos amis que, sur cette question des élections, personne ne peut être plus soucieux que les Ivoiriens eux-mêmes. Il y en a qui font comme si les élections de Côte d’Ivoire, les intéressent plus que nous. Je ne comprends pas. Les élections de Côte d’Ivoire, c’est d’abord nos problèmes que ça règle. Donc, c’est nous que ça intéresse. On n’a jamais connu de retard dans les élections. Si, cette fois-ci, on a connu un retard, c’est qu’il y a quelque chose. Mais il faut que les gens se calment; qu’ils nous regardent régler nos problèmes. Et nous sommes capables de les régler”, a appelé le chef de l’Etat ivoirien.

Pour Laurent Gbagbo, la paix reste la chose la plus importante pour la Côte d’Ivoire. “Vous, vous cherchez les élections, alors que nous, nous cherchons la paix”, a-t-il fait remarquer. Juste pour dire à ces amis de la Côte d’Ivoire que la paix et les élections sont deux choses différentes. “Eux, ils veulent avoir des élections. Mais, on peut avoir des élections et faire la guerre après. Il y a des pays où on a poussé les gens : “Allez aux élections ! Allez aux élections ! Allez aux élections !”. Ils sont allés aux élections et puis, après, il y a eu des morts. Au Kenya, au Zimbabwe… Même nos frères de Guinée - Madame l’Ambassadeur de Guinée est là - Ils ont fini le premier tour, maintenant ils vont mettre un mois pour le second tour, et cela, parce qu’on les a pressés. Les gens les poussaient. Mais, aujourd’hui, quand c’est bloqué, ceux qui les poussaient ne sont plus là. Nous, nous voulons la paix pour notre pays et les élections, nous les voulons quand elles sont un élément de la paix. C’est pourquoi nous allons doucement”, a précisé Laurent Gbagbo. Pour dire que les Ivoiriens sont intéressés par les élections plus que tout le monde. “Mais, on a eu la guerre, ici. Quand il y a eu la guerre, entre nous, on s’est déchirés. Donc, entre nous, on prend le temps de recoller les morceaux. Bien sûr, on ne pourra jamais tout arranger avant les élections, mais il faut arranger au moins ce qui est essentiel et qui va faire qu’après, il n’y aura plus la guerre. C’est cela que nous faisons. Donc, je voudrais rassurer tous ceux qui sont un peu inquiets sur cela. Nous allons faire les élections tranquillement, et puis, après, la vie va continuer. Nos chanteurs vont chanter. On va danser. Et c’est à cela que nous travaillons”, a-t-il rassuré par ailleurs. Le président Gbagbo s’est aussi longuement appesanti sur le problème de la réunification des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) et les Forces armées des Forces nouvelles (Fafn). “Il y a quelques jours, j’ai signé des décrets promouvant des officiers. Le ministre et le chef d’Etat-major ont fait des arrêtés promouvant les sous-officiers et les hommes de troupe. Mais, progressivement, on fait les deux, ensemble. On a promu des officiers des Fanci et des officiers des Fafn. On a promu des sous-officiers des Fanci et des sous-officiers des Fafn. Les gens ne savent pas cela, mais nous faisons ce travail- là. Donc, il y a beaucoup de choses que nous sommes en train de faire et qui vont nous garantir une vraie élection. Depuis 2007, il n’y a plus de guerre. Nous en sommes contents. C’est déjà très important. Les élections, c’est un évènement de paix, un évènement qui arrive pendant la paix et qui doit consolider la paix”, a-t-il ajouté. Aux oiseaux de mauvais augure, le président Laurent Gbagbo a dit également ceci: “Nous allons faire nos élections cette année. Nous allons les faire, et puis il n’y aura rien ! Nous allons les faire et le ciel ne va pas tomber sur nos têtes. Il n’y aura rien ! Il y a en qui disent : “Ah oui, on va acheter le cacao, parce que si on ne l’achète pas, après les élections, il va avoir des bagarres”. Je voudrais dire qu’il n’y aura rien. Ceux qui bougent et qui achètent de grande quantité de cacao dans ce sens se trompent. S’ils achètent suffisamment le cacao, c’est bon. Mais, Il ne faut pas qu’ils pensent qu’il y aura quelque chose, car il n’y aura rien du tout ! Mais, il ne faut pas qu’ils pensent qu’il y aura quelque chose. Il n’y aura rien ! Nous sommes tranquilles. Ces mêmes individus font croire que telle société achète beaucoup de cargaisons de cacao pour cela. Ce sont les paysans qui en sont contents, parce que le cacao, c’est aujourd’hui à peu près 1200 FCFA prix bord champ. Mais, il ne faut pas faire croire qu’il y aura quelque chose”.

Revenant sur les festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance de son pays, Laurent Gbagbo a expliqué qu’il a voulu une petite fête. Il a toutefois promis un grand défilé quand les élections seront passées. “Un défilé, c’est une démonstration de joie, d’unité pacifique. On fera notre grand défilé quand les élections seront passées. Donc, on fait une prise d’armes et on fera le grand défilé après. C’est pourquoi nous n’avons pas invité nos collègues. Ils sont au courant, puisque je les ai avertis chaque fois. Partout où je suis passé, j’ai parlé avec eux, les chefs d’Etat africains. Mais, nous avons voulu quand même marquer de façon symbolique cette cérémonie, avec 16 drapeaux, parce que nous sommes 17 à avoir eu nos indépendances en 1960. Mais, moins nous, cela fait 16. Avec 16 drapeaux des autres pays, nous avons voulu montrer la solidarité avec les autres. Il y a les pays qui ont proclamé leurs indépendances en 1960. Dans les 14 anciennes colonies françaises, plus le Nigeria, la RDC et la Somalie. Les 14 plus les 3, cela fait 17”, a rappelé Laurent Gbagbo. Qui a fait un clin d’œil au colloque international et pluridisciplinaire qui s’est tenu du 1er au 5 août à Yamoussoukro.

Laurent Gbagbo est arrivé au Palais présidentiel aux environs de 12h. Peu après la Première Dame de Côte d’Ivoire, Simone Ehivet Gbagbo, et le Premier ministre, Guillaume Soro. Il va directement passer la revue des troupes en sa qualité de chef suprême des armées. Mais, avant, les honneurs militaires lui sont rendus par trois musiques. Celle de la Garde républicaine, celle de la Gendarmerie nationale et celle des Fanci. Il reçoit également les honneurs des détachements des Forces de défense et de sécurité. Le chef de l’Etat est raccompagné dans un command car par le tout nouveau général de corps d’armée Philippe Mangou, sur l’esplanade du Palais présidentiel, où l’attendent plusieurs personnalités. Les présidents d’institution, les diplomates, les universitaires venus prendre part au colloque international sur les indépendances en Afrique et perspectives. La présence remarquée de Mme Marie-Thérèse Houphouet-Boigny donne un cachet particulier à la fête. Et puis il y a surtout cet imposant défilé militaire. Les troupes ont ainsi défilé devant le chef de l’Etat qui est resté debout durant tout le défilé. Tour à tour, sont passés devant lui les musiques des Fanci, de la gendarmerie nationale, le drapeau de l’Etat de Côte d’Ivoire, 16 drapeaux d’Etats africains fêtant également le cinquantenaire et 33 détachements militaires et 4 détachements d’épouses des membres des Forces de défense et de sécurité. Qui, pour ce 50ème anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, ont exceptionnellement accompagnés par leurs époux. Une façon pour leurs compagnons de rendre hommage pour leur courage et leur sens des responsabilités durant leurs longues années d’absence quand ils étaient appelés au champ d’honneur.

Cette cérémonie dite de prise d’armes s’est terminé, par une poignée de mains entre le président Gbagbo et le commandement des troupes, le tout nouveau général de brigade Firmin Détho Létoh, commandant des Forces terrestres.

Robert Krassault
ciurbaine@yahoo.fr
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