Au vu de la situation actuelle, les Africains devraient se consacrer à moins de festivités qu’à un bilan sérieux relatif au devenir social, aux aspirations des peuples pour le développement économique, à la dignité et aux droits de l’homme, au dynamisme de la société afin de faire face à la relation de subordination vis-à-vis tant des ex-métropoles que des institutions internationales. L’on se réjouit peut-être de la relative indépendance dans laquelle les Etats, au plan interne, évoluent librement grâce aux qualités de bien de leurs élites politiques, intellectuelles et autres. L’on se réjouit encore probablement d’une certaine marge de manœuvre politique: fonctions régaliennes de l’Etat, autonomie d’union et de défense, concertation en vue d’actions dans le cadre d’organisations régionales ou sous régionales ; ou encore maintenant, de cette liberté de condamnation de la politique de l’ex-métropole et de critique des dirigeants actuels.
Mais tout ceci reste oblitéré par une situation sociale et économique moins brillante. De nombreux espoirs nés à la fin de la colonisation n’ont pu devenir réalité : échec des Etats-nations et de l’unité africaine, sous-développement caractérisé par la paupérisation de plus en plus chronique, privation de subsistance et de soins de santé en qualité et en quantité suffisante, de logements décents et de perspective d’avenir. L’Afrique est toujours le théâtre de prédilection des relations communautaires où prévalent le ‘’marketing des identités primaires et son corollaire de peur, de perversion’’ et de guerre. Les Africains qui tentent toujours de se libérer économiquement, appellent au secours pour cause d’insécurité humaine. Aujourd’hui, à l’intérieur comme à l’extérieur, les populations s’interrogent sur le sens de cette indépendance qui n’assure pas le droit de tous au bien-être et à la liberté de mouvement, provoque une hémorragie humaine en Afrique et prive sa diaspora d’une sérénité et d’un respect mérité dans les pays d’accueil. Il y a une claire défection au niveau de l’appropriation des schèmes de la modernité, de l’Etat et de la démocratie.
Aujourd’hui, après 50 ans, il semble que les Africains devraient être suffisamment interpellés sur la responsabilité de cet échec dans leurs institutions, leur culture, et à même de prendre conscience, comme le dit Ki-Zerbo que « Nan lara en sara », autrement dit : si nous dormons, nous mourrons. Dès lors, les Africains devraient faire preuve de résilience, i.e., prendre conscience que tout ce que l’Afrique a connu durant ces cinquante ans fait malheureusement partie de la vie, et qu’il s’agit maintenant dans la mesure où tout est choix, de faire le choix politique de trouver enfin cette émancipation économique, tant recherchée depuis 1960, mais aussi politique et culturelle. Il est temps de faire le choix de l’affirmation de l’Afrique comme un acteur pleinement affranchi sur la scène internationale, de construire l’Afrique dans la durée, de s’interroger sur le chemin parcouru tant à l’intérieur qu’avec l’extérieur plutôt que de faire le choix du désordre.
Ce numéro spécial fait le choix de la sensibilisation sur les risques auxquels la nouvelle génération s’expose et auxquels elle expose l’Afrique autant qu’il invite les politiques à le faire. Il s’agit pour la nouvelle génération de contribuer à l’analyse et à s’imprégner des enjeux des mutations en cours. De sorte que, à quelque niveau que ce soit, puissent être défendus les intérêts de l’Afrique dans la mondialisation à laquelle elle est contrainte de s’adapter sous peine de disparaitre. Ici, l’enjeu est sans doute de faire valoir encore et davantage la réflexion et le débat. Faire valoir les esprits et les intelligences, la responsabilité, l’intégrité, la confiance en soi et en ses capacités avec surtout obligation de résultat à l’échelle de la macro société africaine. On montrera, par exemple, que comprendre le sens de l’indépendance est un choix et qu’il est important de s’approprier véritablement l’héritage colonial de l’Etat et de la démocratie. Pour y parvenir la contribution de tous les acteurs sera nécessaire, tant dans le choix de la culture dans ses aspects les plus positifs, que de l’engagement des intellectuels pour le développement
Ce numéro montre aussi la nécessité d’accorder un intérêt à la recherche scientifique pour le développement, aux rapports de force géopolitique au plan mondial. De même, il met en lumière la nécessité pour la classe dirigeante puis les Etats de faire table rase des égoïsmes et des intérêts particularistes, en vue de la réduction des menaces contemporaines à la paix et à la sécurité dans le cadre de partenariats avec l’Union africaine et l’ONU.
Ce numéro voudrait montrer que l’avenir, la renaissance et la reconstruction de l’Afrique dans de meilleures perspectives sont entre les mains des hommes et des femmes de la nouvelle génération dont la conscience et l’esprit sont encore éclairés. Mais ce numéro invite aussi à faire preuve de vigilance à l’égard de la communauté internationale et des anciennes métropoles quant à leurs bonnes intentions. Il invite à avoir confiance, à ne se confier ou confier sa destinée, qu’après moult examens et réflexions, mais sans tomber dans une crainte ou un doute excessif. Il veut dire aux Africains comme Epicharme, « souviens-toi de te méfier » ! C’est ainsi seulement que, ce nouvel ordre politique et économique international, un peu à ses débuts et dont les lignes ne seront certainement pas linéaires, pourra peut-être, pendant ces 50 autres années inscrire en lettres d’or la fière allure et le devenir de l’Afrique en marche.
Didier SEMIEN
Mais tout ceci reste oblitéré par une situation sociale et économique moins brillante. De nombreux espoirs nés à la fin de la colonisation n’ont pu devenir réalité : échec des Etats-nations et de l’unité africaine, sous-développement caractérisé par la paupérisation de plus en plus chronique, privation de subsistance et de soins de santé en qualité et en quantité suffisante, de logements décents et de perspective d’avenir. L’Afrique est toujours le théâtre de prédilection des relations communautaires où prévalent le ‘’marketing des identités primaires et son corollaire de peur, de perversion’’ et de guerre. Les Africains qui tentent toujours de se libérer économiquement, appellent au secours pour cause d’insécurité humaine. Aujourd’hui, à l’intérieur comme à l’extérieur, les populations s’interrogent sur le sens de cette indépendance qui n’assure pas le droit de tous au bien-être et à la liberté de mouvement, provoque une hémorragie humaine en Afrique et prive sa diaspora d’une sérénité et d’un respect mérité dans les pays d’accueil. Il y a une claire défection au niveau de l’appropriation des schèmes de la modernité, de l’Etat et de la démocratie.
Aujourd’hui, après 50 ans, il semble que les Africains devraient être suffisamment interpellés sur la responsabilité de cet échec dans leurs institutions, leur culture, et à même de prendre conscience, comme le dit Ki-Zerbo que « Nan lara en sara », autrement dit : si nous dormons, nous mourrons. Dès lors, les Africains devraient faire preuve de résilience, i.e., prendre conscience que tout ce que l’Afrique a connu durant ces cinquante ans fait malheureusement partie de la vie, et qu’il s’agit maintenant dans la mesure où tout est choix, de faire le choix politique de trouver enfin cette émancipation économique, tant recherchée depuis 1960, mais aussi politique et culturelle. Il est temps de faire le choix de l’affirmation de l’Afrique comme un acteur pleinement affranchi sur la scène internationale, de construire l’Afrique dans la durée, de s’interroger sur le chemin parcouru tant à l’intérieur qu’avec l’extérieur plutôt que de faire le choix du désordre.
Ce numéro spécial fait le choix de la sensibilisation sur les risques auxquels la nouvelle génération s’expose et auxquels elle expose l’Afrique autant qu’il invite les politiques à le faire. Il s’agit pour la nouvelle génération de contribuer à l’analyse et à s’imprégner des enjeux des mutations en cours. De sorte que, à quelque niveau que ce soit, puissent être défendus les intérêts de l’Afrique dans la mondialisation à laquelle elle est contrainte de s’adapter sous peine de disparaitre. Ici, l’enjeu est sans doute de faire valoir encore et davantage la réflexion et le débat. Faire valoir les esprits et les intelligences, la responsabilité, l’intégrité, la confiance en soi et en ses capacités avec surtout obligation de résultat à l’échelle de la macro société africaine. On montrera, par exemple, que comprendre le sens de l’indépendance est un choix et qu’il est important de s’approprier véritablement l’héritage colonial de l’Etat et de la démocratie. Pour y parvenir la contribution de tous les acteurs sera nécessaire, tant dans le choix de la culture dans ses aspects les plus positifs, que de l’engagement des intellectuels pour le développement
Ce numéro montre aussi la nécessité d’accorder un intérêt à la recherche scientifique pour le développement, aux rapports de force géopolitique au plan mondial. De même, il met en lumière la nécessité pour la classe dirigeante puis les Etats de faire table rase des égoïsmes et des intérêts particularistes, en vue de la réduction des menaces contemporaines à la paix et à la sécurité dans le cadre de partenariats avec l’Union africaine et l’ONU.
Ce numéro voudrait montrer que l’avenir, la renaissance et la reconstruction de l’Afrique dans de meilleures perspectives sont entre les mains des hommes et des femmes de la nouvelle génération dont la conscience et l’esprit sont encore éclairés. Mais ce numéro invite aussi à faire preuve de vigilance à l’égard de la communauté internationale et des anciennes métropoles quant à leurs bonnes intentions. Il invite à avoir confiance, à ne se confier ou confier sa destinée, qu’après moult examens et réflexions, mais sans tomber dans une crainte ou un doute excessif. Il veut dire aux Africains comme Epicharme, « souviens-toi de te méfier » ! C’est ainsi seulement que, ce nouvel ordre politique et économique international, un peu à ses débuts et dont les lignes ne seront certainement pas linéaires, pourra peut-être, pendant ces 50 autres années inscrire en lettres d’or la fière allure et le devenir de l’Afrique en marche.
Didier SEMIEN