Sortie il y a 20 ans des cités universitaires d’Abidjan, dans le tumulte des combats pour la démocratisation de notre pays, la musique Zouglou visait à réunir sous sa bannière, la jeunesse d’une Côte d’Ivoire divisée, et elle entend continuer à faire danser au même rythme toute la jeunesse et toute l’Afrique et même au-delà. La naissance du Zouglou remonte à 1990, année de la restauration du multipartisme et de la création de la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (Fesci), un syndicat appelé à devenir aussi puissant que sulfureux en raison des pratiques parfois violentes qui y ont émergé. A travers le titre ‘’Gboklo Koffi’’ du groupe les "Parents du campus", cette musique frondeuse et ancrée dans le folklore national, accède au succès. Au début des années 2000, le groupe Magic System, formé de quatre garçons venus des quartiers populeux de la capitale économique ivoirienne, a donné une notoriété internationale à ce rythme entraînant, grâce à leur tube "Premier Gaou". Rassemblés tous les soirs sur les espaces verts des campus de la métropole ivoirienne, des étudiants de la Fesci chantent alors au son des tambours, leur quotidien, et dénoncent leurs conditions de vie : la bande-son d’Abidjan est née. Depuis, la fièvre "Zougloutique" n’a pas baissé, en dépit des soubresauts que connaît la société ivoirienne ces dernières années. Aujourd’hui, les "jeunes patriotes" avec leur chef de file, Charles Blé Goudé, se sont approprié cette musique. Pourtant, tous les Ivoiriens savent combien de fois Charles Blé Goudé est imbibé de politique. Ainsi, il a entraîné, dans ses différentes campagnes, presque tous ceux qui ont choisi ce concept pour aider Laurent Gbagbo à accéder au pouvoir. Le Festival International de Zouglou (Fiz) est leur initiative. A cette occasion, le leader de la Cojep tente de vendre l’image du Fpi. Les prestations des "Zougloumen" sont ainsi un ingrédient obligé des meetings de l`opposition comme des tenants du régime, où l’on "libère" (danse) avec d’amples mouvements des bras. Ce qui nous amène à dire que le Zouglou est devenu sans le vouloir, une rythme du Front Populaire Ivoirien.
Adèle K.
Adèle K.