Des menaces réelles pèsent sur le processus électoral en Côte d’Ivoire. Comme cela a été révélé dans plusieurs localités du pays, il a également été découvert, avec des preuves à l’appui, quelque 3.000 cas de fraude sur la liste électorale provisoire que la Commission électorale indépendante (Cei) vient d’afficher dans la commune de Yopougon. Selon M. Jean-Félicien Gbamnan Djidan, le directeur départemental de campagne (Ddc) du candidat Laurent Gbagbo à Yopougon que nous avons rencontré, hier, à la mairie de Yopougon, il a , dans la commune, beaucoup de cas de fraude. Il s’agit notamment de personnes qui se sont fait enrôler avec des documents qui, en réalité, à l’état civil, donnent d’autres informations. C’est, par exemple, le cas de Mariko Ibrahima né le 22 avril 1989 à Yopougon, de Mariko Bakary né, lui, le 17 juillet 1969 à Gagnoa et de Mariko Rokya, née le 12 mai 1971 à Gagnoa. A la vérification à l’état civil, sur la copie intégrale, Mariko Ibrahima est effectivement né à la date indiquée sur la liste électorale, mais, le hic, son père Mariko Bakary est plutôt né vers 1960 à Tiégoumana, République du Mali. Et sa mère Mariko Rokya est née en 1968 à Tiégoumana, en République du Mali. le cas Zampaligré Maryatou est un autre exemple parmi tant d’autres. Sur la liste électorale, elle est née le 9 novembre 1987 à Yopougon. Son père Zampaligré Yacouba est né le 1er janvier 1932 à Bouaflé en Côte d’Ivoire et sa mère, Soulgané Safiatou, est née le 1er janvier 1954 à Ouéloguin. A l’état civil, sa copie intégrale indique que son père zampaligré Yacouba est plutôt né à Leda, au Burkina Faso, et sa mère est également née à Ouéloguin au Burkina Faso. Ce sont au moins 3.000 cas de fraude sur l’identité ivoirienne qui ont ainsi été découverts à Yopougon après la vérification des documents de la Cei à partir de la copie intégrale à l’état civil. «Et nous ne comprenons pas le débat qui a cours actuellement, parce que tous les Ivoiriens doivent se mettre ensemble pour faire de cette liste électorale une liste fiable et des élections, des élections transparentes qui ne prêtent pas à contestation. Malheureusement, nous notons que, malgré toute la campagne qui a été faite, alors que les Ivoiriens doivent se mobiliser, il y a des partis politiques qui œuvrent à ce que cette liste-là soit truffée de personnes qui ne doivent pas y figurer ; des personnes qui n’ont pas le droit d’être sur la liste électorale y figurent effectivement. C’est ce que nous dénonçons et allons dénoncer vendredi avec des preuves à l’appui, pour dire que, dans nos investigations, nous avons découvert plus de 3.000 cas de fraude. Et que nous poursuivons encore nos investigations», a déploré le Ddc du candidat Laurent gbagbo à Yopougon. Les cas avérés de fraude ont donc été portés à la connaissance des 5 Cei locales de Yopougon. Malheureuse-ment, il y a là aussi beaucoup d’entraves qui empêchent les réclamants d’arriver au bout de leur procédure pour radier ceux qui ne doivent pas être sur la liste électorale provisoire et qui sont en bonne place, malgré le guide des opérations. Les commissaires des Cei locales, militants du Rassemblement des républicains (Rdr), a-t-on révélé, devant ces preuves irréfutables, ont décidé de servir leur parti politique. Ils ont tiré sur le site internet de la Cei les informations concernant les équipes constituées par la direction de campagne du candidat de la majorité présidentielle pour faire les réclamations pour les mettre à la disposition de leur parti politique. Aujourd’hui, les personnes composant ces équipes sont recherchées dans les différents quartiers de Yopougon et menacées dans leur chair. Mais, mieux, le journal pro Rdr, Le Patriote, dans son édition du vendredi 13 août dernier, a fait publier les photos de quelques-uns des réclamants pour faciliter la recherche «des personnes indésirables» à leurs militants pour leur faire la peau. «Nous dénonçons cela. Nous dénonçons les entraves au niveau des Cei locales et nous en appelons à leurs responsabilités. Nous prenons à témoin toute la nation, toute la communauté internationale qui vient nous aider pour qu’elle saisisse ce problème. Nous ne connaissons pas ceux qui sont là. On ne sait pas pour qui ils vont voter. Mais, dans un pays normal, un pays démocratique, ce sont les citoyens qui élisent leur président. Donc on ne présage pas que ces gens vont voter d’autres personnes. Ce n’est pas là le but. Le but, c’est que c’est les citoyens, les nationaux eux-mêmes qui choisissent leur président. Malheu-reusement, des gens ont œuvré à ce que ceux qui ne doivent pas voter votent. Nous dénonçons cela et nous interpellons la Cei, tous les candidats pour qu’ils se mobilisent pour faire de cette liste électorale une liste propre», a indiqué Jean-Félicien Gbamnan Djidan.
Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr
Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr