Le directeur national de campagne de Laurent Gbagbo n`a pas fait dans la dentelle, hier. Issa Malick Coulibaly a utilisé des mots très controversés pour justifier les demandes de radiations massives introduites par le camp présidentiel contre certaines personnes inscrites sur la liste électorale provisoire. « La liste est en train d`être désinfectée », a assuré la recrue de Korhogo.
Certes, plusieurs responsables du camp présidentiel ont déjà abondamment utilisé le mot ``désinfection`` au sujet du contentieux sur la liste. Mais que Issa Malick se l`approprie aujourd`hui, suscite des interrogations. En effet, le choix de ce membre de la famille Gon Coulibaly de Korhogo obéissait, semble-t-il, à une stratégie bien pensée. Il permet à Laurent Gbagbo de se défaire de l`image clanique qu`il véhiculait. Un directeur de campagne choisi, en dehors du sérail, qui plus est, recensé au Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI), l`un des poids lourds de l`opposition, incarne l`espoir du chef de l`Etat d`apparaître comme un candidat d`ouverture. Une garantie importante dans la pêche aux électeurs. Effectivement, l`on a vu Laurent Gbagbo déployer une stratégie agressive vers les ressortissants du Grand nord du pays auprès de qui, à tort ou à raison, il est réputé être l`ennemi public numéro 1. Plusieurs cadres de cette partie du pays ont rejoint Issa Malick dans cette offensive. L`on aurait pu s`attendre à voir le directeur national de campagne de Laurent Gbagbo continuer à polir l`image de son candidat, par une attitude et surtout un verbe plus conciliant. C`est pourquoi sa référence à la « désinfection » de la liste électorale est loin d`être favorable à sa cause. Car, elle met à mal le lent processus de cicatrisation des plaies ouvertes par la question identitaire, l`un des fondements de la crise qui a éclaté en 1993, au décès de l`ancien président Félix Houphouet-Boigny. La désinfection suppose l`infection préalable. Et comme les personnes visées ont essentiellement des patronymes renvoyant au Nord, cela suppose que ce sont ceux-là qui infectent la liste. Infecté renvoie à la puanteur, aux germes infectieux, à la répugnance. Sous d`autres cieux, l`on a parlé de cafards (Rwanda), ou de Karcher et de vermine (France). Etc. La sortie d`Issa Malick est malheureuse. Car, rien ne l`oblige à emboucher la même trompette que ceux qui cristallisent les rancœurs d`une partie des Ivoiriens. A condition qu`il ne s`agisse pas, pour lui, de se battre pour avoir la sympathie des ultras du camp présidentiel. Cela serait pis.
Kesy B. Jacob
Certes, plusieurs responsables du camp présidentiel ont déjà abondamment utilisé le mot ``désinfection`` au sujet du contentieux sur la liste. Mais que Issa Malick se l`approprie aujourd`hui, suscite des interrogations. En effet, le choix de ce membre de la famille Gon Coulibaly de Korhogo obéissait, semble-t-il, à une stratégie bien pensée. Il permet à Laurent Gbagbo de se défaire de l`image clanique qu`il véhiculait. Un directeur de campagne choisi, en dehors du sérail, qui plus est, recensé au Parti démocratique de Côte d`Ivoire (PDCI), l`un des poids lourds de l`opposition, incarne l`espoir du chef de l`Etat d`apparaître comme un candidat d`ouverture. Une garantie importante dans la pêche aux électeurs. Effectivement, l`on a vu Laurent Gbagbo déployer une stratégie agressive vers les ressortissants du Grand nord du pays auprès de qui, à tort ou à raison, il est réputé être l`ennemi public numéro 1. Plusieurs cadres de cette partie du pays ont rejoint Issa Malick dans cette offensive. L`on aurait pu s`attendre à voir le directeur national de campagne de Laurent Gbagbo continuer à polir l`image de son candidat, par une attitude et surtout un verbe plus conciliant. C`est pourquoi sa référence à la « désinfection » de la liste électorale est loin d`être favorable à sa cause. Car, elle met à mal le lent processus de cicatrisation des plaies ouvertes par la question identitaire, l`un des fondements de la crise qui a éclaté en 1993, au décès de l`ancien président Félix Houphouet-Boigny. La désinfection suppose l`infection préalable. Et comme les personnes visées ont essentiellement des patronymes renvoyant au Nord, cela suppose que ce sont ceux-là qui infectent la liste. Infecté renvoie à la puanteur, aux germes infectieux, à la répugnance. Sous d`autres cieux, l`on a parlé de cafards (Rwanda), ou de Karcher et de vermine (France). Etc. La sortie d`Issa Malick est malheureuse. Car, rien ne l`oblige à emboucher la même trompette que ceux qui cristallisent les rancœurs d`une partie des Ivoiriens. A condition qu`il ne s`agisse pas, pour lui, de se battre pour avoir la sympathie des ultras du camp présidentiel. Cela serait pis.
Kesy B. Jacob