Aujourd’hui s’achèvent les pages spéciales sur le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire qui ont démarré le lundi 19 août dernier. Le directeur général fait le bilan de ce projet éditorial qui a duré un mois. Un mois, jour pour jour, que Fraternité matin consacre ses premières pages à des spéciaux sur le cinquantenaire. A quel besoin obéit ce projet éditorial ?
Ce projet s’inscrit dans la droite ligne de notre devoir de vérité, de notre devoir de mémoire que nous livrons à nos lecteurs en cette période du cinquantenaire. Parce que, comme vous l’avez constaté, la célébration du cinquantenaire en Côte d’Ivoire a été essentiellement axée sur la réflexion. Et Fraternité Matin, qui a célébré ses 45 ans en décembre dernier et qui est donc dépositaire, en partie, d’une bonne partie quand même de la mémoire collective de la Côte d’Ivoire, de son histoire se devait d’apporter un éclairage, d’apporter à nos lecteurs un supplément de lecture. Voilà en gros, la philosophie qui a sous-tendu cette démarche.
Mais auparavant, a eu lieu aussi un concours de nouvelles…
Nous nous sommes inscrit, effectivement, dans la démarche du concours. Parce qu’en règle générale, quand il y a un grand anniversaire, on s’efforce de le marquer par un concours pour permettre à certaines personnes de gagner un souvenir. De grandes maisons de communication et certaines entreprises savent le faire. Et nous, nous avons choisi, en restant dans notre corps de métier, de donner l’occasion à des personnes d’écrire des nouvelles sur les 50 ans de la Côte d’Ivoire. On faisait coup double. D’un, nous permettions à des jeunes ou des moins jeunes qui aiment écrire et qui n’en ont pas toujours l’occasion de le faire. Nous nous inscrivions, et de deux, dans cette démarche : au lieu de festoyer et se retrouver le lendemain sans souvenir, nous offrions là aussi, aux Ivoiriens, des livres ; une compilation de dix nouvelles écrites par de jeunes auteurs puisque la plupart ont moins de 30 ans. Ils sont tous des auteurs en herbe certes, mais certains sont quand même des intellectuels, puisqu’il y a un qui a un doctorat en lettres et qui enseigne à l’Ecole normale supérieure (Ens). C’est pour dire que toutes ces personnes qui sentaient bouillir en elles le besoin de s’exprimer n’en avaient pas eu l’occasion. Eh bien ! Fraternité Matin leur a offert cette opportunité.
En est sorti, à l’issue de ce concours, un recueil des dix premières nouvelles éditées par Frat-Mat Editions
Au départ, nous avions choisi de publier dix nouvelles et de n’en retenir que dix sur les cinquante premiers textes qui nous parviendraient. Le jury qui a lu les textes (parce que nous nous attendions à n’en recevoir qu’une cinquantaine, et nous avons reçu, à l’arrivée, 111) avait voulu, à son tour, faire preuve de symbolisme en en retenant 50 pour rester dans l’esprit du cinquantenaire.
Mais, le jury, en sa toute souveraineté, a remarqué qu’il n’y avait que 15 autres textes qui pouvaient venir compléter les 10 premiers. Ce qui faisait un total de 25 textes. Comme nous nous étions imposé de ne primer que les dix meilleurs, nous avons accédé à la demande du jury, mais les 15 autres textes ont été acceptés hors concours.
Nous avons déjà édité le premier livre avec les 10 lauréats et nous allons éditer un second avec les 15 autres.
Ce qui n’avait pas été bien compris, semble-t-il, par certains participants au concours…
Effectivement, à la suite de la cérémonie de remise des lots aux dix premiers, l’un des lauréats complémentaires a fait une lettre de protestation, estimant que les 15 autres devaient également être primés et récompensés. Nous avons eu des entretiens avec ces personnes et nous venons de recevoir aujourd’hui même (mardi), une lettre dans laquelle 14 des quinze lauréats se désolidarisent de la démarche solitaire entreprise par cette personne qui nous a adressé un courrier avec parfois des termes assez virulents.
Au cours de l’entretien que nous avons accordé à l’ensemble des 15 lauréats en question, nous avons réussi à démontrer au protestataire que les règles du jeu étaient claires. Pour nous, il s’agissait de récompenser 10 lauréats et c’est à la demande du jury que nous avons décidé d’éditer les 15 autres textes. Il ne s’agissait pas pour nous de leur donner de l’argent ou des prix. Bref, tout semble rentré dans l’ordre et nous allons recevoir très bientôt les 14 qui veulent continuer l’aventure avec nous, pour leur faire signer les contrats d’édition et faire paraître leur œuvre.
Revenons au projet éditorial consacré au cinquantenaire. Aujourd’hui prend fin donc cette série. Au terme de ces publications, doit-on s’attendre à une suite sous la forme d’un hors-série ?
Tout à fait ! Il faut dire que nous y avons été obligé par nos lecteurs qui, par téléphone, qui, par mail, nous ont joint pour nous féliciter d’abord pour la qualité du travail abattu ; qui nous ont interpellé ensuite sur certains aspects qui ne leur paraissaient peut-être pas conformes à notre ligne éditoriale.
Sur ce dernier point, je dirais qu’il y a beaucoup de débats. Je m’interroge: parce que média d’Etat, ne doit-on pas dire la vérité, ou rappeler des faits qui se sont déroulés ? D’aucuns insistent sur certains événements que nous aurions retenus dans la publication de nos pages du cinquantenaire, dont on aurait pu faire l’économie. Or, ce sont des événements qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire ; ce sont des événements qui ont marqué l’histoire de notre pays. Doit-on, sous le fallacieux prétexte de célébration du cinquantenaire dans la paix, d’une sortie de crise, s’imposer un devoir de censure ? Je pense que le procès que certains nous font est injuste, parce que ce sont des faits qui sont établis et se trouvent déjà dans nos journaux. Je pense qu’à ceux-là, nous pouvons dire que notre intention n’était pas de salir la mémoire d’untel ou l’action d’untel, mais nous nous trouvions dans l’obligation de le faire. C’était un devoir de mémoire. Je peux dire qu’à côté d’une ou de deux personnes qui nous ont interpellé dans ce sens, nous avons eu de nombreuses personnalités, dont d’anciens ministres qui nous ont félicité et nous ont proposé de relier ces rappels précieux en un document.
Notre question demeure
Nous avons donc entrepris cette démarche. Mais nous nous sommes rendu compte que si nous voulions le faire d’un seul tenant, ce document comporterait 200 à 250 pages. Ce serait un bon document, mais il serait trop volumineux. Alors, comme nous avons déjà ici, à Fraternité Matin, une collection que nous avons intitulée «Fraternité Matin, l’incontournable incubateur de la démocratie», nous allons donc, sous la forme de parution beaucoup plus légère, mais dense, saucissonner toutes les parutions et les faire paraître en cinq éditions.
Le premier tome est déjà prêt et devrait pouvoir être à la disposition de nos lecteurs cette semaine. Nous allons faire en sorte, chaque semaine, pendant 5 semaines, de publier les autres textes. Parce que c’est un travail de reprise, mais surtout d’amélioration, d’enrichissement. Et nous nous efforçons de servir la qualité. Je peux donc dire à tous ceux qui ont réclamé le hors-série, qu’il arrive. Et ce sera en 5 tomes. Les lecteurs, que ce soient les étudiants, les chercheurs, les universitaires, les hommes politiques, les journalistes qui ont besoin de textes de référence pourront se procurer ce document précieux. Nous y avons des textes qui n’ont peut- être jamais été publiés. Moi, j’ai découvert la dernière fois, avec beaucoup de joie, la déclaration complète de l’indépendance de la Côte d’Ivoire dite par Félix Houphouët-Boigny. Parce que, très souvent, on ne voit ou n’entend que juste la formule lapidaire : «En vertu du droit inaliénable qu’a chaque peuple de disposer de lui-même (….) ». Or là, je me suis rendu compte que c’est un document qui tient sur 2 pages. Nous sommes heureux d’avoir eu à passer d’autres documents. Comme la Charte du Nord, le Traité de protectorat entre la France et le Sanwi (…). C’est un traité qui avait été signé 50 ans avant que la Côte d’Ivoire ne devienne colonie. Nous avons aussi rappelé les événements du Guébié. Là aussi, nous avons présenté la Déclaration de la république d’Eburnie. Je pense qu’il faudrait que les gens comprennent ceci : nous, nous voulons donner des textes, des documents inédits pour que les gens les lisent et s’en imprègnent, parce que certains sont dans les interprétations. Nous disons, alors, au lieu de faire des interprétations, il faut voir auparavant les textes. Je pense que ce devoir de mémoire, ce droit de vérité, en dehors de Fraternité Matin, toutes les structures de recherche devraient s’y atteler. Parce que, quand vous allez en Occident, vous pouvez trouver toute la mémoire sur les faits qui sont survenus ; je veux parler par exemple, des deux guerres mondiales, de la Shoa, du procès de Nurëmberg, etc. C’est ce que nous avons fait, c’est-à-dire restituer des pans de notre histoire aux générations plus jeunes, les rappeler à ceux qui les ont vécus, afin que l’oubli ne les efface pas de nos mémoires.
Je suis heureux de dire à nos lecteurs que, par exemple, concernant l’histoire du Sanwi, le roi qui a beaucoup apprécié la manière dont nous avons traité ce sujet a envoyé des émissaires vers la direction générale de Fraternité Matin. Ce week-end, il veut recevoir une délégation du Groupe pour lui signifier son admiration pour le travail de qualité que nous avons fait ; pour traduire en acte, justement aux responsables de la rédaction et de la direction générale, ses félicitations, ses encouragements. Afin que l’histoire de la Côte d’Ivoire ne soit pas uniquement racontée ou écrite par d’autres, mais aussi par des Ivoiriens.
Comment avez-vous accueilli cette invitation ?
Nous l’avons accueillie avec beaucoup d’humilité, mais aussi avec beaucoup de joie. Parce que, généralement, quand un journaliste travaille bien, il y a des fois où l’on peut l’appeler, lui tout seul, et le féliciter. Or, le roi, dès l’annonce de la parution du dossier sur le Sanwi, a demandé aux uns et aux autres, par l’intermédiaire de son porte-parole, de se ruer sur les journaux.. Il m’a été dit que lui seul en a acheté 300. Dès que j’ai été informé de ce fait, j’ai appelé les responsables d’Edipresse pour que les dotations que l’on enverrait dans cette région, pour cette période, puissent être augmentées par rapport à la forte attente. Le Sanwi a donc lu l’histoire du Sanwi telle que racontée par Fraternité Matin. Il n’ y a pas eu de protestation. Au contraire… Si nous sommes invités, c’est parce que nous avons fait un travail honnête. Je voudrais donc dire, que dans l’action, il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais. Nous, dans l’action, nous avons essayé de garder notre sens de l’éthique ; qui est celle d’être un média d’Etat qui doit rendre compte, qui doit réconcilier. Mais, en même temps, je le dis, notre rôle est d’être une mémoire de vérité. Pour l’histoire. Afin d’éviter les histoires.
Interview réalisée par
Michel Koffi
Ce projet s’inscrit dans la droite ligne de notre devoir de vérité, de notre devoir de mémoire que nous livrons à nos lecteurs en cette période du cinquantenaire. Parce que, comme vous l’avez constaté, la célébration du cinquantenaire en Côte d’Ivoire a été essentiellement axée sur la réflexion. Et Fraternité Matin, qui a célébré ses 45 ans en décembre dernier et qui est donc dépositaire, en partie, d’une bonne partie quand même de la mémoire collective de la Côte d’Ivoire, de son histoire se devait d’apporter un éclairage, d’apporter à nos lecteurs un supplément de lecture. Voilà en gros, la philosophie qui a sous-tendu cette démarche.
Mais auparavant, a eu lieu aussi un concours de nouvelles…
Nous nous sommes inscrit, effectivement, dans la démarche du concours. Parce qu’en règle générale, quand il y a un grand anniversaire, on s’efforce de le marquer par un concours pour permettre à certaines personnes de gagner un souvenir. De grandes maisons de communication et certaines entreprises savent le faire. Et nous, nous avons choisi, en restant dans notre corps de métier, de donner l’occasion à des personnes d’écrire des nouvelles sur les 50 ans de la Côte d’Ivoire. On faisait coup double. D’un, nous permettions à des jeunes ou des moins jeunes qui aiment écrire et qui n’en ont pas toujours l’occasion de le faire. Nous nous inscrivions, et de deux, dans cette démarche : au lieu de festoyer et se retrouver le lendemain sans souvenir, nous offrions là aussi, aux Ivoiriens, des livres ; une compilation de dix nouvelles écrites par de jeunes auteurs puisque la plupart ont moins de 30 ans. Ils sont tous des auteurs en herbe certes, mais certains sont quand même des intellectuels, puisqu’il y a un qui a un doctorat en lettres et qui enseigne à l’Ecole normale supérieure (Ens). C’est pour dire que toutes ces personnes qui sentaient bouillir en elles le besoin de s’exprimer n’en avaient pas eu l’occasion. Eh bien ! Fraternité Matin leur a offert cette opportunité.
En est sorti, à l’issue de ce concours, un recueil des dix premières nouvelles éditées par Frat-Mat Editions
Au départ, nous avions choisi de publier dix nouvelles et de n’en retenir que dix sur les cinquante premiers textes qui nous parviendraient. Le jury qui a lu les textes (parce que nous nous attendions à n’en recevoir qu’une cinquantaine, et nous avons reçu, à l’arrivée, 111) avait voulu, à son tour, faire preuve de symbolisme en en retenant 50 pour rester dans l’esprit du cinquantenaire.
Mais, le jury, en sa toute souveraineté, a remarqué qu’il n’y avait que 15 autres textes qui pouvaient venir compléter les 10 premiers. Ce qui faisait un total de 25 textes. Comme nous nous étions imposé de ne primer que les dix meilleurs, nous avons accédé à la demande du jury, mais les 15 autres textes ont été acceptés hors concours.
Nous avons déjà édité le premier livre avec les 10 lauréats et nous allons éditer un second avec les 15 autres.
Ce qui n’avait pas été bien compris, semble-t-il, par certains participants au concours…
Effectivement, à la suite de la cérémonie de remise des lots aux dix premiers, l’un des lauréats complémentaires a fait une lettre de protestation, estimant que les 15 autres devaient également être primés et récompensés. Nous avons eu des entretiens avec ces personnes et nous venons de recevoir aujourd’hui même (mardi), une lettre dans laquelle 14 des quinze lauréats se désolidarisent de la démarche solitaire entreprise par cette personne qui nous a adressé un courrier avec parfois des termes assez virulents.
Au cours de l’entretien que nous avons accordé à l’ensemble des 15 lauréats en question, nous avons réussi à démontrer au protestataire que les règles du jeu étaient claires. Pour nous, il s’agissait de récompenser 10 lauréats et c’est à la demande du jury que nous avons décidé d’éditer les 15 autres textes. Il ne s’agissait pas pour nous de leur donner de l’argent ou des prix. Bref, tout semble rentré dans l’ordre et nous allons recevoir très bientôt les 14 qui veulent continuer l’aventure avec nous, pour leur faire signer les contrats d’édition et faire paraître leur œuvre.
Revenons au projet éditorial consacré au cinquantenaire. Aujourd’hui prend fin donc cette série. Au terme de ces publications, doit-on s’attendre à une suite sous la forme d’un hors-série ?
Tout à fait ! Il faut dire que nous y avons été obligé par nos lecteurs qui, par téléphone, qui, par mail, nous ont joint pour nous féliciter d’abord pour la qualité du travail abattu ; qui nous ont interpellé ensuite sur certains aspects qui ne leur paraissaient peut-être pas conformes à notre ligne éditoriale.
Sur ce dernier point, je dirais qu’il y a beaucoup de débats. Je m’interroge: parce que média d’Etat, ne doit-on pas dire la vérité, ou rappeler des faits qui se sont déroulés ? D’aucuns insistent sur certains événements que nous aurions retenus dans la publication de nos pages du cinquantenaire, dont on aurait pu faire l’économie. Or, ce sont des événements qui se sont déroulés en Côte d’Ivoire ; ce sont des événements qui ont marqué l’histoire de notre pays. Doit-on, sous le fallacieux prétexte de célébration du cinquantenaire dans la paix, d’une sortie de crise, s’imposer un devoir de censure ? Je pense que le procès que certains nous font est injuste, parce que ce sont des faits qui sont établis et se trouvent déjà dans nos journaux. Je pense qu’à ceux-là, nous pouvons dire que notre intention n’était pas de salir la mémoire d’untel ou l’action d’untel, mais nous nous trouvions dans l’obligation de le faire. C’était un devoir de mémoire. Je peux dire qu’à côté d’une ou de deux personnes qui nous ont interpellé dans ce sens, nous avons eu de nombreuses personnalités, dont d’anciens ministres qui nous ont félicité et nous ont proposé de relier ces rappels précieux en un document.
Notre question demeure
Nous avons donc entrepris cette démarche. Mais nous nous sommes rendu compte que si nous voulions le faire d’un seul tenant, ce document comporterait 200 à 250 pages. Ce serait un bon document, mais il serait trop volumineux. Alors, comme nous avons déjà ici, à Fraternité Matin, une collection que nous avons intitulée «Fraternité Matin, l’incontournable incubateur de la démocratie», nous allons donc, sous la forme de parution beaucoup plus légère, mais dense, saucissonner toutes les parutions et les faire paraître en cinq éditions.
Le premier tome est déjà prêt et devrait pouvoir être à la disposition de nos lecteurs cette semaine. Nous allons faire en sorte, chaque semaine, pendant 5 semaines, de publier les autres textes. Parce que c’est un travail de reprise, mais surtout d’amélioration, d’enrichissement. Et nous nous efforçons de servir la qualité. Je peux donc dire à tous ceux qui ont réclamé le hors-série, qu’il arrive. Et ce sera en 5 tomes. Les lecteurs, que ce soient les étudiants, les chercheurs, les universitaires, les hommes politiques, les journalistes qui ont besoin de textes de référence pourront se procurer ce document précieux. Nous y avons des textes qui n’ont peut- être jamais été publiés. Moi, j’ai découvert la dernière fois, avec beaucoup de joie, la déclaration complète de l’indépendance de la Côte d’Ivoire dite par Félix Houphouët-Boigny. Parce que, très souvent, on ne voit ou n’entend que juste la formule lapidaire : «En vertu du droit inaliénable qu’a chaque peuple de disposer de lui-même (….) ». Or là, je me suis rendu compte que c’est un document qui tient sur 2 pages. Nous sommes heureux d’avoir eu à passer d’autres documents. Comme la Charte du Nord, le Traité de protectorat entre la France et le Sanwi (…). C’est un traité qui avait été signé 50 ans avant que la Côte d’Ivoire ne devienne colonie. Nous avons aussi rappelé les événements du Guébié. Là aussi, nous avons présenté la Déclaration de la république d’Eburnie. Je pense qu’il faudrait que les gens comprennent ceci : nous, nous voulons donner des textes, des documents inédits pour que les gens les lisent et s’en imprègnent, parce que certains sont dans les interprétations. Nous disons, alors, au lieu de faire des interprétations, il faut voir auparavant les textes. Je pense que ce devoir de mémoire, ce droit de vérité, en dehors de Fraternité Matin, toutes les structures de recherche devraient s’y atteler. Parce que, quand vous allez en Occident, vous pouvez trouver toute la mémoire sur les faits qui sont survenus ; je veux parler par exemple, des deux guerres mondiales, de la Shoa, du procès de Nurëmberg, etc. C’est ce que nous avons fait, c’est-à-dire restituer des pans de notre histoire aux générations plus jeunes, les rappeler à ceux qui les ont vécus, afin que l’oubli ne les efface pas de nos mémoires.
Je suis heureux de dire à nos lecteurs que, par exemple, concernant l’histoire du Sanwi, le roi qui a beaucoup apprécié la manière dont nous avons traité ce sujet a envoyé des émissaires vers la direction générale de Fraternité Matin. Ce week-end, il veut recevoir une délégation du Groupe pour lui signifier son admiration pour le travail de qualité que nous avons fait ; pour traduire en acte, justement aux responsables de la rédaction et de la direction générale, ses félicitations, ses encouragements. Afin que l’histoire de la Côte d’Ivoire ne soit pas uniquement racontée ou écrite par d’autres, mais aussi par des Ivoiriens.
Comment avez-vous accueilli cette invitation ?
Nous l’avons accueillie avec beaucoup d’humilité, mais aussi avec beaucoup de joie. Parce que, généralement, quand un journaliste travaille bien, il y a des fois où l’on peut l’appeler, lui tout seul, et le féliciter. Or, le roi, dès l’annonce de la parution du dossier sur le Sanwi, a demandé aux uns et aux autres, par l’intermédiaire de son porte-parole, de se ruer sur les journaux.. Il m’a été dit que lui seul en a acheté 300. Dès que j’ai été informé de ce fait, j’ai appelé les responsables d’Edipresse pour que les dotations que l’on enverrait dans cette région, pour cette période, puissent être augmentées par rapport à la forte attente. Le Sanwi a donc lu l’histoire du Sanwi telle que racontée par Fraternité Matin. Il n’ y a pas eu de protestation. Au contraire… Si nous sommes invités, c’est parce que nous avons fait un travail honnête. Je voudrais donc dire, que dans l’action, il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais. Nous, dans l’action, nous avons essayé de garder notre sens de l’éthique ; qui est celle d’être un média d’Etat qui doit rendre compte, qui doit réconcilier. Mais, en même temps, je le dis, notre rôle est d’être une mémoire de vérité. Pour l’histoire. Afin d’éviter les histoires.
Interview réalisée par
Michel Koffi