« Le 31 octobre, nous allons conquérir notre liberté »
Le directeur national de campagne adjoint de Gbagbo chargé de la jeunesse, Charles Blé Goudé, parle sans détour de la campagne électorale du candidat de La ‘’Majorité présidentielle’’ et des élections prévues pour le 31 octobre 2010. Entretien.
M. Blé Goudé, vous venez d’organiser en moins d’un mois, deux séminaires. L’un avec les Agoras et Parlements et l’autre avec les ‘’Nouveaux Majeurs’’ pour mobiliser les jeunes. La campagne électorale est-elle déjà lancée pour vous ?
C.B. G. : Mais, elle est lancée pour tout le monde. Tout le monde est sur le terrain, c’est pourquoi nous sommes aussi sur le terrain. Le président Laurent Gbagbo a bien voulu nous confier la mobilisation de la jeunesse, c`est-à-dire l’organiser, la mobiliser, l’orienter et la motiver pour que cette jeunesse puisse voter en sa faveur. Pour le faire, il nous faut une boussole, il nous faut un minimum d’organisation et d’orientation. Vous devez comprendre que les équipes qui remportent les batailles sont celles qui sont les mieux organisées. Et ces équipes doivent connaître les raisons pour lesquelles elles vont à la bataille. C’est pourquoi j’ai bien identifié les entités qui composent la jeunesse apte à voter pour leur donner les arguments et les instruments pour aller à la conquête de l’électorat. Il s’agit de leur permettre d’aller bien vendre le produit Gbagbo, le meilleur actuellement sur le marché politique en Côte d’Ivoire.
Quelle va être votre stratégie de campagne ?
C.B. G. : Souffrez que je ne vous livre pas toutes nos stratégies mises en place pour faire triompher Gbagbo au premier tour. Retenez seulement que j’ai demandé aux jeunes d’inonder le pays et de porter le candidat Laurent Gbagbo dans chaque foyer de la Côte d’Ivoire. C’est vrai que notre candidat a un passé politique qui convainc, c’est vrai qu’il est connu. Mais il faut que ses idées soient connues, que ses intentions soient connues. Parce que l’homme veut le pouvoir, mais qu’est-ce qu’il veut en faire. C’est de cela qu’il s’agit. C’est cela que j’ai demandé à mes amis d’expliquer aux Ivoiriens. Après les Agoras et Parlements, puis les ‘’Nouveaux Majeurs’’, nous allons avoir une rencontre avec les jeunes houphouétistes le jeudi 26 août 2010. Mais bien avant, nous allons travailler avec la jeunesse Wê et Dan parce qu’il faut savoir comment la Côte d’Ivoire vote. Quelles sont les habitudes de vote ? Quand vous ne connaissez pas tout cela, vous prêchez dans le vide et vous avez l’impression que vous faites une campagne électorale alors qu’il n’en est rien. En tout cas, en tant que directeur commercial du produit ‘’Gbagbo’’, je suis en train de former mes agents commerciaux, dont certains sont déjà sur le terrain pour vendre notre produit. Pour le reste, sachez qu’en face de Gbagbo, il n’y a rien.
S’il n’y a rien en face de Gbagbo, pourquoi cette débauche d’énergie de votre part pour assurer sa victoire ?
C.B. G. : Je voudrais vous dire que je suis sûr de la victoire de mon candidat. Mais, vous savez que les meilleurs footballeurs mondiaux tels Christiano Ronaldo, Didier Drogba, Kaka s’entrainent toujours quand ils ont un match à livrer, même contre une banale équipe. Il faut toujours être prêt pour aller à une bataille, qu’elle soit politique ou sportive. Au cours d’une élection, rien n’est acquis, au cours d’une campagne électorale, rien n’est acquis. Les lignes bougent. Mais comment faire pour que les lignes bougent en notre faveur, en faveur de notre candidat ? C’est pour cela que nous continuerons de battre campagne jusqu’à la dernière minute du coup d’envoi. Et nous ne voulons pas battre une campagne classique. Je voudrais vous dire, toute modestie mise à part, que j’ai décidé de mettre à la disposition de mon candidat tout ce que j’ai acquis comme connaissance politique, comme expérience politique, tout ce que j’ai comme amitié dans le monde politique, ici comme ailleurs. En fait, j’étais un engagé volontaire, mais maintenant, le candidat Gbagbo m’a mis officiellement en mission. Vous savez, il y a ceux qui sont appelés obligatoirement au drapeau et il y a ceux qui sont les engagés volontaires. Moi, j’étais au départ un engagé volontaire, aujourd’hui mis en mission pour le candidat Gbagbo. L’élection présidentielle prochaine, pour moi, contient beaucoup de choses. Des résultats de cette élection dépendra l’avenir de la Côte d’Ivoire. Avec qui on construira la Côte d’Ivoire de demain ? Là est la question.
L’élection présidentielle, c’est pour le 31 octobre 2010. Cependant, l’établissement de la liste électorale provisoire et la question du désarmement risquent à nouveau de compromettre cette échéance. Que faut-il faire selon vous ?
C.B. G. : Ça, ce n’est pas mon travail. Il faut qu’en ce moment, chacun joue son rôle. Moi je suis chargé de motiver les jeunes et de les organiser pour qu’ils fassent gagner le président Gbagbo. Il y a des équipes technique, juridique et politique aux côtés du président Gbagbo dont le rôle est de régler les questions de liste électorale, de désarmement et autre. Moi je suis sur le terrain. Pour ne pas être surpris, maintenant que la date est connue, je suis en campagne et je ne suis pas chargé de ces questions bien qu’elles revêtent une importance capitale pour moi. J’encourage ceux qui sont en charge de régler cette question de le faire avec beaucoup de minutie et de rapidité pour qu’on aille aux élections et pour qu’on sache enfin qui des candidats en lice, représente quoi dans ce pays.
Faut-il croire que le 31 octobre sera, cette fois, la bonne pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ?
C.B. G. : Je dis toujours qu’en politique, on n’est pas à l’église. A l’église, on croit en Dieu ; en politique on agit, on réfléchit et on pose des actes. La date du 31 octobre 2010 a été fixée et en ce qui me concerne, je demande à toute la jeunesse qui veut une révolution en Côte d’Ivoire, à toute la jeunesse qui veut une Côte d’Ivoire nouvelle dans les 50 années à venir, de savoir avec qui il faut construire la Côte d’Ivoire de l’avenir. Je leur demande de se mettre en ordre de bataille autour du candidat Gbagbo qui est l’espoir de la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo qui est un candidat ivoirien mais qui est candidat pour l’Afrique. Je leur demande de se mettre en ordre de bataille autour de Laurent Gbagbo pour sauver la Côte d’Ivoire, pour que la Côte d’Ivoire puisse conquérir sa liberté. Car le 31 octobre, au-delà des programmes de gouvernement, nous allons conquérir notre liberté. Les Ivoiriens iront conquérir leur liberté définitive, avec Gbagbo en tête. Savez-vous qu’un esprit qui est opprimé ne peut pas produire, un esprit qui a peur ne peut pas produire ? C’est pour cela que Gbagbo nous donnera notre liberté et lorsque nous aurons notre liberté, il va libérer les esprits et vous allez voir le boom économique qui va avoir lieu en Côte d’Ivoire.
Le camp présidentiel auquel vous appartenez n’a pas encore aplani ses divergences internes. Ne faut-il pas craindre pour le candidat Gbagbo ?
C.B. G. : Nous, nous n’avons rien à craindre. C’est vous qui voyez des divergences partout. D’ailleurs, si tel était le cas, mais cela n’est pas exclusif au camp de Gbagbo. Partout dans le monde, dans les coalitions politiques, dans les partis politiques, dans les directions de campagne, il y a un peu de ça. Il y a de petits achoppements mais il ne faut pas en faire un drame. Tant que nous travaillerons ensemble, on va se fâcher mais il ne faut pas laisser l’essentiel pour les petites crises. Moi je pense qu’il faut avancer avec tout ça. Nous-mêmes en tant membres de la direction de campagne, en tant que membres du camp présidentiel, on doit éviter de prêter le flanc. En tout cas moi, je ne suis pas pour qu’on règle nos problèmes dans la presse. Ceux qui parlent de malaise dans le camp présidentiel, ils se trompent. Au RDR, ces problèmes de positionnement existent, au PDCI ces problèmes existent. Partout ces problèmes de positionnement existent, pourquoi vouloir en faire un drame ?
L’affaire Koulibaly-Tagro n’a-t-elle pas eu une incidence négative sur la campagne du candidat de la majorité présidentielle ?
C.B. G. : Ce débat est derrière nous et je souhaite qu’on n’y revienne plus. C’est un problème qui a eu lieu à un moment précis et je pense qu’il faut éviter de remuer le couteau dans cette plaie qui est en train d’être cicatrisée. Je pense que la gloire des leaders que nous sommes n’est pas de perdurer dans les crises qui se posent à nous, c’est notre capacité à rebondir, à régler ces problèmes qui se posent à nous. Et quelles sont les voies que nous utilisons pour les régler. Je pense que cette crise est derrière nous. N’en parlons plus jamais.
Vous serez, samedi 21 et dimanche 22 août, dans l’ouest montagneux, précisément à Bangolo et Man. Qu’est-ce qui vous y conduit ?
C.B. G. : Je vais à l’ouest comme j’irai partout en Côte d’Ivoire, comme j’ai été à Korhogo, comme j’irai à Odienné. J’irai partout. Je ne vais pas à l’ouest pour faire seulement un meeting à Man, je vais à l’ouest pour faire le tour des villages, pour parler aux gens de Laurent Gbagbo. Vous savez que les Dan et les Wê, populations autochtones majoritaires de cette région, se sont opposés à un moment donné avant de se réconcilier grâce aux chefs et aux aînés. La jeunesse de cette région ne peut pas être en marge de cette réconciliation. C’est ce qui explique l’organisation de cet important rassemblement à Man, que nous avons baptisé ‘’Carrefour de la victoire ’’. Les jeunes Wê viendront de Toulepleu, de Bloléquin, de Guiglo, de Duékoué, de Bangolo et les jeunes Dan viendront de Bin-hounien de Zouan-hounien, de Danané, de partout. Nous allons nous rencontrer au stade Léon Robert de Man le dimanche 22 août, à partir de 10h. Et là, je parlerai aux jeunes Wê et Dan. Je leur dirai qu’il faut taire notre petit orgueil, je leur dirai qu’ensemble autour de Gbagbo, nous serons forts pour libérer la Côte d’Ivoire et toute l’Afrique. Je pense que malgré la crise, Laurent Gbagbo essaie de développer comme il peut la Côte d’Ivoire. Il a électrifié 10 fois plus de villages en 10 ans de guerre que le PDCI qui, en 40 ans ne l’a pas fait. Je le dis parce que cela est important. Regardez la courbe économique de la Côte d’Ivoire au niveau des finances. Prenez les indices sous Ouattara en tant que Premier ministre et qui se dit économiste, prenez les indices sous Henri Konan Bédié qui était président de la République de 1993 à 1999, prenez les indices sous Laurent Gbagbo de 2000 à 2010 et faites la comparaison. Vous verrez que quand Ouattara était Premier ministre, la Côte d’Ivoire était en paix, quand Bédié était président, la Côte d’Ivoire était en paix. Comparez ces deux indices aux indices sous Laurent Gbagbo qui a travaillé sur une moitié du pays en pleine crise armée. Lui qui est historien et qui a en face, ceux qui se disent économistes. Bédié a été ministre de l’Economie et des finances, Ouattara a été un grand financier, mais je pense que les Financiers ne se trouvent pas là où le regard est. Laurent Gbagbo est une chance pour la Côte d’Ivoire.
Les derniers déplacements de M. Ouattara, président du RDR, à l’intérieur du pays ont drainé un monde fou. Cela ne vous fait-il pas peur ?
C.B. G. : Non, pas du tout ! Ouattara mobilise autant de foule que moi Blé Goudé. Ouattara mobilise les mêmes foules que moi Blé Goudé. Les mêmes places que je remplis, c’est ce que Ouattara remplit. Mais la différence, c’est qu’il le fait uniquement dans le nord du pays qu’il présente comme son fief. Dites à Ouattara qu’on ne commence pas une campagne électorale dans son fief. Je vous ai dit que ce monsieur ne connaît rien de la politique. D’ailleurs, Ouattara fait face en ce moment à l’équipe junior de Laurent Gbagbo qui mobilise les mêmes foules que lui. Imaginez-vous que quand notre champion, qui est actuellement dans les vestiaires en train de s’échauffer, va effectuer sa rentrée sur le terrain. Mais Gbagbo va faire deux fois plus de foule que Ouattara. Laurent Gbagbo va remporter ces élections et nous nous préparons pour cela. Ouattara ne peut pas se comparer à Gbagbo, c’est pourquoi je dis qu’il n’y a rien en face. Mon rôle est de contenir Ouattara et de l’égaler dans les foules en attendant que Laurent Gbagbo entre en scène, et vous le verrez dans les semaines à venir. Je vais à Man pour prouver que même dans les zones dites assiégées, l’équipe junior de Laurent Gbagbo joue jeu égal avec Ouattara.
Que retenez-vous de ces 50 ans de la Côte d’Ivoire ?
C.B. G. : J’ai un groupe d’étude avec lequel nous avons réfléchi sur le cinquantenaire de l’Afrique. Beaucoup ont festoyé, vous m’avez vu en retrait. Ma question principale était celle-ci : 50 années de dépendance ou 50 années d’indépendance ? C’est la question que je me suis posée. Les pays africains ont-ils réellement été indépendants pendant 50 ans ? Quand notre monnaie est gérée par le Trésor français, quand nos pays sont presqu’occupés par l’armée française avec des bases militaires partout, ils ne sont même pas encore partis, quand la France est encore le porte-parole de la plupart des pays francophones à l’ONU, quand nous ne décidons pas encore réellement pour nous-mêmes, par nous-mêmes et de nous-mêmes, sommes-nous réellement indépendants ? Pour moi, ce cinquantenaire est le lieu de faire le bilan des erreurs commises, des faiblesses, des raisons qui amènent jusqu’aujourd’hui les anciennes puissances à continuer de nous dominer. Et comment s’en démarquer ? Comment expliquons-nous qu’il y a quelques années, nous étions au même niveau de sous-développement que les pays asiatiques tels que le Chine et qu’aujourd’hui, ces pays- là sont en train de concurrencer les économies occidentales pendant que nous travaillons encore avec la daba ? Voilà autant de questions qu’on doit se poser puis dresser un bilan. Une fois qu’on a fait ce bilan, que voulons-nous faire de l’Afrique dans les 50 années à venir et avec qui voulons-nous construire cette Afrique ? Avec des leaders avertis à mon avis.
Vous êtes donc pour une rupture pour les 50 années à venir ?
C.B. G. : L’heure est arrivée d’opérer une rupture. On n’opère pas une rupture de manière brutale. On opère une rupture dans les comportements, dans les mentalités, dans la manière de faire, on opère une rupture dans les attitudes. On ne doit pas se résigner à être toujours supporté par les autres. Comment nous libérons-nous ? Quel est le système que nous choisissons ? Cher ami, je pense qu’il nous faut des leaders qui eux-mêmes sont des instruments de notre libération et de notre liberté. C’est pourquoi je dis toujours aux jeunes gens de Côte d’Ivoire que le 31 octobre 2010, la Côte d’Ivoire va conquérir sa vraie liberté, avec Laurent Gbagbo à la tête. Cet historien qui a pour avantage de connaître l’histoire de tous ces pays africains, donc qui sait comment éviter les pièges pour sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière.
Réalisée par
TRA BI Charles
Coll : Hervé Kpodion
Le directeur national de campagne adjoint de Gbagbo chargé de la jeunesse, Charles Blé Goudé, parle sans détour de la campagne électorale du candidat de La ‘’Majorité présidentielle’’ et des élections prévues pour le 31 octobre 2010. Entretien.
M. Blé Goudé, vous venez d’organiser en moins d’un mois, deux séminaires. L’un avec les Agoras et Parlements et l’autre avec les ‘’Nouveaux Majeurs’’ pour mobiliser les jeunes. La campagne électorale est-elle déjà lancée pour vous ?
C.B. G. : Mais, elle est lancée pour tout le monde. Tout le monde est sur le terrain, c’est pourquoi nous sommes aussi sur le terrain. Le président Laurent Gbagbo a bien voulu nous confier la mobilisation de la jeunesse, c`est-à-dire l’organiser, la mobiliser, l’orienter et la motiver pour que cette jeunesse puisse voter en sa faveur. Pour le faire, il nous faut une boussole, il nous faut un minimum d’organisation et d’orientation. Vous devez comprendre que les équipes qui remportent les batailles sont celles qui sont les mieux organisées. Et ces équipes doivent connaître les raisons pour lesquelles elles vont à la bataille. C’est pourquoi j’ai bien identifié les entités qui composent la jeunesse apte à voter pour leur donner les arguments et les instruments pour aller à la conquête de l’électorat. Il s’agit de leur permettre d’aller bien vendre le produit Gbagbo, le meilleur actuellement sur le marché politique en Côte d’Ivoire.
Quelle va être votre stratégie de campagne ?
C.B. G. : Souffrez que je ne vous livre pas toutes nos stratégies mises en place pour faire triompher Gbagbo au premier tour. Retenez seulement que j’ai demandé aux jeunes d’inonder le pays et de porter le candidat Laurent Gbagbo dans chaque foyer de la Côte d’Ivoire. C’est vrai que notre candidat a un passé politique qui convainc, c’est vrai qu’il est connu. Mais il faut que ses idées soient connues, que ses intentions soient connues. Parce que l’homme veut le pouvoir, mais qu’est-ce qu’il veut en faire. C’est de cela qu’il s’agit. C’est cela que j’ai demandé à mes amis d’expliquer aux Ivoiriens. Après les Agoras et Parlements, puis les ‘’Nouveaux Majeurs’’, nous allons avoir une rencontre avec les jeunes houphouétistes le jeudi 26 août 2010. Mais bien avant, nous allons travailler avec la jeunesse Wê et Dan parce qu’il faut savoir comment la Côte d’Ivoire vote. Quelles sont les habitudes de vote ? Quand vous ne connaissez pas tout cela, vous prêchez dans le vide et vous avez l’impression que vous faites une campagne électorale alors qu’il n’en est rien. En tout cas, en tant que directeur commercial du produit ‘’Gbagbo’’, je suis en train de former mes agents commerciaux, dont certains sont déjà sur le terrain pour vendre notre produit. Pour le reste, sachez qu’en face de Gbagbo, il n’y a rien.
S’il n’y a rien en face de Gbagbo, pourquoi cette débauche d’énergie de votre part pour assurer sa victoire ?
C.B. G. : Je voudrais vous dire que je suis sûr de la victoire de mon candidat. Mais, vous savez que les meilleurs footballeurs mondiaux tels Christiano Ronaldo, Didier Drogba, Kaka s’entrainent toujours quand ils ont un match à livrer, même contre une banale équipe. Il faut toujours être prêt pour aller à une bataille, qu’elle soit politique ou sportive. Au cours d’une élection, rien n’est acquis, au cours d’une campagne électorale, rien n’est acquis. Les lignes bougent. Mais comment faire pour que les lignes bougent en notre faveur, en faveur de notre candidat ? C’est pour cela que nous continuerons de battre campagne jusqu’à la dernière minute du coup d’envoi. Et nous ne voulons pas battre une campagne classique. Je voudrais vous dire, toute modestie mise à part, que j’ai décidé de mettre à la disposition de mon candidat tout ce que j’ai acquis comme connaissance politique, comme expérience politique, tout ce que j’ai comme amitié dans le monde politique, ici comme ailleurs. En fait, j’étais un engagé volontaire, mais maintenant, le candidat Gbagbo m’a mis officiellement en mission. Vous savez, il y a ceux qui sont appelés obligatoirement au drapeau et il y a ceux qui sont les engagés volontaires. Moi, j’étais au départ un engagé volontaire, aujourd’hui mis en mission pour le candidat Gbagbo. L’élection présidentielle prochaine, pour moi, contient beaucoup de choses. Des résultats de cette élection dépendra l’avenir de la Côte d’Ivoire. Avec qui on construira la Côte d’Ivoire de demain ? Là est la question.
L’élection présidentielle, c’est pour le 31 octobre 2010. Cependant, l’établissement de la liste électorale provisoire et la question du désarmement risquent à nouveau de compromettre cette échéance. Que faut-il faire selon vous ?
C.B. G. : Ça, ce n’est pas mon travail. Il faut qu’en ce moment, chacun joue son rôle. Moi je suis chargé de motiver les jeunes et de les organiser pour qu’ils fassent gagner le président Gbagbo. Il y a des équipes technique, juridique et politique aux côtés du président Gbagbo dont le rôle est de régler les questions de liste électorale, de désarmement et autre. Moi je suis sur le terrain. Pour ne pas être surpris, maintenant que la date est connue, je suis en campagne et je ne suis pas chargé de ces questions bien qu’elles revêtent une importance capitale pour moi. J’encourage ceux qui sont en charge de régler cette question de le faire avec beaucoup de minutie et de rapidité pour qu’on aille aux élections et pour qu’on sache enfin qui des candidats en lice, représente quoi dans ce pays.
Faut-il croire que le 31 octobre sera, cette fois, la bonne pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire ?
C.B. G. : Je dis toujours qu’en politique, on n’est pas à l’église. A l’église, on croit en Dieu ; en politique on agit, on réfléchit et on pose des actes. La date du 31 octobre 2010 a été fixée et en ce qui me concerne, je demande à toute la jeunesse qui veut une révolution en Côte d’Ivoire, à toute la jeunesse qui veut une Côte d’Ivoire nouvelle dans les 50 années à venir, de savoir avec qui il faut construire la Côte d’Ivoire de l’avenir. Je leur demande de se mettre en ordre de bataille autour du candidat Gbagbo qui est l’espoir de la Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo qui est un candidat ivoirien mais qui est candidat pour l’Afrique. Je leur demande de se mettre en ordre de bataille autour de Laurent Gbagbo pour sauver la Côte d’Ivoire, pour que la Côte d’Ivoire puisse conquérir sa liberté. Car le 31 octobre, au-delà des programmes de gouvernement, nous allons conquérir notre liberté. Les Ivoiriens iront conquérir leur liberté définitive, avec Gbagbo en tête. Savez-vous qu’un esprit qui est opprimé ne peut pas produire, un esprit qui a peur ne peut pas produire ? C’est pour cela que Gbagbo nous donnera notre liberté et lorsque nous aurons notre liberté, il va libérer les esprits et vous allez voir le boom économique qui va avoir lieu en Côte d’Ivoire.
Le camp présidentiel auquel vous appartenez n’a pas encore aplani ses divergences internes. Ne faut-il pas craindre pour le candidat Gbagbo ?
C.B. G. : Nous, nous n’avons rien à craindre. C’est vous qui voyez des divergences partout. D’ailleurs, si tel était le cas, mais cela n’est pas exclusif au camp de Gbagbo. Partout dans le monde, dans les coalitions politiques, dans les partis politiques, dans les directions de campagne, il y a un peu de ça. Il y a de petits achoppements mais il ne faut pas en faire un drame. Tant que nous travaillerons ensemble, on va se fâcher mais il ne faut pas laisser l’essentiel pour les petites crises. Moi je pense qu’il faut avancer avec tout ça. Nous-mêmes en tant membres de la direction de campagne, en tant que membres du camp présidentiel, on doit éviter de prêter le flanc. En tout cas moi, je ne suis pas pour qu’on règle nos problèmes dans la presse. Ceux qui parlent de malaise dans le camp présidentiel, ils se trompent. Au RDR, ces problèmes de positionnement existent, au PDCI ces problèmes existent. Partout ces problèmes de positionnement existent, pourquoi vouloir en faire un drame ?
L’affaire Koulibaly-Tagro n’a-t-elle pas eu une incidence négative sur la campagne du candidat de la majorité présidentielle ?
C.B. G. : Ce débat est derrière nous et je souhaite qu’on n’y revienne plus. C’est un problème qui a eu lieu à un moment précis et je pense qu’il faut éviter de remuer le couteau dans cette plaie qui est en train d’être cicatrisée. Je pense que la gloire des leaders que nous sommes n’est pas de perdurer dans les crises qui se posent à nous, c’est notre capacité à rebondir, à régler ces problèmes qui se posent à nous. Et quelles sont les voies que nous utilisons pour les régler. Je pense que cette crise est derrière nous. N’en parlons plus jamais.
Vous serez, samedi 21 et dimanche 22 août, dans l’ouest montagneux, précisément à Bangolo et Man. Qu’est-ce qui vous y conduit ?
C.B. G. : Je vais à l’ouest comme j’irai partout en Côte d’Ivoire, comme j’ai été à Korhogo, comme j’irai à Odienné. J’irai partout. Je ne vais pas à l’ouest pour faire seulement un meeting à Man, je vais à l’ouest pour faire le tour des villages, pour parler aux gens de Laurent Gbagbo. Vous savez que les Dan et les Wê, populations autochtones majoritaires de cette région, se sont opposés à un moment donné avant de se réconcilier grâce aux chefs et aux aînés. La jeunesse de cette région ne peut pas être en marge de cette réconciliation. C’est ce qui explique l’organisation de cet important rassemblement à Man, que nous avons baptisé ‘’Carrefour de la victoire ’’. Les jeunes Wê viendront de Toulepleu, de Bloléquin, de Guiglo, de Duékoué, de Bangolo et les jeunes Dan viendront de Bin-hounien de Zouan-hounien, de Danané, de partout. Nous allons nous rencontrer au stade Léon Robert de Man le dimanche 22 août, à partir de 10h. Et là, je parlerai aux jeunes Wê et Dan. Je leur dirai qu’il faut taire notre petit orgueil, je leur dirai qu’ensemble autour de Gbagbo, nous serons forts pour libérer la Côte d’Ivoire et toute l’Afrique. Je pense que malgré la crise, Laurent Gbagbo essaie de développer comme il peut la Côte d’Ivoire. Il a électrifié 10 fois plus de villages en 10 ans de guerre que le PDCI qui, en 40 ans ne l’a pas fait. Je le dis parce que cela est important. Regardez la courbe économique de la Côte d’Ivoire au niveau des finances. Prenez les indices sous Ouattara en tant que Premier ministre et qui se dit économiste, prenez les indices sous Henri Konan Bédié qui était président de la République de 1993 à 1999, prenez les indices sous Laurent Gbagbo de 2000 à 2010 et faites la comparaison. Vous verrez que quand Ouattara était Premier ministre, la Côte d’Ivoire était en paix, quand Bédié était président, la Côte d’Ivoire était en paix. Comparez ces deux indices aux indices sous Laurent Gbagbo qui a travaillé sur une moitié du pays en pleine crise armée. Lui qui est historien et qui a en face, ceux qui se disent économistes. Bédié a été ministre de l’Economie et des finances, Ouattara a été un grand financier, mais je pense que les Financiers ne se trouvent pas là où le regard est. Laurent Gbagbo est une chance pour la Côte d’Ivoire.
Les derniers déplacements de M. Ouattara, président du RDR, à l’intérieur du pays ont drainé un monde fou. Cela ne vous fait-il pas peur ?
C.B. G. : Non, pas du tout ! Ouattara mobilise autant de foule que moi Blé Goudé. Ouattara mobilise les mêmes foules que moi Blé Goudé. Les mêmes places que je remplis, c’est ce que Ouattara remplit. Mais la différence, c’est qu’il le fait uniquement dans le nord du pays qu’il présente comme son fief. Dites à Ouattara qu’on ne commence pas une campagne électorale dans son fief. Je vous ai dit que ce monsieur ne connaît rien de la politique. D’ailleurs, Ouattara fait face en ce moment à l’équipe junior de Laurent Gbagbo qui mobilise les mêmes foules que lui. Imaginez-vous que quand notre champion, qui est actuellement dans les vestiaires en train de s’échauffer, va effectuer sa rentrée sur le terrain. Mais Gbagbo va faire deux fois plus de foule que Ouattara. Laurent Gbagbo va remporter ces élections et nous nous préparons pour cela. Ouattara ne peut pas se comparer à Gbagbo, c’est pourquoi je dis qu’il n’y a rien en face. Mon rôle est de contenir Ouattara et de l’égaler dans les foules en attendant que Laurent Gbagbo entre en scène, et vous le verrez dans les semaines à venir. Je vais à Man pour prouver que même dans les zones dites assiégées, l’équipe junior de Laurent Gbagbo joue jeu égal avec Ouattara.
Que retenez-vous de ces 50 ans de la Côte d’Ivoire ?
C.B. G. : J’ai un groupe d’étude avec lequel nous avons réfléchi sur le cinquantenaire de l’Afrique. Beaucoup ont festoyé, vous m’avez vu en retrait. Ma question principale était celle-ci : 50 années de dépendance ou 50 années d’indépendance ? C’est la question que je me suis posée. Les pays africains ont-ils réellement été indépendants pendant 50 ans ? Quand notre monnaie est gérée par le Trésor français, quand nos pays sont presqu’occupés par l’armée française avec des bases militaires partout, ils ne sont même pas encore partis, quand la France est encore le porte-parole de la plupart des pays francophones à l’ONU, quand nous ne décidons pas encore réellement pour nous-mêmes, par nous-mêmes et de nous-mêmes, sommes-nous réellement indépendants ? Pour moi, ce cinquantenaire est le lieu de faire le bilan des erreurs commises, des faiblesses, des raisons qui amènent jusqu’aujourd’hui les anciennes puissances à continuer de nous dominer. Et comment s’en démarquer ? Comment expliquons-nous qu’il y a quelques années, nous étions au même niveau de sous-développement que les pays asiatiques tels que le Chine et qu’aujourd’hui, ces pays- là sont en train de concurrencer les économies occidentales pendant que nous travaillons encore avec la daba ? Voilà autant de questions qu’on doit se poser puis dresser un bilan. Une fois qu’on a fait ce bilan, que voulons-nous faire de l’Afrique dans les 50 années à venir et avec qui voulons-nous construire cette Afrique ? Avec des leaders avertis à mon avis.
Vous êtes donc pour une rupture pour les 50 années à venir ?
C.B. G. : L’heure est arrivée d’opérer une rupture. On n’opère pas une rupture de manière brutale. On opère une rupture dans les comportements, dans les mentalités, dans la manière de faire, on opère une rupture dans les attitudes. On ne doit pas se résigner à être toujours supporté par les autres. Comment nous libérons-nous ? Quel est le système que nous choisissons ? Cher ami, je pense qu’il nous faut des leaders qui eux-mêmes sont des instruments de notre libération et de notre liberté. C’est pourquoi je dis toujours aux jeunes gens de Côte d’Ivoire que le 31 octobre 2010, la Côte d’Ivoire va conquérir sa vraie liberté, avec Laurent Gbagbo à la tête. Cet historien qui a pour avantage de connaître l’histoire de tous ces pays africains, donc qui sait comment éviter les pièges pour sortir la Côte d’Ivoire de l’ornière.
Réalisée par
TRA BI Charles
Coll : Hervé Kpodion