Innocent Anaky Kobena, président du Mouvement des forces d`avenir (Mfa), n`est pas inconnu des Ivoiriens. Lui qui est souvent intervenu dans les débats touchant à la vie de la nation avec des prises de positions jugées extrémistes ambitionne, comme les autres candidats à la présidentielle, de devenir le prochain président ivoirien.
Anaky Kobena ou le Rajoelina ivoirien comme le désigne la presse en Côte d`Ivoire est l`un des 14 candidats retenus pour la présidentielle d`octobre 2010. Fils d`un proche collaborateur d`Houphouet-Boigny, premier président de la Côte d`Ivoire, Anaky Kobena était un opérateur économique prospère qui a été, à la fin des années 80, l`un des premiers financiers du Front populaire ivoirien (Fpi). Il a, en effet, participé en novembre 1988 à la création de ce parti aux côtés de Laurent Gbagbo. Arrêté au sortir du congrès constitutif de cette formation politique tenu à Dabou, il a été écroué à la Maison d`arrêt et de correction d`Abidjan (Maca) après avoir été condamné à 20 ans de prison. Mais Houphouet-Boigny, sous la pression de la rue le libère 3 ans plus tard, en 1991.Le candidat du Mouvement des forces d`avenir (Mfa) est assez connu dans l`opinion nationale et internationale pour ses prises de positions radicales. D`Houphouet à Laurent Gbagbo, il s`est montré insatisfait, intraitable, extremis à la limite. Son discours n`a pas varié d`une époque à l`autre. Sous Houphouet Boigny, en 1992 déjà, dans le cadre d`une marche que projetait l`opposition le 18 février, Anaky avait lancé, au cours d`une conférence de presse, la fameuse idée “ d’un assaut final ”. Idée qui a entrainé sa disgrâce et finalement son départ du Front populaire ivoirien. Non moins tendre à l`égard de Henri Konan Bédié et de Robert Guéi, le président du Mfa s`est montré particulièrement dur avec l`actuel chef de l`État. Est-ce par dépit amoureux ? « Pas du tout »a-t-il fait savoir. « Je suis pratiquement incapable d’en vouloir à qui que ce soit. Gbagbo et moi, nous nous sommes rencontrés en politique. Et par rapport à un projet politique, relativement à ce que nous pouvions apporter, à travers la lutte. C’est pour cette raison que nous nous étions inscrits contre le régime du parti unique. C’est par rapport à ce passé commun politique qu’Anaky Kobena, aujourd’hui, leader politique, regarde et interpelle Laurent Gbagbo. Anaky Kobena estime qu’au départ, des engagements ont été pris, vis-à-vis du peuple.
Nous avions décidé de faire quelque chose pour ce peuple. Aujourd’hui, Laurent Gbagbo, arrivé au pouvoir, a trahi ses engagements. Nous n’avons rien vu se réaliser. Toutes les promesses d’hier et les engagements sont tombés dans le lac. C’est plutôt pire ce qu’on voit avec son régime.
C’est me faire son complice si je me tais. C’est pour cela, je suis peut-être le plus critique et le plus intraitable vis-à-vis de Laurent Gbagbo »,a-t-il dit dans une interview accordé à Soir Info parue le 12 mai 2010. Toutefois, Anaky Kobena a souhaité « frapper » le régime de la « refondation », dans le cadre de la marche projetée le 15 mai 2010 par les jeunes du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, une coalition de partis politiques de l`opposition) et avortée in extremis. Celui-ci avait appelé les populations à descendre dans les rues jusqu`à ce que le chef de l`État quitte le pouvoir.
Des show médiatiques
Anaky Kobena, on peut le dire avait fait du vuvuzela (du bruit) pour que son rêve de voir Laurent Gbagbo partir du palais présidentiel devienne réalité. Au cours des conférences de presse, Anaky ne cessait d`exprimer ce souhait. Il ne manquait aucune occasion de dire à qui veut l`entendre qu`il faut chasser Gbagbo du pouvoir. « Pour bien saisir et cerner l’enjeu de cette manifestation (marche du 15 mai 2010, ndlr), il faut comprendre les origines de ce à quoi nous avons affaire. Cette manifestation a deux origines différentes. La première origine : ce sont les jeunes leaders du Rhdp, issus du Pdci, le Rdr, du Mfa et de l’Udpci, qui, depuis avril 2010, préparent une grande marche pour le 15 mai et qui devait être la marche de la libération de la Côte d’Ivoire. Cette marche traduit leur désespoir de constater qu’au premier trimestre 2010, il n’y a toujours pas d’élection. (...) La Côte d’Ivoire est totalement enfermée dans un ghetto social et politique et que les perspectives d’en sortir qui reposent sur des élections, sont plus que jamais compromises. (…) La vie des Ivoiriens, aujourd’hui, est misérable et scandaleuse. Il est inimaginable que la Côte d’Ivoire, avec le potentiel de richesse, agricole, minière et surtout humain, soit pauvre et misérable à ce point », avait-il expliqué. On imagine sa déception lorsque Konan Bédié du Parti démocratique de Cote d`Ivoire (Pdci) et Alassane Ouattara du Rassemblement des républicains (Rdr), ses alliés du Rhdp, ont au dernier moment fait ajourner ce projet. Ce genre de messages que d`aucuns ont vite fait de qualifier d` « appel à l`insurrection » n`était pas un cas isolé. L`homme est coutumier de ce type d`intervention. L`on se souvient, en effet qu`en mars 2009, une sortie télévisée dans cet ordre d`idée lui a valu une interpellation et un séjour de plusieurs heures dans les locaux de la DST ( Direction de la surveillance du territoire). En effet, invité de la 1ère chaîne de la Rti, à une émission politique de grande audience, le président du Mfa a demandé au peuple de Cote d`Ivoire de prendre son destin en main en s’inspirant de l’exemple Malgache. Anaky qui a dit ne plus croire en l’aboutissement heureux de l’accord politique de Ouagadougou, signé le 4 mars 2007 par Laurent Gbagbo (président de la République) et Guillaume Soro ( secrétaire général des Forces nouvelles) a estimé qu’une transition “ de 12 à 24 mois ” devrait avoir lieu. “ Madagascar est un bel exemple à suivre pour les Ivoiriens ” s’était-il exclamé, faisant allusion à la prise de pouvoir du chef de l’opposition malgache Andry Rajoelina, qui a contraint son rival Marc Ravalomanama à la démission après deux mois de manifestations de rue. “ Prenez vos responsabilités. Tout est possible et tout est entre vos mains ” a-t-il ajouté, après avoir auparavant, proposé, la mise sur pieds “ d’un Haut Conseil de la République ” excluant “ les dirigeants actuels ”.
présence discrète sur le terrain
Le président du Mfa, disons-le, est plus présent dans la presse, qu` il ne l`est sur le terrain.
Anaky, contrairement à ses adversaires passe, presque inaperçu. Le corps à corps avec les populations est discret. Sans tambour ni trompette, le Mfa bat la campagne. « Le président Anaky a conduit deux tournées, une à Yamoussoukro en juillet dernier et une autre dans le zanzan dans de mois d`aout. En plus le secrétaire général du parti Philippe Légré était à Fresco du 15 au 20 aout dernier. A la fin de ce mois, nous aurons des tournées politiques éclatées dans les 19 régions du pays qui seront conduites par les cadres du parti », a souligné le 19 aout 2010, Jonas Gary, directeur central chargé des élections et régions du Mfa, au cours d`un échange.
Anaky se fait beaucoup plus entendre par le canal de la presse écrite et audio visuelle, exploitant à fond la puissance de ce mode de séduction de l`électorat. Des observateurs ont fait remarquer que tenir une conférence de presse est moins onéreuse et parfois plus efficace (vu que le message est instantanément amplifié à travers le pays) que d`organiser un déplacement sur le terrain avec tous les risques que cela comportent. Et pourtant le fait de se frotter aux populations, toucher du doigt leurs réalités vaut son pesant d`or. Ce que n`ignore pas le député de Kouassidatékro. « Notre stratégie pour séduire l’électorat est d’abord notre projet de société et programme de gouvernement qui s’intéresse à la vie au quotidien des ivoiriens de toutes classes sociales et de tout genre. Nous avons une approche participative qui permet au peuple d’être dans la campagne, de participer à la campagne parce que nous nous mettons au niveau de la population pour expliquer nos futures réalisations. Nous axons notre campagne sur les difficultés du peuple sur l’auto-suffisance alimentaire. Nous ne faisons pas des promesses extravagantes, nos promesses sont basées sur le vécu parce que nous sommes proche des ivoiriens nous connaissons ce qu’ils vivent comme difficulté et comme bonheur. Notre campagne qui est adaptée à la réalité n’est pas une campagne de fanfaronnade. Aussi le MFA ne ment pas aux ivoiriens. Le MFA dit la vérité aux ivoiriens comme c’est si bien le faire son candidat le président Anaky Kobena », a soutenu Jonas Gary. Il faut croire que le Mfa affine sa stratégie pour «attaquer» de front le terrain, pour... battre Laurent Gbagbo, dans les urnes.
Jonas BAIKEH
jpbaikeh@yahoo.fr
Anaky Kobena ou le Rajoelina ivoirien comme le désigne la presse en Côte d`Ivoire est l`un des 14 candidats retenus pour la présidentielle d`octobre 2010. Fils d`un proche collaborateur d`Houphouet-Boigny, premier président de la Côte d`Ivoire, Anaky Kobena était un opérateur économique prospère qui a été, à la fin des années 80, l`un des premiers financiers du Front populaire ivoirien (Fpi). Il a, en effet, participé en novembre 1988 à la création de ce parti aux côtés de Laurent Gbagbo. Arrêté au sortir du congrès constitutif de cette formation politique tenu à Dabou, il a été écroué à la Maison d`arrêt et de correction d`Abidjan (Maca) après avoir été condamné à 20 ans de prison. Mais Houphouet-Boigny, sous la pression de la rue le libère 3 ans plus tard, en 1991.Le candidat du Mouvement des forces d`avenir (Mfa) est assez connu dans l`opinion nationale et internationale pour ses prises de positions radicales. D`Houphouet à Laurent Gbagbo, il s`est montré insatisfait, intraitable, extremis à la limite. Son discours n`a pas varié d`une époque à l`autre. Sous Houphouet Boigny, en 1992 déjà, dans le cadre d`une marche que projetait l`opposition le 18 février, Anaky avait lancé, au cours d`une conférence de presse, la fameuse idée “ d’un assaut final ”. Idée qui a entrainé sa disgrâce et finalement son départ du Front populaire ivoirien. Non moins tendre à l`égard de Henri Konan Bédié et de Robert Guéi, le président du Mfa s`est montré particulièrement dur avec l`actuel chef de l`État. Est-ce par dépit amoureux ? « Pas du tout »a-t-il fait savoir. « Je suis pratiquement incapable d’en vouloir à qui que ce soit. Gbagbo et moi, nous nous sommes rencontrés en politique. Et par rapport à un projet politique, relativement à ce que nous pouvions apporter, à travers la lutte. C’est pour cette raison que nous nous étions inscrits contre le régime du parti unique. C’est par rapport à ce passé commun politique qu’Anaky Kobena, aujourd’hui, leader politique, regarde et interpelle Laurent Gbagbo. Anaky Kobena estime qu’au départ, des engagements ont été pris, vis-à-vis du peuple.
Nous avions décidé de faire quelque chose pour ce peuple. Aujourd’hui, Laurent Gbagbo, arrivé au pouvoir, a trahi ses engagements. Nous n’avons rien vu se réaliser. Toutes les promesses d’hier et les engagements sont tombés dans le lac. C’est plutôt pire ce qu’on voit avec son régime.
C’est me faire son complice si je me tais. C’est pour cela, je suis peut-être le plus critique et le plus intraitable vis-à-vis de Laurent Gbagbo »,a-t-il dit dans une interview accordé à Soir Info parue le 12 mai 2010. Toutefois, Anaky Kobena a souhaité « frapper » le régime de la « refondation », dans le cadre de la marche projetée le 15 mai 2010 par les jeunes du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, une coalition de partis politiques de l`opposition) et avortée in extremis. Celui-ci avait appelé les populations à descendre dans les rues jusqu`à ce que le chef de l`État quitte le pouvoir.
Des show médiatiques
Anaky Kobena, on peut le dire avait fait du vuvuzela (du bruit) pour que son rêve de voir Laurent Gbagbo partir du palais présidentiel devienne réalité. Au cours des conférences de presse, Anaky ne cessait d`exprimer ce souhait. Il ne manquait aucune occasion de dire à qui veut l`entendre qu`il faut chasser Gbagbo du pouvoir. « Pour bien saisir et cerner l’enjeu de cette manifestation (marche du 15 mai 2010, ndlr), il faut comprendre les origines de ce à quoi nous avons affaire. Cette manifestation a deux origines différentes. La première origine : ce sont les jeunes leaders du Rhdp, issus du Pdci, le Rdr, du Mfa et de l’Udpci, qui, depuis avril 2010, préparent une grande marche pour le 15 mai et qui devait être la marche de la libération de la Côte d’Ivoire. Cette marche traduit leur désespoir de constater qu’au premier trimestre 2010, il n’y a toujours pas d’élection. (...) La Côte d’Ivoire est totalement enfermée dans un ghetto social et politique et que les perspectives d’en sortir qui reposent sur des élections, sont plus que jamais compromises. (…) La vie des Ivoiriens, aujourd’hui, est misérable et scandaleuse. Il est inimaginable que la Côte d’Ivoire, avec le potentiel de richesse, agricole, minière et surtout humain, soit pauvre et misérable à ce point », avait-il expliqué. On imagine sa déception lorsque Konan Bédié du Parti démocratique de Cote d`Ivoire (Pdci) et Alassane Ouattara du Rassemblement des républicains (Rdr), ses alliés du Rhdp, ont au dernier moment fait ajourner ce projet. Ce genre de messages que d`aucuns ont vite fait de qualifier d` « appel à l`insurrection » n`était pas un cas isolé. L`homme est coutumier de ce type d`intervention. L`on se souvient, en effet qu`en mars 2009, une sortie télévisée dans cet ordre d`idée lui a valu une interpellation et un séjour de plusieurs heures dans les locaux de la DST ( Direction de la surveillance du territoire). En effet, invité de la 1ère chaîne de la Rti, à une émission politique de grande audience, le président du Mfa a demandé au peuple de Cote d`Ivoire de prendre son destin en main en s’inspirant de l’exemple Malgache. Anaky qui a dit ne plus croire en l’aboutissement heureux de l’accord politique de Ouagadougou, signé le 4 mars 2007 par Laurent Gbagbo (président de la République) et Guillaume Soro ( secrétaire général des Forces nouvelles) a estimé qu’une transition “ de 12 à 24 mois ” devrait avoir lieu. “ Madagascar est un bel exemple à suivre pour les Ivoiriens ” s’était-il exclamé, faisant allusion à la prise de pouvoir du chef de l’opposition malgache Andry Rajoelina, qui a contraint son rival Marc Ravalomanama à la démission après deux mois de manifestations de rue. “ Prenez vos responsabilités. Tout est possible et tout est entre vos mains ” a-t-il ajouté, après avoir auparavant, proposé, la mise sur pieds “ d’un Haut Conseil de la République ” excluant “ les dirigeants actuels ”.
présence discrète sur le terrain
Le président du Mfa, disons-le, est plus présent dans la presse, qu` il ne l`est sur le terrain.
Anaky, contrairement à ses adversaires passe, presque inaperçu. Le corps à corps avec les populations est discret. Sans tambour ni trompette, le Mfa bat la campagne. « Le président Anaky a conduit deux tournées, une à Yamoussoukro en juillet dernier et une autre dans le zanzan dans de mois d`aout. En plus le secrétaire général du parti Philippe Légré était à Fresco du 15 au 20 aout dernier. A la fin de ce mois, nous aurons des tournées politiques éclatées dans les 19 régions du pays qui seront conduites par les cadres du parti », a souligné le 19 aout 2010, Jonas Gary, directeur central chargé des élections et régions du Mfa, au cours d`un échange.
Anaky se fait beaucoup plus entendre par le canal de la presse écrite et audio visuelle, exploitant à fond la puissance de ce mode de séduction de l`électorat. Des observateurs ont fait remarquer que tenir une conférence de presse est moins onéreuse et parfois plus efficace (vu que le message est instantanément amplifié à travers le pays) que d`organiser un déplacement sur le terrain avec tous les risques que cela comportent. Et pourtant le fait de se frotter aux populations, toucher du doigt leurs réalités vaut son pesant d`or. Ce que n`ignore pas le député de Kouassidatékro. « Notre stratégie pour séduire l’électorat est d’abord notre projet de société et programme de gouvernement qui s’intéresse à la vie au quotidien des ivoiriens de toutes classes sociales et de tout genre. Nous avons une approche participative qui permet au peuple d’être dans la campagne, de participer à la campagne parce que nous nous mettons au niveau de la population pour expliquer nos futures réalisations. Nous axons notre campagne sur les difficultés du peuple sur l’auto-suffisance alimentaire. Nous ne faisons pas des promesses extravagantes, nos promesses sont basées sur le vécu parce que nous sommes proche des ivoiriens nous connaissons ce qu’ils vivent comme difficulté et comme bonheur. Notre campagne qui est adaptée à la réalité n’est pas une campagne de fanfaronnade. Aussi le MFA ne ment pas aux ivoiriens. Le MFA dit la vérité aux ivoiriens comme c’est si bien le faire son candidat le président Anaky Kobena », a soutenu Jonas Gary. Il faut croire que le Mfa affine sa stratégie pour «attaquer» de front le terrain, pour... battre Laurent Gbagbo, dans les urnes.
Jonas BAIKEH
jpbaikeh@yahoo.fr