«Depuis le vendredi 20 août, date du début de la phase judiciaire du contentieux électoral, pas un jour ne passe sans que des Ivoiriens ne soient radiés de façon abusive de la liste électorale. Ces radiés, pour la plupart, se réclament du Rassemble-ment des républicains. (…). Mais, de plus en plus, les regards de ces malheureux sont tournés vers le Rdr (…) Il importe aux responsables du parti du docteur Alassane Dramane Ouattara d’être un peu plus présents auprès de leurs militants». Cet extrait d’un article du Patriote du lundi 23 août 2010, bien plus que d’autres, est révélateur du malaise grandissant au sein du Rdr, le parti dont il est le porte-voix. Il est le signe que la sérénité n’est plus de mise chez les Républicains. Radiation abusive ? Le journal prétend, en effet, que des Ivoiriens sont «abusivement radiés» de la liste électorale provisoire. Pourquoi le ferait-on, alors que l’élection présidentielle est justement faite pour permettre aux Ivoiriens de s’exprimer ? Qu’est-ce qui autorise Le Patriote à faire une telle affirmation ? A-t-on rapporté la preuve que des personnes possédant la nationalité ivoirienne ont été radiées ? A la vérité, la phase de la vérification de la liste électorale n’est pas une invention du Fpi, encore moins celle du camp présidentiel. Elle s’inscrit bel et bien dans le mode opératoire de la confection de la liste électorale. Elle répond à une volonté d’assurer la transparence et la sincérité des scrutins électoraux à venir. Elle se présente également comme un moyen de régler les conflits liés à l’inscription sur la liste électorale. Les «élus» de la liste électorale définitive auront le double privilège de participer au vote et de posséder une carte nationale d’identité ivoirienne. La révision de la liste électorale est donc celle qui va créer les nouveaux piliers de la Côte d’Ivoire de la paix réconciliée avec elle-même. C’est donc une opération légale et normale. En outre, la radiation de la liste électorale provisoire ne peut pas être abusive en dehors des erreurs inhérentes à la nature humaine. Si c’est le cas, elles comptent pour quantité négligeable et peut être réparée à tout moment pour peu que la preuve de l’erreur soit rapportée. Pour ce qui est de l’opération proprement dite, l’on sait que la Cei n’est pas l’émanation exclusive des hommes du pouvoir en place. Elle est même constituée en majorité des membres de l’opposition. Le premier responsable (Youssouf Bakayoko) étant du Pdci, un parti significatif de l’opposition. On ne peut donc radier un ivoirien en toute tranquillité avec l’aval de la Cei. On ne peut pas non plus tordre la main aux juges chargés de statuer sur les cas de fraude pour leur faire admettre le contraire de leur intime conviction. Puisque le juge (en principe) n’est pas redevable à une ethnie, une religion, une région, un parti politique ou un pouvoir dans l’exercice de ses fonctions. Il se trouve que des personnes, inscrites sur la liste électorale provisoire, se retrouvent également sur les fichiers électoraux des pays voisins ou ont détenu des cartes de séjour dont les numéros peuvent être vérifiés par n’importe qui. Elles sont radiées de la liste électorale quand le juge est persuadé qu’elles s’y trouvent frauduleusement. Fraudeurs et militants du Rdr Les fraudeurs ou ceux qui sont accusés comme tels se réclament du Rdr, écrit “Le Patriote”. C’est un aveu qui vaut son pesant d’or. Pourquoi ce parti et pas d’autres ? Pourquoi le parti du candidat Alassane Ouattara et pas les dizaines d’autres légalement reconnus ? Doit-on penser qu’il existait déjà une connivence entre les personnes recalées et le Rdr ? Si c’est le cas, pourquoi ont-ils un profil si problématique, alors que les partisans des autres candidats n’ont pas de problème ? Surtout pourquoi les clameurs de la fraude sont-elles toujours entendues autour du Rdr ? Depuis le début de la phase judiciaire du contentieux électoral, la direction du Rdr n’a pas voulu répondre à l’appel citoyen de transparence des élections. Elle a gommé cette étape de sa stratégie électorale. Elle n’a jamais voulu savoir qui était sur la liste électorale. Pour elle, peu importe, le contenu du corpus électoral. Le Rdr est prêt à aller aux élections avec des morts, des mineurs, des étrangers, des fraudeurs… sur la liste électorale. Peu importe, pourvu que les élections se tiennent. A l’heure actuelle, les responsables de ce parti et leurs partisans multiplient les stratégies pour faire échec au nettoyage de la liste électorale. A Abidjan et à Bassam, ils en sont à afficher la liste des personnes qui aident à rendre les listes plus crédibles. Un terme spécifique a été trouvé pour désigner ces citoyens que l’on appelle désormais les calomniateurs. Par un jeu dont seul il a le secret, le Rdr a transformé ceux qui prônent la transparence en vils menteurs. Par cet acte, le Rdr les livre à la violence de ses militants. Aujourd’hui, la stratégie est de faire intervenir à visage découvert les membres de la direction du Rdr. Il s’agit de voler au secours des militants fraudeurs en difficulté et qui ont du mal à justifier leur présence sur la liste. Si le Rdr se donne tant de mal, c’est qu’il compte sur la masse de fraudeurs pour faire la différence à l’élection présidentielle d’octobre. Et s’il est si sûr de cet électorat, c’est qu’il est à l’origine de sa mobilisation et de son encadrement. Sinon comment comprendre que le Rdr puisse identifier si clairement son électorat dans un corpus constitué de ceux des 13 autres candidats à l’élection présidentielle ? Le Rdr et la fraude Le Rdr ne s’est jamais départi de l’image d’un parti politique qui aime user de la fraude. En tout cas, son mutisme ou son irritation quand on évoque cette question le laisse supposer. L’affaire Beugré Mambé, du nom de l’ancien président de la Cei, apparue en début 2010, en est une illustration. Le Rdr a apporté son soutien à Beugré qui a été reconnu coupable de fraude sur la liste électorale provisoire. Cette formation politique n’a pas reculé, même après les résultats de l’enquête du procureur de la République confirmant la fraude. De même, les militants de ce parti ont parfois eu des réactions épidermiques quand il s’est agi de faire des réclamations après la phase de l’enrôlement. Ils ont incendié des tribunaux et des administrations publiques à Vavoua, à Bouaké, à Katiola et autres. La raison d’une telle réaction difficile à comprendre est à rechercher dans les démêlés que leur leader Alassane Dramane Ouattara a eus avec le code électoral ivoirien. Le président du Rdr a été incapable de justifier sa nationalité ivoirienne sous la présidence de Henri Konan Bédié (1993-1999), Robert Gueï (1999-2000), Laurent Gbagbo (2000-2010). C’est donc un candidat par exception en vertu de l’article 48 de la Constitution. Et ce, grâce à la bonne compréhension du président Laurent Gbagbo. Candidat sans obéir aux critères d’éligibilité, Alassane Ouattara est convaincu de gagner la présidentielle en utilisant des procédés inconstitutionnels. Mais, cette fois, le camp présidentiel ne veut pas se laisser faire. Serge Armand Didi
Politique Publié le mercredi 25 août 2010 | Notre Voie
Election présidentielle du 31 octobre - Le Rdr compte sur la fraude pour gagner
© Notre Voie Par Cecom RDRTournée du président du RDR dans la vallée du Bandama - Alassane Ouattara à Niakara
Mercredi 11 août 2010. Niakaramandougou