Laurent Gbagbo, candidat 100 % et président 100 % a décidé, à 40 jours du scrutin présidentiel, de mettre le pays en coupe réglée, du point de vue militaire et administratif. Les 9 derniers décrets qu’il a signés le 16 septembre 2010, portant, notamment, nomination d’une centaine de sous-préfets, de secrétaires généraux de préfecture, avec à la clé un vaste mouvement préfectoral touchant 58 département et 13 régions, ainsi que le déploiement des Crs à l’intérieur du pays, s’inscrivent dans cette dynamique. Le candidat de la Lmp qui a enjoint, récemment à Divo, à l’occasion de l’installation de la Cr3, les forces de l’ordre « à mater sans réfléchir » poursuit, par ailleurs, le verrouillage militaire du pays, par l’envoi, la semaine prochaine de plusieurs unités de la compagnie républicaine de sécurité, notamment à Abengourou, Agboville, Gagnoa, Soubré, Bouna, Duékoué et San-Pedro, en raison de leur caractère particulièrement névralgique. Ces villes, qui se veulent pour la plupart des bastions de l’opposition, ont été surtout des foyers d’affrontements meurtriers entre les populations et les forces de l’ordre lors des contentieux sur les listes électorales. Au motif que, selon Kadet Bertin, « les relations entre l’Onuci et les populations n’ont toujours pas été paisibles », Laurent Gbagbo a donc décidé de « cadenasser » le pays, dans la partie sud restée sous son contrôle après le coup d’Etat manqué de 2002. Laurent Gbagbo qui n’arrête pas de hausser le ton depuis l’annonce de la date de la présidentielle pour le 31 octobre 2010, ne veut laisser aucune chance à l’opposition, surtout dans ces villes hautement stratégiques. C’est pourquoi, il y a ordonné une surveillance spécifique. Laurent Gbagbo n’a jamais pardonné au Rhdp (rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix) sa trop grande proximité avec l’ex-rébellion des Forces nouvelles qui a sabordé la mise en œuvre de son programme de gouvernement. Le contrôle militaire de ces villes réputées êtres des zones à risques pour le candidat de La majorité présidentielle apparait, de toute évidence, comme une option visant à réduire au silence, voire à neutraliser l’opposition sur ses fiefs. C’est dans cette perspective qu’il faut inscrire cette démarche du chef de l’Etat qui veut un maillage militaire ferme, centré sur ces villes.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA