A la tribune des Nations Unies, les grands et les moins grands de ce monde se succèdent pour parler des Omd, les objectifs du millénaire pour le développement. Ils font, avec les experts, le constat que des progrès importants ont été accomplis en dix ans. Mais, ils noteront aussi que beaucoup reste à faire. Le plus lucide, et certainement le plus malheureux de ce beau monde restera le patron des Nations Unies. Le Coréen Ban Ki Moon voit le monde. Il sait que malgré la crise financière, des pays notamment les plus développés comme les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne, l’Italie et le Canada engloutissent des centaines de milliards de dollars par an dans la guerre et la destruction. Singulièrement en Irak et en Afghanistan. Il sait, le pauvre secrétaire général de l’Onu, que pour les cinq ans à venir, il faut environ cent milliards de dollars pour les Omd. Avec cette somme, les enfants du monde, tous les enfants, pourront être scolarisés, au moins jusqu’à la fin du cycle primaire. Ils pourront également, ainsi que leurs parents, avoir accès aux soins de santé. La fracture entre les sexes va se réduire. La pauvreté, véritable gangrène de la société, elle fait plus de ravages que toutes les guerres en cours réunies, pourra reculer. Mais ces cents milliards, l’Onu et son chef savent qu’ils seront difficiles voire impossibles à réunir. Les grands du monde regarderont par deux fois dans leur portefeuille. Entre le dollar à mettre dans les Omd et les besoins de la guerre, ils hésiteront. Et au nom de la crise, les gestes se limiteront pour beaucoup d’entre eux aux engagements solennels. Rien de plus. Les gouvernements concernés, ceux des pays pauvres, la plupart africains, gloseront sur le manque de moyens et le désintérêt des bailleurs de fonds. Une explication vite trouvée pour se dédouaner. Le raccourci de la faute aux autres. Les populations, quant à elles, sont une fois de plus condamnées au rêve du millénaire.
D. Al Seni
D. Al Seni
