L’hostilité de la population à l’égard des contrôleurs de la Sotra débouche, quelquefois, sur des agressions. Les chiffres le prouvent.
La scène qui s’est produite à l’arrêt de bus de la Sodemi à Cocody n’est qu’une infime illustration de ce que les contrôleurs vivent au quotidien sur la route. Patrice Aka caricature assez bien la situation: «Un contrôleur de la Sotra appréhende un “gros-bras” dans le bus. Le fraudeur lui dit : écoute, le ticket se trouve dans ma main. Si je l’ouvre que tu ne le trouves pas, tu peux m’arrêter, mais si j’ai mon ticket, je te frappe. Le contrôleur réfléchit et préfère le laisser tranquille. Il demande à un petit juste à côté : Eh ! Petit, où est ton titre de transport ? Le petit lui dit : il est dans la main du gros-bras…» Si l’histoire fait rire, la situation des contrôleurs sur le terrain fait plutôt frémir. Les 128 contrôleurs que compte la structure, sont exposés à toutes sortes d’agressions dans l’exercice de leur métier. Tia Sédé en témoigne. Cela fait 22 ans qu’il exerce. Il a eu plusieurs fractures aux doigts lors de ses opérations de contrôle dans le bus. Des bousculades, des bagarres. Il n’est pas le seul dans cette situation. Selon Biti Nestor, le chef du service statistique, la Sotra a enregistré 8 cas d’agressions de contrôleurs en 2010 dont 3 cas de fractures, deux policiers blessés. L’année dernière, les hommes de Philippe Attey ont dénombré 23 cas d’agressions. Ces situations surviennent très souvent sur des lignes de bus fortement fréquentées par les étudiants ou encore, dans des communes à forte fréquentation telles que Yopougon, Abobo. Quelquefois, une véritable rébellion peut s’installer dans le bus à la vue des agents de la Sotra. Des passagers refusent catégoriquement de se faire contrôler. «Dans ces cas, on donne l’autorisation au chauffeur de conduire le bus à la brigade anti-émeute (Bae). Là-bas, tout le monde est contrôlé, ensuite le bus reprend sa trajectoire», explique Koffi Yao, qui a aussi subi des fractures aux doigts. Selon des contôleurs, les échauffourées de ce matin à Cocody ne sont rien comparées à certaines situations qu’ils ont déjà vécues. Il y a surtout une autre journée folle à Yopougon-sable. Ils avaient arrêté plusieurs fraudeurs dans un bus. Mais des passagers avaient réussi à s’échapper par les fenêtres du bus. Les échappés sont allés prévenir les passagers d’un autre bus qui venait à cet arrêt, de la présence des contrôleurs. Ceux-ci, furieux de voir que plusieurs de leurs camarades ont été pris, sont descendus à un arrêt avant le point de contrôle et, se sont armés de pierres et de bois pour agresser les agents de la Sotra qui étaient en plein contrôle. «Nous avons pris la fuite !», témoigne Tia Sédé. Quand ce ne sont pas les échauffourées avec les étudiants, c’est la population d’un quartier qui se soulève contre eux parce qu’ils ont arrêté une connaissance pour fraude sur le ticket du bus qui ne coûte que 200 Fcfa. Ces situations empêchent les unités mobiles d’atteindre très souvent leur objectif qui est de faire sept points de contrôle par jour. Plus encore, elles mettent la vie des agents en danger. La plupart d’entre eux sont mariés et sont pères de famille. Chaque jour sur le terrain est un véritable parcours du combattant. Il faut se préparer à toutes éventualités. Les choses se passent comme s’ils menaient une chasse aux sorcières. Kouamé Yao Léopold, indique qu’ils ne font que leur métier. C’est en luttant contre la fraude que la Sotra parviendra à entretenir ses bus et à en acheter d’autres. Si on empêche les agents contrôleurs de faire leur boulot, c’est l’entreprise qui va en pâtir. Et ce sont ces mêmes personnes qui s’opposent aux contrôles qui se plaindront du manque de véhicule de la Sotra.
Raphaël Tanoh
La scène qui s’est produite à l’arrêt de bus de la Sodemi à Cocody n’est qu’une infime illustration de ce que les contrôleurs vivent au quotidien sur la route. Patrice Aka caricature assez bien la situation: «Un contrôleur de la Sotra appréhende un “gros-bras” dans le bus. Le fraudeur lui dit : écoute, le ticket se trouve dans ma main. Si je l’ouvre que tu ne le trouves pas, tu peux m’arrêter, mais si j’ai mon ticket, je te frappe. Le contrôleur réfléchit et préfère le laisser tranquille. Il demande à un petit juste à côté : Eh ! Petit, où est ton titre de transport ? Le petit lui dit : il est dans la main du gros-bras…» Si l’histoire fait rire, la situation des contrôleurs sur le terrain fait plutôt frémir. Les 128 contrôleurs que compte la structure, sont exposés à toutes sortes d’agressions dans l’exercice de leur métier. Tia Sédé en témoigne. Cela fait 22 ans qu’il exerce. Il a eu plusieurs fractures aux doigts lors de ses opérations de contrôle dans le bus. Des bousculades, des bagarres. Il n’est pas le seul dans cette situation. Selon Biti Nestor, le chef du service statistique, la Sotra a enregistré 8 cas d’agressions de contrôleurs en 2010 dont 3 cas de fractures, deux policiers blessés. L’année dernière, les hommes de Philippe Attey ont dénombré 23 cas d’agressions. Ces situations surviennent très souvent sur des lignes de bus fortement fréquentées par les étudiants ou encore, dans des communes à forte fréquentation telles que Yopougon, Abobo. Quelquefois, une véritable rébellion peut s’installer dans le bus à la vue des agents de la Sotra. Des passagers refusent catégoriquement de se faire contrôler. «Dans ces cas, on donne l’autorisation au chauffeur de conduire le bus à la brigade anti-émeute (Bae). Là-bas, tout le monde est contrôlé, ensuite le bus reprend sa trajectoire», explique Koffi Yao, qui a aussi subi des fractures aux doigts. Selon des contôleurs, les échauffourées de ce matin à Cocody ne sont rien comparées à certaines situations qu’ils ont déjà vécues. Il y a surtout une autre journée folle à Yopougon-sable. Ils avaient arrêté plusieurs fraudeurs dans un bus. Mais des passagers avaient réussi à s’échapper par les fenêtres du bus. Les échappés sont allés prévenir les passagers d’un autre bus qui venait à cet arrêt, de la présence des contrôleurs. Ceux-ci, furieux de voir que plusieurs de leurs camarades ont été pris, sont descendus à un arrêt avant le point de contrôle et, se sont armés de pierres et de bois pour agresser les agents de la Sotra qui étaient en plein contrôle. «Nous avons pris la fuite !», témoigne Tia Sédé. Quand ce ne sont pas les échauffourées avec les étudiants, c’est la population d’un quartier qui se soulève contre eux parce qu’ils ont arrêté une connaissance pour fraude sur le ticket du bus qui ne coûte que 200 Fcfa. Ces situations empêchent les unités mobiles d’atteindre très souvent leur objectif qui est de faire sept points de contrôle par jour. Plus encore, elles mettent la vie des agents en danger. La plupart d’entre eux sont mariés et sont pères de famille. Chaque jour sur le terrain est un véritable parcours du combattant. Il faut se préparer à toutes éventualités. Les choses se passent comme s’ils menaient une chasse aux sorcières. Kouamé Yao Léopold, indique qu’ils ne font que leur métier. C’est en luttant contre la fraude que la Sotra parviendra à entretenir ses bus et à en acheter d’autres. Si on empêche les agents contrôleurs de faire leur boulot, c’est l’entreprise qui va en pâtir. Et ce sont ces mêmes personnes qui s’opposent aux contrôles qui se plaindront du manque de véhicule de la Sotra.
Raphaël Tanoh