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Afrique Publié le mardi 21 septembre 2010 | Le Patriote

Guinee : election presidentielle / Tierno Seydou Bayo (Chef du département information et communication à la CENI) - “Les partis politiques nous ont empêché d’avancer”

Le second tour du scrutin présidentiel en Guinée qui devait avoir lieu dimanche dernier, a été reporté à une date ultérieure. Nous avons rencontré, M. Tierno Seydou Bayo, le chef du département information, communication et sensibilisation à la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il revient sur les péripéties qui ont occasionné le report et situe les responsabilités. Interview.

Le Patriote : Ce matin, il est annoncé l’élection du nouveau président de la CENI. Confirmez-vous cette information ?
Tierno Seydou Bayo : C’est archi-faux.

LP : Vous le dites, mais il y a des membres de votre institution qui soutiennent le contraire ; et qui demandent à aller au vote.
TSB : On vient d’enterrer notre président. Il n’y a pas de raison de se précipiter alors que l’institution marche. S’il y avait des dysfonctionnements, s’il fallait nécessairement que le président soit là pour signer les chèques. S’il fallait obligatoirement le président pour signer tout ce qu’il faut faire, cela s’imposerait. Mais ici, nous fonctionnons depuis très longtemps sans le président. L’institution fonctionne. Il n’y a donc pas urgence à ce niveau.

LP : Est-ce qu’on peut aller au second tour de l’élection présidentielle sans un président à la CENI ?
TSB : Bien sûr ! Ce que vous devez comprendre, c’est qu’aujourd’hui, nous ne sommes pas en nombre complet au niveau de la CENI. Nous étions 25 membres. Aujourd’hui, nous sommes 22. Il y a un qui s’agite aujourd’hui dont nous contestons la qualité de membre. Il y a un démissionnaire et bien sûr, le président qui nous a quittés. Il faudrait que nous revenions à 25 membres pour qu’on puisse parler d’élection. C’est ce côté qui bloque les choses. Dans tous les cas, nous, nous fonctionnons normalement ainsi. Il n’y a pas de problème. Il ne faudrait pas qu’on cherche à nous compliquer la tâche.

LP : Quelles sont les raisons fondamentales qui ont amené la CENI à reporter le second tour de l’élection présidentielle qui devait avoir lieu hier ?
TSB : Si le second tour a été reporté, c’est parce que nous avons été empêchés d’avancer.

LP : Par qui ?
TSB : Par les partis politiques. Vous n’êtes pas sans savoir que tout le dispositif à changer entre deux tours. On n’a jamais vu cela dans le monde.

LP : Qu’est-ce qui à changer ?
TSB : Tout. Tout a changé. Nous sommes aujourd’hui à plus de 1400 bureaux de vote nouveaux. Plus de 1400 bureaux de vote ! Vous voyez, c’est énorme. C’est pratiquement tout le territoire national qui est touché. Il fallait un répertoire de bureaux de vote. Il faut nécessairement avoir un répertoire de bureaux de vote consensuel. Nous avons tourné longtemps en rond avant de l’avoir, le 15 septembre dernier. Lorsque nous l’avons eu, nous avons décliné les activités et nous nous sommes rendus compte que nous ne pouvions pas aller à l’élection, le 19 septembre. Parce qu’il fallait tout de suite envoyer les B.A.T en Afrique du Sud où les cartes d’électeurs sont confectionnées. Il faut les faire et les expédier. L’Afrique du Sud a dit qu’il ne pouvait nous les envoyer que le 19 septembre au soir. Il faut recruter et désigner les membres des bureaux de vote et il faut les former. Parce que tant qu’on n’a pas le répertoire, on ne peut connaître le nombre de bureaux de vote. On ne peut pas connaître le nombre d’agents de bureau de vote qu’on doit mettre dans ces bureaux de vote. On ne peut donc pas former ces membres de bureaux de vote. On ne pouvait pas faire de cartes alphanumériques. Tout cela, nous a empêchés d’aller de l’avant. Et c’étaient les exigences des partis politiques. Nous avons dû nous plier à ces exigences. Aujourd’hui, nous sommes satisfaits d’avoir un peu patienté. Parce que nous avons un répertoire consensuel que tout le monde à signer.

LP : Puisque vous estimez que toutes les exigences ont été satisfaites, à quelle date le second tour de l’élection présidentielle aura-t-il lieu ?
TSB : Là, nous allons nous réunir en plénière où nous allons décider de tout cela le plus tôt possible.

LP : Le plutôt, c’est-à-dire…
TSB : Aujourd’hui (NDLR : hier) ou demain (NDLR : aujourd’hui).

LP : Les Guinéens peuvent-ils espérer aller au vote dans la première moitié du mois d’octobre ?
TSB : Est-ce que nous allons arriver au mois d’octobre ? Peut-être. Aujourd’hui, nous sommes déjà le 20 septembre. On ne peut pas dire qu’on fera l’élection le 26 septembre. Ce n’est pas sûr. Il faut distribuer les cartes. Il faut former. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Comme on désigne les membres du bureau de vote huit jours avant le scrutin, il faut tenir compte de tous les délais. Il faut distribuer les cartes d’électeurs bien avant. Il faut afficher les listes électorales huit jours francs avant le scrutin. Donc, il faut tenir compte de tout cela avant de fixer la date.

LP : Quel message lancez-vous aux Guinéens dans cette période délicate ?
TSB : Nous leur demandons de rester calmes et de ne pas trop écouter les pyromanes. Notre pays ne brûlera pas si nous ne voulons pas tous qu’il brûle. Mais, si nous mettons tous le feu, il va brûler et nous allons tous nous mettre à l’éteindre. Il est mieux qu’il ne brûle pas du tout et qu’après, on se mette à l’éteindre. Moi, je dis que chacun se calme. Nous, nous sommes en train de faire ce que nous devons faire. Nous ferons le travail qui nous a été assigné. Nous le ferons et nous le ferons bien. Le premier travail a été bien fait. Mais malheureusement, les pyromanes ont fait que les Guinéens ne se sont pas entendus sur le minimum. Il y a des gens partout qui ont dit que la CENI a bien travaillé. Bravo la Guinée ! Mais d’autres ont dit non. Pour une fois, on félicite la Guinée, les gens disent que la Guinée n’a rien foutu. Parce que ce n’est pas eux. C’est ce qui est dommage en Guinée. Tant que ce n’est pas moi qui fais ça, je dis c’est pas bien. Il faut bien que quelqu’un le fasse. Car, on ne peut pas être à la fois au four et au moulin. Il faut offrir la chance à quelqu’un d’autre pour qu’il se rende utile à son pays. Nous tenons à être utiles à notre pays. Q’on nous laisse donc faire notre travail et qu’on arrête de nous distraire.
Réalisée à Conakry par Jean-Claude Coulibaly
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