De Bouna (les 27 et 28 septembre 2010) au stade Houphouët-Boigny le 29 octobre 2010 pour le meeting de clôture, le périple que Gbagbo entreprend à travers le pays laisse clairement entrevoir son intention de tisser une véritable toile d’araignée. Le programme de campagne du candidat de la majorité présidentielle prévoit en effet, de visiter 29 des 56 départements que compte la Côte d’Ivoire, histoire de miner le terrain sous les pieds de ses adversaires à l’élection présidentielle du 31 octobre 2010. L’investiture du candidat prévu pour le 9 octobre à l’hôtel Ivoire, là où il avait lancé cette mémorable phrase lors de la clôture de sa campagne en 2000 face au général Robert Guéi « nous sommes à quelques heures du palais présidentiel », et le meetings officiel d’ouverture de campagne à Man, constituent les points culminants de cette opération de charme de Laurent Gbagbo auprès des populations. Il sait qu’il joue gros, notamment, face à Ado et Bédié. Ce qui l’a d’ailleurs fait dire que « rien n’est gagné à l’avance et que ceux qui disent Gbagbo a déjà gagné ne comprennent rien à la politique ». D’où, son slogan de campagne pour le moins évocateur « allons-y » ?! Gbagbo va donc visiter, presqu’au pas de course, entre autres Sakassou et Botro après-demain 30 septembre 2010. Ces deux villes ont ceci de particulier qu’elles ont deux fils en lice contre le président sortant. Il s’agit, notamment, de Félix Akoto-Yao et Emmanuel Gnamien Konan, tous deux candidats indépendants. A Bondoukou et Bouna où il est passé avant-hier, Gbagbo a fait une grosse prise, en la personne de Palé Dimaté, délégué départemental du Pdci-rda. Celui-ci a déclaré, « battre » désormais pavillon pour Gbagbo. « Je suis Pdci, mais je vote Gbagbo » a-t-il dit. Quelle surprise nous réserve Bouaké, le fief de Bédié où le chef de l’Etat est attendu le dimanche 3 octobre ?. Après Bouaké, Gbagbo mettra le cap sur un autre sanctuaire politique du Pdci-rda, Dimbokro, la capitale du N’zi-Comoé où il a pêché un gros poisson, en la personne N’Zi Paul David, un ancien cacique du Pdci-rda. A Adzopé, Alépé, Guiglo, Sassandra, Divo, Oumé, Gagnoa, Lakota et Dabou, ce sera, il faut le dire, plus qu’une promenade de santé, une cure de jouvence pour Laurent Gbagbo dans ces localités. Car ici, le terrain paraît très fertile à son discours. Ce sont des bastions traditionnels du Fpi. Le choix de la ville de Man pour abriter son meeting officiel d’ouverture de campagne est plus qu’un symbole. D’abord, Man se veut la base-arrière de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire d’Abddallah Mabri Toikeusse, un autre candidat en lice. Ensuite, c’est chez Guéi Robert, ancien chef de l’Etat, tué aux premières de la rébellion. Il y aussi que Siki Blon Blaise, Haute autorité nationale chargée du développement de l’ouest, qui a rejoint le camp présidentiel, apparaît comme le symbole du rejet de l’Udpci dans la région des 18 Montagnes, vu qu’il a mis en pièces aujourd’hui le parti de Mabri Toikeusse. A Korhogo où le chef de l’Etat est attendu le 07 octobre 2010, Gbagbo ira, on peut le croire, enfoncer une porte grandement ouverte, notamment par son Dnc, Dr Issa Malick Coulibaly, Koné Dossongui et Lanciné Gon Coulibaly. Comme cerise sur ce beau gâteau, Gbagbo s’adressera aux Ivoiriens, en direct à la télévision nationale le 28 octobre 2010. Le lendemain 29 octobre, il tient son meeting de clôture au stade Houphouët-Boigny. On le voit, Gbagbo est en passe de briser les reins à ses adversaires par ce programme de campagne et les ralliements qui se font à chacune des étapes.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA