L’accès à l’école nationale d’administration ne sera plus émaillé de tricherie. Son directeur général explique la stratégie mise en place pour garantir la fiabilité des examens d’entrée. Vous venez de terminer le cycle des différents niveaux du concours de l’Ena, avec la proclamation des résultats pour le cycle moyen, dites-nous comment tout cela a été organisé dans ce contexte de rupture avec les anciennes pratiques ?
Quand nous prenions les rênes de cette école au départ, nous avions dit que nous étions venue en mission, pour reconstruire l’Ena, avec la population ivoirienne. Nous pensons que nous sommes sur le bon chemin, parce que nous avons accompli avec beaucoup de rigueur, ce que l’on attendait de nous. Certes, ces deux mois ont été éprouvants, mais nous pensons avoir pu tenir la barre et je peux dire que nous sommes satisfaite du résultat.
Comment ce résultat se traduit-il en termes de chiffres ?
En termes de chiffres, il faut préciser avant tout que le concours était au départ très sélectif, eu égard au nombre de postes disponibles. Dans chaque catégorie de concours, les chances étaient minces. Elles ne dépassaient pas les 2% de succès. On peut donc dire que ceux qui ont réussi sont très méritants. Tenez, par exemple, pour le concours direct du cycle supérieur, il y avait 127 places pour 3800 candidats. C’est un ratio très très mince, mais cependant, nous avons pu recruter les 127 personnes et cela est très important. Au niveau du cycle moyen supérieur, par contre, pour 9400 candidats - c’était le plus gros lot, alors que nous avions 165 postes, malheureusement, nous n’avons pu retenir que 152 postulants, faute de niveau intéressant. Nous avons de ce fait perdu 13 postes. Enfin, pour le cycle moyen, nous avions 8800 candidats pour 255 postes, qui ont été comblés.
Vous aviez en gros 22000 candidats pour les trois niveaux de concours, ce qui est énorme. L’opinion est d’ailleurs restée sceptique quant à la fiabilité totale de l’organisation, comment avez-vous maîtrisé tout le processus et avec quels moyens logistiques et humains ?
Je vous disais tout à l’heure qu’il a fallu consacrer deux mois éprouvants à toute l’organisation, surtout eu égard à tout ce qui se disait depuis longtemps sur le concours et toutes les informations que les gens nous rapportaient, nous avons mis en place un dispositif pour décourager toute tentative de fraude. C’était donc une grosse machine à conduire sur le terrain. A commencer par l’organisation matérielle, c’est-à-dire le choix des centres, les moments de composition, le choix des sujets. Puis celui des jurys, des surveillants et plus tard, des correcteurs. Tout ceci s’est fait de sorte à ce qu’aucune étape ne souffre la moindre suspicion. Les membres des jurys ont été triés sur le volet ; il fallait choisir des personnes dont l’intégrité morale ne souffrait aucun doute majeur, je ne peux pas dire aucun doute tout court, ne les connaissant pas totalement. C’est avec ces personnes que nous avons travaillé et je tiens à les remercier pour avoir œuvré à la fiabilité de nos résultats. Après les jurys, nous disons que les surveillants, les membres des secrétariats, les correcteurs, toute l’équipe de l’Ena, du plus petit vigile aux grands directeurs, tout le monde s’est impliqué pour permettre le meilleur résultat possible de cette œuvre, je dirais, titanesque.
Certains candidats définitivement admis, qui en sont, pour la plupart, à leur deuxième participation au moins, affirment que les choses ont vraiment changé. Parce que, disent-ils, les années passées, il n’y avait aucun contrôle.
Cette année, les candidats n’avaient pas leurs téléphones portables, de même que les surveillants qui ont tous vu les leurs confisqués. Je pense que c’était une procédure nécessaire et même indispensable. Parce que nous sommes à une ère de communication instantanée. Ce qui se passe à Moscou, par exemple, est immédiatement su ici en Côte d’Ivoire. Un sms est vite envoyé pour chercher une réponse, il fallait donc se donner les moyens de sécuriser au maximum le concours en procédant ainsi, mettre les gens dans les conditions réelles de compétition, comme sur un ring de boxe, où il n’y a pas à tricher. Les candidats devaient se battre sainement s’entend, avec leur intelligence, leurs connaissances.
Dans le même ordre d’idée, ils disent qu’ils ont, par moments eu l’impression d’avoir des gendarmes dans le dos, surtout lorsqu’ils devaient se rendre dans les toilettes pour des besoins pressants…
«Les gendarmes» dans le dos, c’étaient les surveillants, parce que de façon récurrente, il nous était revenu que c’est dans les toilettes que certains fraudeurs et leurs complices agissaient. Les surveillants devaient accompagner ceux qui avaient des besoins pressants, surtout pour apprécier le temps qu’ils auront mis dans les toilettes, ramasser les bouts de papiers, etc. Nous n’avions ni l’intention de les traquer, ni de les stresser, mais il le fallait. Parce que malheureusement, vu le contexte et l’environnement dans lesquels ils évoluent, les jeunes n’ont plus confiance en leurs propres capacités, ils pensent qu’il faut forcément passer par des méthodes non recommandables pour réussir partout. Or nous voulions leur donner les moyens d’apprécier leurs propres capacités, d’utiliser leur intelligence, pour se mettre en exergue, surtout pour garantir l’égalité des chances, c’est notre mission.
Il ne s’agissait pas d’une surveillance policière où l’on suit les gens, où l’on les soupçonne de tout, non, ce n’était pas cela.
On a quand même pris des fraudeurs en flagrant délit. Quel est le sort qui leur a été réservé ?
Ils ont été exclus du concours et comme nous les avons mis à la disposition de l’autorité judiciaire, leur sort dépend d’elle. Dans tous les cas, des textes existent en la matière
Vous gardez le cap pour les années à venir ?
Oui, nous gardons le cap, même si nous sommes à notre premier concours. Les choses se sont bien passées, il est donc de notre devoir de faire de même pour les concours à venir, dans l’intérêt de notre pays que nous aimons et pour son développement.
Interview réalisée par Josette Barry
Quand nous prenions les rênes de cette école au départ, nous avions dit que nous étions venue en mission, pour reconstruire l’Ena, avec la population ivoirienne. Nous pensons que nous sommes sur le bon chemin, parce que nous avons accompli avec beaucoup de rigueur, ce que l’on attendait de nous. Certes, ces deux mois ont été éprouvants, mais nous pensons avoir pu tenir la barre et je peux dire que nous sommes satisfaite du résultat.
Comment ce résultat se traduit-il en termes de chiffres ?
En termes de chiffres, il faut préciser avant tout que le concours était au départ très sélectif, eu égard au nombre de postes disponibles. Dans chaque catégorie de concours, les chances étaient minces. Elles ne dépassaient pas les 2% de succès. On peut donc dire que ceux qui ont réussi sont très méritants. Tenez, par exemple, pour le concours direct du cycle supérieur, il y avait 127 places pour 3800 candidats. C’est un ratio très très mince, mais cependant, nous avons pu recruter les 127 personnes et cela est très important. Au niveau du cycle moyen supérieur, par contre, pour 9400 candidats - c’était le plus gros lot, alors que nous avions 165 postes, malheureusement, nous n’avons pu retenir que 152 postulants, faute de niveau intéressant. Nous avons de ce fait perdu 13 postes. Enfin, pour le cycle moyen, nous avions 8800 candidats pour 255 postes, qui ont été comblés.
Vous aviez en gros 22000 candidats pour les trois niveaux de concours, ce qui est énorme. L’opinion est d’ailleurs restée sceptique quant à la fiabilité totale de l’organisation, comment avez-vous maîtrisé tout le processus et avec quels moyens logistiques et humains ?
Je vous disais tout à l’heure qu’il a fallu consacrer deux mois éprouvants à toute l’organisation, surtout eu égard à tout ce qui se disait depuis longtemps sur le concours et toutes les informations que les gens nous rapportaient, nous avons mis en place un dispositif pour décourager toute tentative de fraude. C’était donc une grosse machine à conduire sur le terrain. A commencer par l’organisation matérielle, c’est-à-dire le choix des centres, les moments de composition, le choix des sujets. Puis celui des jurys, des surveillants et plus tard, des correcteurs. Tout ceci s’est fait de sorte à ce qu’aucune étape ne souffre la moindre suspicion. Les membres des jurys ont été triés sur le volet ; il fallait choisir des personnes dont l’intégrité morale ne souffrait aucun doute majeur, je ne peux pas dire aucun doute tout court, ne les connaissant pas totalement. C’est avec ces personnes que nous avons travaillé et je tiens à les remercier pour avoir œuvré à la fiabilité de nos résultats. Après les jurys, nous disons que les surveillants, les membres des secrétariats, les correcteurs, toute l’équipe de l’Ena, du plus petit vigile aux grands directeurs, tout le monde s’est impliqué pour permettre le meilleur résultat possible de cette œuvre, je dirais, titanesque.
Certains candidats définitivement admis, qui en sont, pour la plupart, à leur deuxième participation au moins, affirment que les choses ont vraiment changé. Parce que, disent-ils, les années passées, il n’y avait aucun contrôle.
Cette année, les candidats n’avaient pas leurs téléphones portables, de même que les surveillants qui ont tous vu les leurs confisqués. Je pense que c’était une procédure nécessaire et même indispensable. Parce que nous sommes à une ère de communication instantanée. Ce qui se passe à Moscou, par exemple, est immédiatement su ici en Côte d’Ivoire. Un sms est vite envoyé pour chercher une réponse, il fallait donc se donner les moyens de sécuriser au maximum le concours en procédant ainsi, mettre les gens dans les conditions réelles de compétition, comme sur un ring de boxe, où il n’y a pas à tricher. Les candidats devaient se battre sainement s’entend, avec leur intelligence, leurs connaissances.
Dans le même ordre d’idée, ils disent qu’ils ont, par moments eu l’impression d’avoir des gendarmes dans le dos, surtout lorsqu’ils devaient se rendre dans les toilettes pour des besoins pressants…
«Les gendarmes» dans le dos, c’étaient les surveillants, parce que de façon récurrente, il nous était revenu que c’est dans les toilettes que certains fraudeurs et leurs complices agissaient. Les surveillants devaient accompagner ceux qui avaient des besoins pressants, surtout pour apprécier le temps qu’ils auront mis dans les toilettes, ramasser les bouts de papiers, etc. Nous n’avions ni l’intention de les traquer, ni de les stresser, mais il le fallait. Parce que malheureusement, vu le contexte et l’environnement dans lesquels ils évoluent, les jeunes n’ont plus confiance en leurs propres capacités, ils pensent qu’il faut forcément passer par des méthodes non recommandables pour réussir partout. Or nous voulions leur donner les moyens d’apprécier leurs propres capacités, d’utiliser leur intelligence, pour se mettre en exergue, surtout pour garantir l’égalité des chances, c’est notre mission.
Il ne s’agissait pas d’une surveillance policière où l’on suit les gens, où l’on les soupçonne de tout, non, ce n’était pas cela.
On a quand même pris des fraudeurs en flagrant délit. Quel est le sort qui leur a été réservé ?
Ils ont été exclus du concours et comme nous les avons mis à la disposition de l’autorité judiciaire, leur sort dépend d’elle. Dans tous les cas, des textes existent en la matière
Vous gardez le cap pour les années à venir ?
Oui, nous gardons le cap, même si nous sommes à notre premier concours. Les choses se sont bien passées, il est donc de notre devoir de faire de même pour les concours à venir, dans l’intérêt de notre pays que nous aimons et pour son développement.
Interview réalisée par Josette Barry