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Art et Culture Publié le vendredi 22 octobre 2010 | Nord-Sud

Grand-Bassam : L’Abissa se rajeunit

L’Abissa, danse sacrée des N’Zima Kôtôkô, draine, chaque année, des visiteurs et des curieux venus découvrir le riche patrimoine culturel de ce peuple. Outre le volet festif, l’Abissa renferme un volet religieux qui intéresse de plus en plus les jeunes.

La danse sacrée des N’Zima Kôtôkô, l’Abissa, a atteint sa vitesse de croisière. Elle est en plein dans le mille depuis mardi. Sa majesté Tanoé Désiré, roi des N’Zima kôtôkô de Côte d’Ivoire, a effectué sa première sortie. Paré dans ses plus beaux attributs, il a été porté en triomphe. Grande fête populaire, l’Abissa marque la fin de l’année écoulée et le début de la nouvelle. C’est un moyen de rassemblement, d’unité et de paix. Elle est importante pour toutes les générations et surtout pour la jeunesse N’Zima en apprentissage des us et coutumes. C’est pourquoi, le roi et sa notabilité favorisent une forte implication des jeunes pour assurer la continuité. A ce titre, une journée leur est dédiée spécialement. Ce jour-là, les jeunes s’essaient aux rites de l’Abissa ; à savoir, la danse et la chanson. Mais, les jeunes semblent préférer le volet festif. Aussi, s’impliquent-ils volontiers dans cette pratique.

Un engagement contrasté des jeunes

Affun Joseph pratiquant de l’Abissa déclare : «Avant, ceux qui pratiquaient l’Abissa étaient plus âgés. Maintenant, nous avons de plus en plus de jeunes. Les tambourineurs pour la plupart sont jeunes. Pareil pour les chansonniers ou poètes appelés Ezo­mlè, chargés de faire la critique sociale », juge-t-il. Soulignant que cette nouvelle vision des jeunes est à saluer, il soutient que le côté festif joue pour beaucoup. Assertion que partage Gnohan Joseph, jeune N’Zima du quartier Modeste. Pour lui, l’Abissa rassemble de nombreux adolescents. Et ils ont compris le caractère social de cette fête. La fête annuelle permet au peuple N’Zima de se rassembler, de faire un bilan pour aborder avec joie la nouvelle année. La question de l’intérêt que les jeunes accordent à l’Abissa est perçue différemment. Pour Gnagni Azagné, un jeune du quartier France, c’est uniquement le caractère festif qui attire les jeunes et beaucoup n’y accordent pas grand intérêt. « Des années auparavant, nos parents prenaient des congés à l’approche de l’Abissa pour y prendre part. Ils s’y impliquaient véritablement.

Former pour la postérité

Or, aujourd’hui les choses ne sont pas les mêmes. Rares sont les jeunes qui abandonnent leurs activités pour se consacrer corps et âme à l’Abissa ». Selon Dr Ezoulé Miézan Kanga, professeur de littérature anglaise, une étude comparative montre qu’avant, les chansonniers étaient très vieux. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. On enregistre de jeunes chansonniers et tambourineurs. « Aujourd’hui, il y a un rajeunissement. Mais, il ne faut pas penser qu’au présent. Il faut que les jeunes s’impliquent davantage pour la postérité », a-t-il souhaité. Pour pérenniser cette institution traditionnelle, une cellule d’apprentissage, composée d’anciens, est mise en place. Elle est pilotée par N’Damoulé Binlin, le responsable chargé de la tradition. C’est cette cellule qui recrute les jeunes N’Zima, les encadre et enseigne la poésie et le rythme musical de l’Abissa. Mais, elle n’est pas vulgarisée ; c’est un peu comme le bois sacré chez d’autres peuples. Combien sont-ils à prendre part à cette initiation ? «À peine une trentaine de jeunes», souligne-t-il. Ce nombre est insignifiant. Mais l’espoir est permis. Les anciens souhaitent voir dans un avenir proche de jeunes gens acteurs plutôt que des spectateurs. Pour N’Damoulé Binlin, seuls les jeunes peuvent perpétuer cette institution qui existe depuis 500 ans avant Jésus-Christ. Si jusqu’alors, l’Abissa tient dans le temps, c’est bien parce qu’elle a su être relayée par des générations. C’est pourquoi, indique-t-il, un accent est mis sur l’apprentissage. « Les jeunes aiment leur tradition et y vouent de plus en plus un intérêt. Pendant une semaine que dure la danse de l’Abissa, chaque nuit, nous faisons des répétitions. Les jeunes apprennent auprès des vieux. Au niveau de la sécurité, nous avons beaucoup de jeunes aussi. Plusieurs parmi eux souhaiteraient être des chansonniers. Mais, compte tenu du nombre de places limitées, ils acceptent d’assurer la sécurité », a-t-il soutenu.

Emmanuelle Kanga à Grand-Bassam
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