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Société Publié le mercredi 27 octobre 2010 | Le Patriote

Déchets toxiques : après avoir empoisonner et tué les victimes - Le pouvoir s’engraisse sur le dos des victimes

On ne saurait évoquer les scandales commis sous la refondation et passer sous silence le déversement des déchets toxiques du Probo Koala à Abidjan. Mais au delà de ce crime écologique et sanitaire sans précédent, les refondateurs se seront illustrés en véritable vautours quant à l’indemnisation des victimes identifiées officiellement comme telles.
Le mardi 13 février 2007, soit sept mois après le déversement des déchets toxiques dans le district d’Abidjan, l’Etat de Côte d’Ivoire faisant fi de toute bienséance, signait un protocole d’accord amiable avec la société Trafigura. Un accord qui a laissé plus d’un Ivoirien pantois à la lumière des clauses. Car l’Etat ivoirien acceptait ce « deal » contre l’abandon de toute poursuite contre la Société hollandaise représentée à l’occasion par son co-fondateur Eric Turckeim. Alors même qu’aucune étude n’avait encore évalué l’ampleur des dégâts, à moins et à long terme. Montant du deal, 100 milliards FCFA dont 95 milliards pour la réparation des préjudices subis, l’indemnisation des victimes et le remboursement des frais de dépollution et 5 milliards pour rendre fonctionnel le centre de traitement des déchets ménagers que l’Etat envisageait de construire à Akouédo.
Un dédommagement dérisoire
Face à l’argent, le Chef de l’Etat n’a éprouvé, on peut le dire aujourd’hui, aucune difficulté à accéder aux conditions de la multinationale à savoir : renoncer définitivement à toute poursuite, et libérer trois de ses responsables incarcérés le 18 septembre dans le cadre de ce scandale. Entre-temps, le Chef de l’Etat annonce publiquement, comme pour contenter les victimes, que ceux qui ont permis que les déchets toxiques entrent en Côte d’Ivoire seront châtiés. Mais curieusement, c’est au contraire que l’on assiste avec le rétablissement dans leurs fonctions de ses proches, démis à titre conservatoire par l’ex-premier ministre Charles Konan Banny. L’argent va être logé à la banque des dépôts du trésor et pendant qu’il génère des intérêts, le Chef de l’Etat lui-même fixe la clé de répartition. Sur les 95 milliards, le Chef de l’Etat a cru bon d’octroyer 30,18 milliards au titre de remboursement des dépenses engagées par l’Etat, 20 milliards au titre d’appui aux collectivités ayant subi les préjudices des déchets, 3 milliards aux victimes dont 1,6 milliard aux ayants droit des personnes décédées. L’opération de dédommagement de l’argent de Trafigura à laissé un sentiment d’injustice aux victimes. Car, trois ans après la mise à disponibilité des cent milliards, 30% des 101.000 malades ambulatoires n’ont pas encore reçu un centime.

Des intérêts générés
envolés

Ceux qui ont perçu, soit 200.000 FCFA, soit 2.000.000 en fonction de leur état de santé, considèrent ces sommes dérisoires. Que dire alors de ceux qui, pour des questions de documents administratifs, de difficultés d’identification et autres erreurs sur les noms n’ont pas perçu un sou, parce que leurs réclamations n’ont pas abouti. C’est que beaucoup sont des analphabètes. En réalité, Selon des sources proches des associations de victimes des déchets toxiques, de nombreuses victimes n’ont pas reçu ce à quoi elles ont droit. Et le drame, c’est que ces personnes voient leur santé se dégrader au fil des jours. Ils meurent à petit feu.
Percevront-ils jamais leur dédommagement ? Seul le chef de l’Etat qui a personnellement géré le dossier et le ministère de l’Economie et des Finances qui loge les fonds au Trésor peuvent répondre. Aujourd’hui, plusieurs projets de notre système de santé qui avaient été conçus et qui étaient en souffrance faute de moyens comme par exemple la transformation des hôpitaux en CHU avec un plateau technique adéquat, ont été réalisés avec l’argent providentiel des victimes des déchets toxiques. « Je ne peux pas admettre que le gouvernement deale avec Trafigura et que le Chef de l’Etat se glorifie d’avoir utilisé cet argent pour construire des hôpitaux », s’est indigné, hier mardi, le président de l’association de défense des démocraties et des libertés, Adama Diomandé. Pour ce dernier, il faut que la gestion des 100 milliards soit auditée et Gbagbo Laurent soit sanctionné par les Ivoiriens dans les urnes. A qui a profité donc l’argent de Trafigura et les intérêts qu’il a géré et continue de gérer dans les coffres du Trésor ? Simple question d’intérêt national. Il faut tout simplement dire qu’en concluant cet arrangement, le Chef de l’Etat n’a joué que la carte de ses intérêts. Si l’Etat n’a pas su donner l’exemple d’une bonne gestion de l’indemnisation des 100 milliards, on comprend que la même opacité ait entouré la gestion des 22,5 milliards négociés par le cabinet Leigh Day an Co.
Alexandre Lebel Ilboudo
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