Nous avons sorti de l’argent de nos poches pour faire le travail. On nous avait promis de nous payer le lendemain de la date de l’arrêt de l’opération. Par la suite, on nous a demandé d’attendre après les élections. Et depuis, nous allons de rendez-vous en rendez-vous sans suite. Nous avons pris attache avec M. le préfet et le délégué général des Forces Nouvelles sans que rien ne bouge. Nous ne quitterons pas les rues tant que nous n’avons pas notre argent. » Par ces propos, Yéo Sangafowa, visiblement porte-parole des quelques cinq cents agents distributeurs recrutés par l’Office National de l’Identification pour la distribution des cartes nationales d’identité dans la commune et la sous préfecture de Korhogo plante le décor des manifestations qui perturbent le centre ville de la cité du Poro depuis quelques jours. A l’en croire, chacun d’eux attend 80.000 francs pour le temps de travail et 10.000 francs pour les deux jours de formation, soit 90.000 francs par personne. Déjà le lundi 15 novembre, devant le centre culturel, ils ont énormément gêné les activités de la mission de sensibilisation conduite par Abou Moussa, le numéro deux de l’ONUCI qui devait échanger avec les populations. Si l’activité a pu se tenir avec un francs succès du reste, grâce aux négociations du secrétaire général de la préfecture, Famy René, quelques heures après leur début les agents commis à la sécurité ont dû faire sortir matraques, boucliers et autres bombes lacrymogènes pour dissuader les manifestants de forcer la ligne sécuritaire dressée à l’entrée du centre culturel. Au lendemain de la tabaski, le même décor se retrouve à la préfecture de Korhogo dont les voies d’accès sont barricadées. Le commandant du CCI, Koffi Daniel et le commissaire Gnianzou négocient avec les jeunes dont le plus grand nombre est éparpillé dans la cour de la préfecture, décidé de ne pas laisser sortir le préfet tant que leur argent n’est pas payé. Sékongo Amos, très excité nous prend à témoin : « j’ai payé le transport pour aller jusqu’à M’Bengué. J’ai assuré ma nourriture, les frais d’appel de notre responsable de l’ONI et j’ai été logé grâce à un jeune mécanicien qui nous cédé sa chambre. » Après des échanges avec le comptable de l’ONI à Abidjan, le secrétaire général de la préfecture vient à leur rencontre pour leur apprendre que l’opération de paiement commence dès aujourd’hui jeudi 18 novembre au plan national et que les agents de Korhogo devraient percevoir leurs primes le lundi prochain. Une promesse qui a eu le mérite de renvoyer les manifestants chez eux sans pour autant éteindre l’ardeur des jeunes gens qui promettent de se faire entendre par la perturbation de la campagne électorale qui commence dès ce samedi et surtout d’empêcher que les élections se tiennent s’ils n’ont pas la totalité de leurs primes avant la date du 28 novembre, date du deuxième tour de l’élection présidentielle.
.Mack Dakota, Correspondant
.Mack Dakota, Correspondant