L’ancien gardien de Ferké FC, du CO Bouaflé, du Stella, du Stade d’Abidjan, de l’Asec (sous Troussier) et des Eléphants séjourne à Abidjan pour des vacances. Etabli en Allemagne où il dirige un centre de formation, Digbeu Pascal donne quelques solutions au problème de gardiens de but que connaît la Côte d’Ivoire.
Que devenez-vous ?
Tout bon footballeur doit pouvoir se reconvertir. Après une carrière remplie, il faut chercher à faire autre chose. Je suis resté dans le milieu et j’ai une école de football en Allemagne qui porte le nom de mon village Seriabolia dont le diminutif donne Sebo. Ce centre de formation s’appelle «Sebo Fussball Schule » à Fribourg. J’ai aussi un contrat dans un autre centre de formation où je travaille à plein temps.
Songez-vous à créer aussi un centre de formation en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire, un jour ?
En Afrique, c’est difficile.
Pourquoi ?
En Europe, c’est possible de trouver des sponsors qui te suivront et te laisseront le temps de travailler. Une banque allemande, par exemple, est capable de te prêter de l’argent pour cinq ans. Ce n’est qu’après qu’elle réclamera son argent. J’ai eu la chance d’avoir derrière moi deux grandes assurances. Et Dieu merci, tout se déroule bien.
Avez-vous tout de même un projet pour la Côte d’Ivoire ?
Bien sûr. Nous avons appris. Nous avons eu des entraîneurs et autres encadreurs. Nous sommes, aujourd’hui, devenus responsables. Cette responsabilité nous permet de former ceux qui nous relayeront. J’ai un projet pour mon pays. Malheureusement, je n’ai pas beaucoup de contacts en Afrique. Je ne sais pas si le ministère du sport ou la Fédération ivoirienne de football sont intéressés. Je suis prêt à toutes discussions.
Depuis quand avez-vous créé votre centre de formation en Allemagne ?
Il y a quatre ans.
Y a-t-il des Africains dans votre centre de formation ?
Non pour l’instant. Il n’y a pas de joueurs africains venant directement d’Afrique. Mais il y a quelques joueurs métis. Qu’on s’entende, je n’ai rien contre les Africains. Certainement qu’il y en aura dans les prochaines années.
Combien de catégories y a-t-il dans votre centre de formation ?
L’âge oscille entre 8 et 17 ans. Entre 8 et 12 ans, vous avez les C-juniors. Arrivent ensuite les B-juniors (14-16 ans). A 17-18 ans, l’on parle de A-juniors. Cette catégorie est même prête pour jouer en Bundesliga. L’encadreur que je suis, fait déjà signer des contrats professionnels aux pensionnaires de 8 ans.
Après avoir joué au Stade d’Abidjan, vous vous êtes envolé pour l’Europe. Comment votre reconversion s’est-elle déroulée ?
Ma reconversion n’a pas été difficile car, à mon départ, j’avais déjà un objectif.
Lequel ?
Etant donné que je ne m’entendais plus avec les dirigeants sportifs ivoiriens, j’avais décidé de partir. Au Stade d’Abidjan, on trouvait que je faisais trop le malin et que j’étais bon pour être un mannequin. Personne ne faisait attention à mon talent. Pour eux, j’étais arrogant.
Vrai ou faux ?
Ce n’est pas le plus important. Je savais que j’étais fort et n’importe quel joueur qui a conscience de son talent est arrogant. Il y avait beaucoup de choses qui se racontaient. Je suis d’abord allé en Suède où j’ai joué en D2. Je me suis aperçu que le championnat dans ce pays n’était pas trop élevé. C’est comme ça que je me suis retrouvé en Allemagne où j’ai joué en amateur. Malheureusement, j’ai eu quelques problèmes avec mon genou. Je ne pouvais donc plus jouer au haut niveau. Il ne me restait plus qu’à passer mes diplômes.
Quels diplômes avez-vous obtenus ?
En Allemagne, on passe des diplômes selon ce qu’on veut faire. Je voulais devenir encadreur. Je suis donc allé dans la plus grande école de formation d’encadreurs (football, rugby, basket-ball etc.). J’ai donc un diplôme d’encadreur (il nous présente son diplôme). C’est difficile de comparer mon diplôme allemand au système français.
Depuis votre départ de la Côte d’Ivoire en 1984, avez-vous des nouvelles du football ivoirien ?
Pas régulièrement. Grâce à l’internet, je lis quelques journaux mais je ne peux rien dire sur le football ivoirien, car je ne suis pas réellement tout ce qui s’y passe. J’ai constaté que les supporters ne vont plus au stade. C’est dommage.
Quelle thérapie proposez-vous pour relancer le football ivoirien ?
Il faut laisser les journalistes faire leur travail. Il faut aussi donner les moyens aux dirigeants sportifs. Jacques Anouma a déjà fait un bon travail. Par le passé, la Côte d’Ivoire ne participait pas aux Coupes du monde. A notre époque, les effectifs étaient riches. Ce n’est plus le cas dans nos clubs locaux. C’est à cette condition que notre football redeviendra ce qu’il a été par le passé.
Face au problème récurrent de gardien de but de qualité, quelle solution proposez-vous ?
En tant qu’ancien gardien de but, je demande aux dirigeants sportifs de se pencher sur ce problème crucial. En Allemagne, les dix meilleurs gardiens espoirs sont internés dans un centre de formation spécialement conçu pour leur formation. Pendant plusieurs années, ils apprennent les ficelles du métier. Et c’est dans ce lot que les clubs de la Bundesliga se servent. En une année, je suis capable de sortir deux jeunes gardiens après une bonne formation. L’ex-gardien du Bayern Munich, Oliver Khan, par exemple, est devenu un expert. Il faut faire confiance aux anciens gardiens nationaux. On peut aussi sillonner la Côte d’Ivoire, les lycées, les villages pour dénicher des gardiens de but talentueux.
Quel est votre plus beau souvenir de votre passage dans le football ivoirien ?
(Il cherche). Les derbies Stade-Asec resteront gravés dans ma mémoire. Depuis la matinée, je voyais de l’hôtel où nous logions, une marée de supporters se dirigeant vers le Stade Houphouet-Boigny. Un jour, j’ai vu des supporters avec un cercueil portant la mention : « Digbeu Pascal sera enterré aujourd’hui ». Cet après-midi-là, nous menions 1-0. J’ai sorti un grand match. Il pleuvait et le match s’est rejoué le jeudi suivant. Finalement, nous avions fait 1-1.
Entretien réalisé par Choilio Diomandé
Que devenez-vous ?
Tout bon footballeur doit pouvoir se reconvertir. Après une carrière remplie, il faut chercher à faire autre chose. Je suis resté dans le milieu et j’ai une école de football en Allemagne qui porte le nom de mon village Seriabolia dont le diminutif donne Sebo. Ce centre de formation s’appelle «Sebo Fussball Schule » à Fribourg. J’ai aussi un contrat dans un autre centre de formation où je travaille à plein temps.
Songez-vous à créer aussi un centre de formation en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire, un jour ?
En Afrique, c’est difficile.
Pourquoi ?
En Europe, c’est possible de trouver des sponsors qui te suivront et te laisseront le temps de travailler. Une banque allemande, par exemple, est capable de te prêter de l’argent pour cinq ans. Ce n’est qu’après qu’elle réclamera son argent. J’ai eu la chance d’avoir derrière moi deux grandes assurances. Et Dieu merci, tout se déroule bien.
Avez-vous tout de même un projet pour la Côte d’Ivoire ?
Bien sûr. Nous avons appris. Nous avons eu des entraîneurs et autres encadreurs. Nous sommes, aujourd’hui, devenus responsables. Cette responsabilité nous permet de former ceux qui nous relayeront. J’ai un projet pour mon pays. Malheureusement, je n’ai pas beaucoup de contacts en Afrique. Je ne sais pas si le ministère du sport ou la Fédération ivoirienne de football sont intéressés. Je suis prêt à toutes discussions.
Depuis quand avez-vous créé votre centre de formation en Allemagne ?
Il y a quatre ans.
Y a-t-il des Africains dans votre centre de formation ?
Non pour l’instant. Il n’y a pas de joueurs africains venant directement d’Afrique. Mais il y a quelques joueurs métis. Qu’on s’entende, je n’ai rien contre les Africains. Certainement qu’il y en aura dans les prochaines années.
Combien de catégories y a-t-il dans votre centre de formation ?
L’âge oscille entre 8 et 17 ans. Entre 8 et 12 ans, vous avez les C-juniors. Arrivent ensuite les B-juniors (14-16 ans). A 17-18 ans, l’on parle de A-juniors. Cette catégorie est même prête pour jouer en Bundesliga. L’encadreur que je suis, fait déjà signer des contrats professionnels aux pensionnaires de 8 ans.
Après avoir joué au Stade d’Abidjan, vous vous êtes envolé pour l’Europe. Comment votre reconversion s’est-elle déroulée ?
Ma reconversion n’a pas été difficile car, à mon départ, j’avais déjà un objectif.
Lequel ?
Etant donné que je ne m’entendais plus avec les dirigeants sportifs ivoiriens, j’avais décidé de partir. Au Stade d’Abidjan, on trouvait que je faisais trop le malin et que j’étais bon pour être un mannequin. Personne ne faisait attention à mon talent. Pour eux, j’étais arrogant.
Vrai ou faux ?
Ce n’est pas le plus important. Je savais que j’étais fort et n’importe quel joueur qui a conscience de son talent est arrogant. Il y avait beaucoup de choses qui se racontaient. Je suis d’abord allé en Suède où j’ai joué en D2. Je me suis aperçu que le championnat dans ce pays n’était pas trop élevé. C’est comme ça que je me suis retrouvé en Allemagne où j’ai joué en amateur. Malheureusement, j’ai eu quelques problèmes avec mon genou. Je ne pouvais donc plus jouer au haut niveau. Il ne me restait plus qu’à passer mes diplômes.
Quels diplômes avez-vous obtenus ?
En Allemagne, on passe des diplômes selon ce qu’on veut faire. Je voulais devenir encadreur. Je suis donc allé dans la plus grande école de formation d’encadreurs (football, rugby, basket-ball etc.). J’ai donc un diplôme d’encadreur (il nous présente son diplôme). C’est difficile de comparer mon diplôme allemand au système français.
Depuis votre départ de la Côte d’Ivoire en 1984, avez-vous des nouvelles du football ivoirien ?
Pas régulièrement. Grâce à l’internet, je lis quelques journaux mais je ne peux rien dire sur le football ivoirien, car je ne suis pas réellement tout ce qui s’y passe. J’ai constaté que les supporters ne vont plus au stade. C’est dommage.
Quelle thérapie proposez-vous pour relancer le football ivoirien ?
Il faut laisser les journalistes faire leur travail. Il faut aussi donner les moyens aux dirigeants sportifs. Jacques Anouma a déjà fait un bon travail. Par le passé, la Côte d’Ivoire ne participait pas aux Coupes du monde. A notre époque, les effectifs étaient riches. Ce n’est plus le cas dans nos clubs locaux. C’est à cette condition que notre football redeviendra ce qu’il a été par le passé.
Face au problème récurrent de gardien de but de qualité, quelle solution proposez-vous ?
En tant qu’ancien gardien de but, je demande aux dirigeants sportifs de se pencher sur ce problème crucial. En Allemagne, les dix meilleurs gardiens espoirs sont internés dans un centre de formation spécialement conçu pour leur formation. Pendant plusieurs années, ils apprennent les ficelles du métier. Et c’est dans ce lot que les clubs de la Bundesliga se servent. En une année, je suis capable de sortir deux jeunes gardiens après une bonne formation. L’ex-gardien du Bayern Munich, Oliver Khan, par exemple, est devenu un expert. Il faut faire confiance aux anciens gardiens nationaux. On peut aussi sillonner la Côte d’Ivoire, les lycées, les villages pour dénicher des gardiens de but talentueux.
Quel est votre plus beau souvenir de votre passage dans le football ivoirien ?
(Il cherche). Les derbies Stade-Asec resteront gravés dans ma mémoire. Depuis la matinée, je voyais de l’hôtel où nous logions, une marée de supporters se dirigeant vers le Stade Houphouet-Boigny. Un jour, j’ai vu des supporters avec un cercueil portant la mention : « Digbeu Pascal sera enterré aujourd’hui ». Cet après-midi-là, nous menions 1-0. J’ai sorti un grand match. Il pleuvait et le match s’est rejoué le jeudi suivant. Finalement, nous avions fait 1-1.
Entretien réalisé par Choilio Diomandé
