Le siège de la télévision publique à Abidjan,
gardé par un déploiement massif de forces de l'ordre, en est le symbole: les
médias sont au coeur de la bataille que se livrent Laurent Gbagbo et Alassane
Ouattara pour la présidence en Côte d'Ivoire.
La crise qui divise le pays depuis l'élection de novembre a pris une
ampleur dramatique le 16 décembre avec une marche appelée par le camp Ouattara
et réprimée dans le sang par les Forces de défense et de sécurité (FDS)
fidèles à Gbagbo. Les manifestants entendaient prendre le contrôle de la
radio-télévision RTI.
La chaîne est l'une des places fortes du régime Gbagbo et, entre deux
"telenovelas" sud-américaines, offre une tribune aux caciques et aux chantres,
grands ou petits, du pouvoir.
Ces derniers jours, à l'heure du journal télévisé, les Ivoiriens ont pu
voir à de multiples reprises le porte-parole des FDS, le colonel-major Hilaire
Babri Gohourou, et celle du gouvernement Jacqueline Lohoues Oble, lire d'un
air sévère des communiqués accusateurs contre l'ONU ou le camp Ouattara.
La RTI est actuellement un "média de guerre", relève un observateur de la
scène politique ivoirienne.
Le nouveau ministre de la Communication de Gbagbo, Gnonzié Ouattara, le
reconnaît à sa façon. "Nous faisons face à une agression, donc nous prenons
des mesures exceptionnelles", explique-t-il à l'AFP, soulignant que la RTI a
pour "mission" de "défendre les institutions et la Constitution" et d'"aider à
maintenir l'ordre public".
Le rôle cardinal de la RTI n'a pas échappé à l'Union européenne, qui a
placé lundi le directeur général de la chaîne, Pierre Brou Amessan, parmi les
19 personnes ciblées par ses sanctions.
Face au pouvoir de la RTI, le camp Ouattara, confiné au Golf hôtel
d'Abidjan, a lancé une radio pirate. La fréquence n'est pas parfaitement
audible, mais suffisamment pour qu'on puisse entendre discours du Premier
ministre de Ouattara, Guillaume Soro, réquisitoires contre Gbagbo et chansons
à la gloire du "président Alassane Dramane Ouattara".
L'instance de régulation, le Conseil national de la communication
audiovisuelle (CNCA), a protesté, mais ne semble pas en mesure pour l'heure de
stopper l'émission.
Le CNCA - dont le chef, Franck Anderson Kouassi, est aussi frappé par les
sanctions de l'UE - avait marqué les esprits au commencement de la crise en
interdisant la diffusion des chaînes d'informations étrangères comme France
24, ainsi que de la radio RFI.
Malgré cette suspension, ces chaînes, ainsi que d'autres médias étrangers,
continuent de couvrir l'actualité ivoirienne. Mais, alors que la tension monte
entre le camp Gbagbo et la communauté internationale qui le pousse vers la
sortie, leur travail est délicat.
Lors de la marche de jeudi et dans les jours qui ont suivi, des
journalistes étrangers, de télévision notamment, ont été durement pris à
partie par des membres des forces de l'ordre.
Dans ce climat, les médias étrangers optent pour la prudence, restreignant
leurs déplacements.
"On dit à notre direction à Paris ce qu'on fait, notre trajet, avec qui on
se déplace", raconte un journaliste français. "C'est un peu lourd".
Mais le bras-de-fer entre les camps Gbagbo et Ouattara passe aussi par la
presse écrite ivoirienne, notoirement partisane et abonnée aux attaques.
Vendredi et samedi, plusieurs journaux pro-Ouattara avaient été empêchés de
paraître par des éléments de l'armée. L'initiative paraît avoir été spontanée
et les quotidiens ont pu reparaître lundi.
gardé par un déploiement massif de forces de l'ordre, en est le symbole: les
médias sont au coeur de la bataille que se livrent Laurent Gbagbo et Alassane
Ouattara pour la présidence en Côte d'Ivoire.
La crise qui divise le pays depuis l'élection de novembre a pris une
ampleur dramatique le 16 décembre avec une marche appelée par le camp Ouattara
et réprimée dans le sang par les Forces de défense et de sécurité (FDS)
fidèles à Gbagbo. Les manifestants entendaient prendre le contrôle de la
radio-télévision RTI.
La chaîne est l'une des places fortes du régime Gbagbo et, entre deux
"telenovelas" sud-américaines, offre une tribune aux caciques et aux chantres,
grands ou petits, du pouvoir.
Ces derniers jours, à l'heure du journal télévisé, les Ivoiriens ont pu
voir à de multiples reprises le porte-parole des FDS, le colonel-major Hilaire
Babri Gohourou, et celle du gouvernement Jacqueline Lohoues Oble, lire d'un
air sévère des communiqués accusateurs contre l'ONU ou le camp Ouattara.
La RTI est actuellement un "média de guerre", relève un observateur de la
scène politique ivoirienne.
Le nouveau ministre de la Communication de Gbagbo, Gnonzié Ouattara, le
reconnaît à sa façon. "Nous faisons face à une agression, donc nous prenons
des mesures exceptionnelles", explique-t-il à l'AFP, soulignant que la RTI a
pour "mission" de "défendre les institutions et la Constitution" et d'"aider à
maintenir l'ordre public".
Le rôle cardinal de la RTI n'a pas échappé à l'Union européenne, qui a
placé lundi le directeur général de la chaîne, Pierre Brou Amessan, parmi les
19 personnes ciblées par ses sanctions.
Face au pouvoir de la RTI, le camp Ouattara, confiné au Golf hôtel
d'Abidjan, a lancé une radio pirate. La fréquence n'est pas parfaitement
audible, mais suffisamment pour qu'on puisse entendre discours du Premier
ministre de Ouattara, Guillaume Soro, réquisitoires contre Gbagbo et chansons
à la gloire du "président Alassane Dramane Ouattara".
L'instance de régulation, le Conseil national de la communication
audiovisuelle (CNCA), a protesté, mais ne semble pas en mesure pour l'heure de
stopper l'émission.
Le CNCA - dont le chef, Franck Anderson Kouassi, est aussi frappé par les
sanctions de l'UE - avait marqué les esprits au commencement de la crise en
interdisant la diffusion des chaînes d'informations étrangères comme France
24, ainsi que de la radio RFI.
Malgré cette suspension, ces chaînes, ainsi que d'autres médias étrangers,
continuent de couvrir l'actualité ivoirienne. Mais, alors que la tension monte
entre le camp Gbagbo et la communauté internationale qui le pousse vers la
sortie, leur travail est délicat.
Lors de la marche de jeudi et dans les jours qui ont suivi, des
journalistes étrangers, de télévision notamment, ont été durement pris à
partie par des membres des forces de l'ordre.
Dans ce climat, les médias étrangers optent pour la prudence, restreignant
leurs déplacements.
"On dit à notre direction à Paris ce qu'on fait, notre trajet, avec qui on
se déplace", raconte un journaliste français. "C'est un peu lourd".
Mais le bras-de-fer entre les camps Gbagbo et Ouattara passe aussi par la
presse écrite ivoirienne, notoirement partisane et abonnée aux attaques.
Vendredi et samedi, plusieurs journaux pro-Ouattara avaient été empêchés de
paraître par des éléments de l'armée. L'initiative paraît avoir été spontanée
et les quotidiens ont pu reparaître lundi.