On l'attendait quelque peu, le décision est finalement tombée hier en fin de matinée à Abidjan et à Bruxelles. L'Union Européenne a décidé de sanctionner le Président Laurent Gbagbo, Mme Simone Ehivet Gbagbo, son épouse, ainsi que 17 autres proches du couple présidentiel ivoirien, en les privant de visas d'entrée sur tout le territoire européen. C'est donc un total de 19 noms sur la liste des personnes visées par ces sanctions incluant le Président Gbagbo, qui ont été ciblés. Pour entrer en vigueur, cette décision de l'UE doit encore être validée formellement demain mercredi, pour respecter le délai de 48H et ce, par le biais d'une procédure écrite par les différents gouvernements européens. C'est-à-dire que les différentes capitales européennes doivent confirmer par lettre qu'elles sont bien d'accord pour l'application de ces sanctions. Le coté anecdotique de cette décision de l'UE, c'est qu'elle exauce entièrement le vœu pieu, émis publiquement d'ailleurs, par le Chef de l'État français, M. Nicolas Sarkozy, le vendredi dernier à Bruxelles, lorsqu'il avait lancé un ultimatum au Président Gbagbo, l'enjoignant de quitter le pouvoir d'ici dimanche soir sous peine d'être frappé personnellement par des sanctions de l'Union européenne. "Laurent Gbagbo et son épouse ont leur destin entre leurs mains. Si avant la fin de la semaine, Laurent Gbagbo n'a pas quitté le poste qu'il occupe en violation de la volonté du peuple ivoirien, ils seront nommément sur la liste des sanctions", avait déclaré le Président Sarkozy à Bruxelles, à l'issue d'un sommet européen. Et donc, pour le camp du Président Gbagbo, ces sanctions de l'UE tombées hier et qui concernent des restrictions sur l'octroi de visas et des gels des avoirs bancaires sur le territoire européen, ne constituent pas un fait nouveau. Le Chef de l'État français a tout simplement mis à exécution sa menace directe proférée contre le couple Gbagbo à Bruxelles, en interdisant l'Europe à Gbagbo et à son épouse. «C'est un non événement pour nous. Qui lui a dit que nous voulions aller en Europe? Qui a dit à Sarkozy que c'est là-bas que nous voulions déposer notre argent en banque?», nous a fait savoir un proche du Président ivoirien réagissant à cette décision. Même si pour l'UE, ce sont les seules interdictions de visas qui vont être imposées dans un 1er temps, les gels des avoirs bancaires venant par la suite du fait d'une procédure de mise en place plus lourde, il est à douter de l'efficacité de telles sanctions concernant le couple présidentiel ivoirien. En effet, il y a longtemps que s'est rendu le Président Gbagbo en Europe, et l'homme politique qu'il est s'est toujours targué de n'y posséder aucun compte bancaire. Quels effets alors une telle décision peut avoir sur lui? Aucun. Continuellement confronté à l'isolement politico-diplomatique depuis son accession au pouvoir, animal politique forgé et habitué à l'adversité, l'homme Gbagbo apparaît de plus en plus aux yeux de chacun comme loin, très loin même, des récriminations et autres menaces de la communauté internationale, au point que malgré leurs différentes injonctions, il a fini par transformer son rival Ouattara en «reclus» au «Palais du Golf», alors que vendredi dernier encore, les Chefs d'État et de gouvernement de l'UE avaient appelé sans succès l'armée ivoirienne à se placer sous l'autorité du «Président démocratiquement élu» Alassane Dramane Ouattara.
JMK AHOUSSOU
JMK AHOUSSOU