Ils n’étaient pas nombreux, vendredi, dans les rues d’Abidjan. Les populations ont préféré rester chez elles par prudence. Car, les chemins sont encore incertains après un couvre-feu meurtrier.
«Il faut être proche de chez toi quand ça commence ». Cette réflexion d’un jeune homme assis dans une cave au Plateau-Dokui, a traduit l’attitude des noctambules abidjanais en cette nuit du 24 décembre. Pour ce qui a été donné de voir dans les rues, les Ivoiriens ne sont pas sortis nombreux. 23h 20, ce vendredi. Notre entreprise est jugée ‘’suicidaire’’, selon certaines personnes. Nous décidons d’aller voir ce qui se passe à Pk 18, un quartier de la commune d’Abobo. « Han ! dans la zone rouge ! », s’exclame un interlocuteur. La grande voie menant à Anyama ne grouille pas de voitures. Des véhicules de transport (taxis-compteurs et gbaka) s’essaient à la vitesse. Quelques barrages de fortune obligent notre voiture de reportage à serpenter au niveau de la gare. Après, plus rien. Les nombreux éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) et de la Brigade anti-émeute (Bae) qui font le guet à cet endroit depuis l’instauration du couvre-feu, la veille du second tour de l’élection présidentielle, ont déserté les lieux.
L’obscurité de jais qui nous accueille à l’entrée du secteur fait grandir la crainte. « Voilà l’immeuble des Forces de l’ordre qui a été brûlé par des manifestants », nous indique un passager. Quelques mètres avant la fin du goudron, les visages s’illuminent. On aperçoit des personnes sur le trottoir et des maquis distillent des décibels. Le marché de nuit qui mobilise du monde, semble tourner au ralenti. Olivier, le barman du maquis qui fait le plus de bruit (n’affiche aucun nom) n’est pas encore satisfait. « Il est presque minuit et nous n’avons rien vendu. Les gens viennent un à un. Ça ne ressemble pas à un 24 décembre », se plaint-il. « Cela fait trois jours, aujourd’hui (vendredi), que les voitures ont commencé à joindre Pk 18. Les gens ne pouvaient pas aller au travail et il y avait la menace d’une éventuelle attaque du quartier par des Forces de défense et de sécurité (Fds) », ajoute le Dj qui s’est invité à la conversation. Les courageux qui ont effectué le déplacement semblent crispés. « C’est à cause de ma copine que je suis venu ici. Elle avait voulu qu’on parte plus loin. Mais, j’ai préféré rester là », confie K.K.T, un client. Très vite, nous quittons les lieux. Nous prenons le chemin de la commune d’Adjamé. A Williamsville, les rues sont vides. Sur l’esplanade du terminus des bus, près de la cité universitaire, des fêtards se sont rassemblés autour de plusieurs bouteilles d’alcool mais aussi de plats de poulets et de poissons braisés. Le calme plat qui règne au carrefour Liberté des 220 logements démontre l’absence des chauffeurs de véhicules de transport et affiliés qui animent ce lieu. «Même un samedi en temps normal est plus animé que ce 24», commente J.P, un habitant du quartier. Après quoi, cap est mis sur Yopougon. Tenant jalousement sa réputation, la plus grande commune de Côte d’Ivoire a toutefois connu une perte de vitalité. La ‘’Rue princesse’’ affiche certes son visage habituel. Mais, il y a moins de monde sur l’artère que les années antérieures. Maquis et bars affichent complets. «Il n’y plus de place », se désole Romuald devant le bar Café-cacao. Du Red-Not au Must Discothèque en passant par le Lingot d’Or, le Vip Abidjan, le Ramé-ramé et le Jackpot, l’ambiance est au summum, au grand bonheur des clients. Le mercure est aussi monté à Marcory, aux ‘’milles maquis’’. De nombreux jeunes exécutent des pas de danse dans les salons Vip autour des cuvettes de cannettes de bière, de liqueur et de champagne. Les maquis ‘’Coffre fort’’ et ‘’Marcory Gasoil’’ détiennent les palmes de l’ambiance. « Il y a beaucoup de personnes. Malheureusement, on dénombre trop d’adolescents. Ce sont eux qui ont le pouvoir d’achat », reconnaît Jeff, vendeur de sandwich. Loin des craintes d’Abobo et de Williamsville où la répression de ces derniers jours a été féroce, les décibels et l’alcool ont coulé à flots, vendredi, en attendant le 31 décembre pour ‘’la finale’’.
Sanou A.
«Il faut être proche de chez toi quand ça commence ». Cette réflexion d’un jeune homme assis dans une cave au Plateau-Dokui, a traduit l’attitude des noctambules abidjanais en cette nuit du 24 décembre. Pour ce qui a été donné de voir dans les rues, les Ivoiriens ne sont pas sortis nombreux. 23h 20, ce vendredi. Notre entreprise est jugée ‘’suicidaire’’, selon certaines personnes. Nous décidons d’aller voir ce qui se passe à Pk 18, un quartier de la commune d’Abobo. « Han ! dans la zone rouge ! », s’exclame un interlocuteur. La grande voie menant à Anyama ne grouille pas de voitures. Des véhicules de transport (taxis-compteurs et gbaka) s’essaient à la vitesse. Quelques barrages de fortune obligent notre voiture de reportage à serpenter au niveau de la gare. Après, plus rien. Les nombreux éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (Crs) et de la Brigade anti-émeute (Bae) qui font le guet à cet endroit depuis l’instauration du couvre-feu, la veille du second tour de l’élection présidentielle, ont déserté les lieux.
L’obscurité de jais qui nous accueille à l’entrée du secteur fait grandir la crainte. « Voilà l’immeuble des Forces de l’ordre qui a été brûlé par des manifestants », nous indique un passager. Quelques mètres avant la fin du goudron, les visages s’illuminent. On aperçoit des personnes sur le trottoir et des maquis distillent des décibels. Le marché de nuit qui mobilise du monde, semble tourner au ralenti. Olivier, le barman du maquis qui fait le plus de bruit (n’affiche aucun nom) n’est pas encore satisfait. « Il est presque minuit et nous n’avons rien vendu. Les gens viennent un à un. Ça ne ressemble pas à un 24 décembre », se plaint-il. « Cela fait trois jours, aujourd’hui (vendredi), que les voitures ont commencé à joindre Pk 18. Les gens ne pouvaient pas aller au travail et il y avait la menace d’une éventuelle attaque du quartier par des Forces de défense et de sécurité (Fds) », ajoute le Dj qui s’est invité à la conversation. Les courageux qui ont effectué le déplacement semblent crispés. « C’est à cause de ma copine que je suis venu ici. Elle avait voulu qu’on parte plus loin. Mais, j’ai préféré rester là », confie K.K.T, un client. Très vite, nous quittons les lieux. Nous prenons le chemin de la commune d’Adjamé. A Williamsville, les rues sont vides. Sur l’esplanade du terminus des bus, près de la cité universitaire, des fêtards se sont rassemblés autour de plusieurs bouteilles d’alcool mais aussi de plats de poulets et de poissons braisés. Le calme plat qui règne au carrefour Liberté des 220 logements démontre l’absence des chauffeurs de véhicules de transport et affiliés qui animent ce lieu. «Même un samedi en temps normal est plus animé que ce 24», commente J.P, un habitant du quartier. Après quoi, cap est mis sur Yopougon. Tenant jalousement sa réputation, la plus grande commune de Côte d’Ivoire a toutefois connu une perte de vitalité. La ‘’Rue princesse’’ affiche certes son visage habituel. Mais, il y a moins de monde sur l’artère que les années antérieures. Maquis et bars affichent complets. «Il n’y plus de place », se désole Romuald devant le bar Café-cacao. Du Red-Not au Must Discothèque en passant par le Lingot d’Or, le Vip Abidjan, le Ramé-ramé et le Jackpot, l’ambiance est au summum, au grand bonheur des clients. Le mercure est aussi monté à Marcory, aux ‘’milles maquis’’. De nombreux jeunes exécutent des pas de danse dans les salons Vip autour des cuvettes de cannettes de bière, de liqueur et de champagne. Les maquis ‘’Coffre fort’’ et ‘’Marcory Gasoil’’ détiennent les palmes de l’ambiance. « Il y a beaucoup de personnes. Malheureusement, on dénombre trop d’adolescents. Ce sont eux qui ont le pouvoir d’achat », reconnaît Jeff, vendeur de sandwich. Loin des craintes d’Abobo et de Williamsville où la répression de ces derniers jours a été féroce, les décibels et l’alcool ont coulé à flots, vendredi, en attendant le 31 décembre pour ‘’la finale’’.
Sanou A.