Invité sur le plateau de Guysen TV, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en Israël, le Profeseur R. Koudou Kessie, a dépeint la situation de crise que traverse ce pays africain depuis l'élection présidentielle. Fervent partisan de Laurent Gbagbo, M. Koudou Kessie dénonce la prise de position de l'Onu en faveur d'Alassane Ouattara et estime qu'une enquête internationale aurait dû être établie dès le début des différends électoraux. Mais surtout, il critique fermement l'attitude de la France qui continuerait de se comporter comme au temps de la France-Afrique.
Guysen TV: La situation est difficile en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo a affirmé être le grand vainqueur de ces élections, ce que conteste la communauté internationale, qui affirme que 54% des voix du second tour étaient en faveur de son rival Ouattara. Sur quels chiffres se basent aujourd'hui, les deux camps ?
Le camp présidentiel se base sur les chiffres donnés par le Conseil constitutionnel: la seule haute juridiction compétente en la matière en Côte d'Ivoire pour donner les résultats définitifs présidentiels. Les chiffres sur lesquels se base la communauté internationale sont ceux de la Commission électorale, qui elle, est une structure administrative qui organise les élections et qui donne des résultats provisoires. Le problème fondamental aujourd'hui c'est qu'au lieu d'attendre la proclamation définitive des résultats par le Conseil constitutionnel, la communauté internationale s'est rangée derrière une déclaration du représentant du Secrétaire général de l'Onu (Monsieur Choï, ndlr) qui a aussitôt reconnu les résultats donnés (par la Commission électorale) hors-délai. Ils ont été données hors-délai et dans le quartier général du candidat Alassane Ouattara.
Qu'indiquent donc aujourd'hui, ces résultats définitifs ? Quels sont les chiffres qu'apportent aujourd'hui, Laurent Gbagbo face à ceux de la communauté internationale ?
Laurent Gbagbo est élu à 51.45% Président de la République de Côte d'Ivoire. Il a été déclaré comme tel par le Conseil constitutionnel. Voilà le résultat. Il n'y a pas deux élus en Côte d'Ivoire. Il y a un seul élu. Ce n'est pas la communauté internationale, ce n'est pas la Commission électorale qui proclament l'élection d'un Président de la République, c'est le Conseil constitutionnel.
Laurent Gbagbo est toutefois aujourd'hui, soumis à de très lourdes pressions de la communauté internationale et il a en réponse proposé ce matin d'accueillir une mission internationale d'évaluation du processus électoral. Est-ce en fait une porte ouverte au dialogue à son rival M. Ouattara ?
M. Koudou Kessie: Oui mais la communauté internationale aurait dû commencer par là. Lorsque le Président de la République, candidat à sa propre succession, déclare que dans toute la partie Nord du pays, qui est sous occupation militaire, il y a des rebelles en armes, terrorisant toute la population, l'obligeant à voter pour le candidat Ouattara, pour qui la rébellion avait pris les armes; et qu'il dit que des fraudes massives y ont été enregistrées, qu'il y a eu des violences, des tueries, des bourrages d'urnes; la communauté internationale, en règle générale, doit aller sur place pour voir quelle est la consistance de ces allégations.
Vous avez l'impression aujourd'hui que la communauté internationale et l'Onu ferment les yeux sur ces allégations ?
Absolument ! Si un homme dit qu'il a été l'objet de violence, qu'il a été l'objet de sévices, vous ne pouvez pas dire qu'il n'y a rien. Ils doivent faire une enquête ! A la suite de l'enquête seulement, ils pourront prendre position. Pourquoi pour le second tour s'en tient-on à un seul maillon, à une seule étape? C'est simplement parce qu'ils ont (les pays de la communauté internationale) un parti pris.
Comment expliquez-vous que la France porte également un jugement si sévère sur la Côte d'Ivoire, qu'elle lance un ultimatum à L. Gbagbo ? En France on accuse aujourd'hui, Laurent Gbagbo de rhétorique anti-française. Ce n'est apparemment pas un argument qui est reçu de façon favorable depuis Abidjan.
Non, il faut savoir que lorsque la France s'adresse à la Côte d'Ivoire, il y a une manière (à respecter) pour se parler. Vous entendez le discours de Monsieur Sarkozy, le Président d'une République qui s'adresse à un autre Président avec un ultimatum ? On a encore l'impression d'avoir un Président qui s'adresse à son sous-préfet ! A l'heure de la mondialisation, à l'heure de la bonne gouvernance économique il ne s'agit plus (…) de respecter la volonté de nos bons amis français.
Donc, il y aurait une mésentente économique entre la Côte d'Ivoire et la France ?
Ce n'est pas une mésentente économique. La France continue de penser qu'elle doit avoir un passe droit en Côte d'Ivoire. (Elle vit toujours dans) le passé incarné par le Président Houphouët-Boigny, où on offrait sur un plateau d'argent tous les marchés. La France pense continuer dans cette lancée.
Du point de vue de la communauté internationale, il y a quasiment un front unanime contre Laurent Gbagbo. Par qui aujourd'hui, le camp du Président est-il soutenu ?
A supposer même que le monde entier soit ligué contre la Côte d'Ivoire, si nous sommes dans notre bon droit, nous persisterons. Heureusement, nous avons des amis, mais je préfère ne pas en parler. Fondamentalement, nous souhaitons que la communauté internationale reconnaisse la souveraineté de la Côte d'Ivoire.
Un dernier point, il y a déjà eu cinquante morts dans des affrontements entre les deux camps, on parle aujourd'hui, de guerre civile en Côte d'Ivoire. Y a-t-il encore des chances de voir une solution négociée émerger entre les deux parties?
Absolument ! Nous ne sommes pas pour la guerre. Nous ne sommes pas pour qu'il y ait d'autres morts. Mais regardez les conditions d'aujourd'hui. Le candidat Ouattara a à sa disposition une milice armée, des rebelles qui l'appuient autant à l'Hôtel du Golf (où est retranché Ouattara sous protection de l'ONUCI, ndlr). Il faut de prime d’abord désarmer cette milice rebelle. Cela montre l'échec des Nations-unies. L'Onu, au lieu d'être le facilitateur, est partie prenante de la crise. Au nom de quoi se met-elle du côté de Ouattara ? Pour conclure, je veux souligner l'implication, dans le conflit, des pays qui sont malheureusement instrumentalisés par la France.
In Guysen TV
Guysen TV: La situation est difficile en Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo a affirmé être le grand vainqueur de ces élections, ce que conteste la communauté internationale, qui affirme que 54% des voix du second tour étaient en faveur de son rival Ouattara. Sur quels chiffres se basent aujourd'hui, les deux camps ?
Le camp présidentiel se base sur les chiffres donnés par le Conseil constitutionnel: la seule haute juridiction compétente en la matière en Côte d'Ivoire pour donner les résultats définitifs présidentiels. Les chiffres sur lesquels se base la communauté internationale sont ceux de la Commission électorale, qui elle, est une structure administrative qui organise les élections et qui donne des résultats provisoires. Le problème fondamental aujourd'hui c'est qu'au lieu d'attendre la proclamation définitive des résultats par le Conseil constitutionnel, la communauté internationale s'est rangée derrière une déclaration du représentant du Secrétaire général de l'Onu (Monsieur Choï, ndlr) qui a aussitôt reconnu les résultats donnés (par la Commission électorale) hors-délai. Ils ont été données hors-délai et dans le quartier général du candidat Alassane Ouattara.
Qu'indiquent donc aujourd'hui, ces résultats définitifs ? Quels sont les chiffres qu'apportent aujourd'hui, Laurent Gbagbo face à ceux de la communauté internationale ?
Laurent Gbagbo est élu à 51.45% Président de la République de Côte d'Ivoire. Il a été déclaré comme tel par le Conseil constitutionnel. Voilà le résultat. Il n'y a pas deux élus en Côte d'Ivoire. Il y a un seul élu. Ce n'est pas la communauté internationale, ce n'est pas la Commission électorale qui proclament l'élection d'un Président de la République, c'est le Conseil constitutionnel.
Laurent Gbagbo est toutefois aujourd'hui, soumis à de très lourdes pressions de la communauté internationale et il a en réponse proposé ce matin d'accueillir une mission internationale d'évaluation du processus électoral. Est-ce en fait une porte ouverte au dialogue à son rival M. Ouattara ?
M. Koudou Kessie: Oui mais la communauté internationale aurait dû commencer par là. Lorsque le Président de la République, candidat à sa propre succession, déclare que dans toute la partie Nord du pays, qui est sous occupation militaire, il y a des rebelles en armes, terrorisant toute la population, l'obligeant à voter pour le candidat Ouattara, pour qui la rébellion avait pris les armes; et qu'il dit que des fraudes massives y ont été enregistrées, qu'il y a eu des violences, des tueries, des bourrages d'urnes; la communauté internationale, en règle générale, doit aller sur place pour voir quelle est la consistance de ces allégations.
Vous avez l'impression aujourd'hui que la communauté internationale et l'Onu ferment les yeux sur ces allégations ?
Absolument ! Si un homme dit qu'il a été l'objet de violence, qu'il a été l'objet de sévices, vous ne pouvez pas dire qu'il n'y a rien. Ils doivent faire une enquête ! A la suite de l'enquête seulement, ils pourront prendre position. Pourquoi pour le second tour s'en tient-on à un seul maillon, à une seule étape? C'est simplement parce qu'ils ont (les pays de la communauté internationale) un parti pris.
Comment expliquez-vous que la France porte également un jugement si sévère sur la Côte d'Ivoire, qu'elle lance un ultimatum à L. Gbagbo ? En France on accuse aujourd'hui, Laurent Gbagbo de rhétorique anti-française. Ce n'est apparemment pas un argument qui est reçu de façon favorable depuis Abidjan.
Non, il faut savoir que lorsque la France s'adresse à la Côte d'Ivoire, il y a une manière (à respecter) pour se parler. Vous entendez le discours de Monsieur Sarkozy, le Président d'une République qui s'adresse à un autre Président avec un ultimatum ? On a encore l'impression d'avoir un Président qui s'adresse à son sous-préfet ! A l'heure de la mondialisation, à l'heure de la bonne gouvernance économique il ne s'agit plus (…) de respecter la volonté de nos bons amis français.
Donc, il y aurait une mésentente économique entre la Côte d'Ivoire et la France ?
Ce n'est pas une mésentente économique. La France continue de penser qu'elle doit avoir un passe droit en Côte d'Ivoire. (Elle vit toujours dans) le passé incarné par le Président Houphouët-Boigny, où on offrait sur un plateau d'argent tous les marchés. La France pense continuer dans cette lancée.
Du point de vue de la communauté internationale, il y a quasiment un front unanime contre Laurent Gbagbo. Par qui aujourd'hui, le camp du Président est-il soutenu ?
A supposer même que le monde entier soit ligué contre la Côte d'Ivoire, si nous sommes dans notre bon droit, nous persisterons. Heureusement, nous avons des amis, mais je préfère ne pas en parler. Fondamentalement, nous souhaitons que la communauté internationale reconnaisse la souveraineté de la Côte d'Ivoire.
Un dernier point, il y a déjà eu cinquante morts dans des affrontements entre les deux camps, on parle aujourd'hui, de guerre civile en Côte d'Ivoire. Y a-t-il encore des chances de voir une solution négociée émerger entre les deux parties?
Absolument ! Nous ne sommes pas pour la guerre. Nous ne sommes pas pour qu'il y ait d'autres morts. Mais regardez les conditions d'aujourd'hui. Le candidat Ouattara a à sa disposition une milice armée, des rebelles qui l'appuient autant à l'Hôtel du Golf (où est retranché Ouattara sous protection de l'ONUCI, ndlr). Il faut de prime d’abord désarmer cette milice rebelle. Cela montre l'échec des Nations-unies. L'Onu, au lieu d'être le facilitateur, est partie prenante de la crise. Au nom de quoi se met-elle du côté de Ouattara ? Pour conclure, je veux souligner l'implication, dans le conflit, des pays qui sont malheureusement instrumentalisés par la France.
In Guysen TV