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Politique Publié le samedi 1 janvier 2011 | Reuters

Guillaume Soro évoque une "dernière chance" pour Laurent Gbagbo

Le Premier ministre d'Alassane Ouattara a déclaré samedi qu'il restait une "dernière chance" au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo pour céder pacifiquement la place à son rival et partir sans être inquiété.

Trois chefs d'Etat membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), les présidents du Cap-Vert Pedro Pires, de la Sierra Leone Ernest Koroma et du Bénin Boni Yayi, qui avaient déjà tenté une médiation mardi dernier, seront de retour lundi à Abidjan, la capitale économique ivoirienne.

Faute de convaincre Gbagbo de se retirer, la Cedeao n'a pas exclu un "recours légitime" à la force.

"Le message me semble clair. C'est la dernière chance pour M. Gbagbo d'obtenir la possibilité d'une transmission pacifique de pouvoir et d'une garantie d'immunité", a dit Guillaume Soro à des journalistes à l'hôtel du Golf d'Abidjan, où Ouattara et ses proches sont retranchés sous la protection de 600 soldats de l'Onu.

"ll faut mener le combat légitime et utiliser la force légitime (...) de la sous-région ouest-africaine (...) Ni les sanctions, ni la pression de la communauté internationale n'ont convaincu M. Gbagbo de céder le pouvoir. Je ne pose plus de questions. J'appelle à l'usage de la force légitime. On n'a pas encore observé qu'un dictateur passe le pouvoir pacifiquement."

Laurent Gbagbo, a dit son ancien directeur de campagne Pascal Affi N'Guessan par téléphone à Reuters, est prêt au dialogue mais n'entend pas partir. "Nous sommes prêts pour dialoguer avec la Cedeao (...) mais il (Gbagbo) ne va pas partir, (...) on ne négocie pas sur cette question-là", a-t-il souligné.

Peu auparavant, le porte-parole du gouvernement, Méité Sindou, avait jugé inévitable un rapide recours international à la force pour chasser le chef de l'Etat sortant, qui refuse de céder le pouvoir après le second tour de l'élection présidentielle le 28 novembre. Plus de 170 personnes ont été tuées dans les violences depuis le scrutin.

DERNIÈRE MÉDIATION

"Il y a une seule solution, c'est la force. Il faut une force de dissuasion massive", a estimé Sindou. "Après demain, c'est le dernier round de médiation (...) Après ça, les forces de la Cedeao doivent venir."

"Gbagbo pense qu'après deux mois, trois mois, il peut survivre, rester au pouvoir (...) et trouver ainsi une légitimité (...) Il a raison, ce serait plus difficile" alors de le chasser, a ajouté le porte-parole d'Alassane Ouattara.

Pour lui, une force de deux mille à trois mille hommes suffirait à chasser Laurent Gbagbo. "Une bonne logistique et une vraie détermination. A partir de là, il va partir", a-t-il dit.

Depuis une fusillade entre partisans et adversaires de Gbagbo le 16 décembre, les accès à l'hôtel du Golf, au bord de la lagune Ebrié, sont bloqués par l'armée ivoirienne fidèle à Laurent Gbagbo. Seuls les hélicoptères de l'Onuci, la mission des Nations unies, et quelques camions de ravitaillement peuvent y accéder.

Vendredi, Laurent Gbagbo a accusé les grandes puissances de mener "une tentative de coup d'Etat" en soutenant son rival et a redit qu'il n'était pas question pour lui de "céder".

"Il s'agit d'une tentative de coup d'Etat, menée sous la bannière de la communauté internationale", a déclaré le président sortant lors de ses voeux à la nation diffusés à la Radio-Télévision ivoirienne (RTI).

MISES EN GARDE DES NATIONS UNIES

Interrogé sur la chaîne Euronews, il avait auparavant cherché à expliquer son refus de s'en aller: "Même si, tout de suite, je dis: 'je quitte le pouvoir', qui donne la garantie que ça, ça va amener la paix et ça ne va pas amener des violences plus grandes que celles qu'on redoute ?"

Peu auparavant, un haut responsable de l'Onu avait prévenu le président sortant et ses partisans qu'ils risquaient d'avoir à rendre compte devant la justice de toute atteinte aux droits de l'homme.

Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay a écrit à Gbagbo et à d'autres responsables ivoiriens pour leur signifier qu'ils seraient tenus pour responsables de toute atrocité.

"Les chefs d'Etat et autres acteurs ne sont plus assurés de pouvoir impunément commettre des violations atroces des droits de l'homme" depuis que la communauté internationale s'est dotée avec la Cour pénale internationale (CPI) d'un "instrument pour qu'ils rendent des comptes", a-t-elle dit, faisant état de la découverte d'au moins deux charniers.

La veille, le siège new-yorkais des Nations unies avait diffusé un communiqué faisant état de la vive inquiétude de conseillers du secrétaire général Ban Ki-moon quant aux risques de violences ethniques en Côte d'Ivoire.

Charles Blé Goudé, chef des Jeunes Patriotes proches de Laurent Gbagbo, a menacé de lancer dans la journée de samedi ses troupes, "à mains nues" le cas échéant, à l'assaut de l'hôtel du Golf mais Ban Ki-moon a prévenu que cela pourrait provoquer une "violence généralisée".

Le dirigeant des Nations unies a rappelé que l'Onuci avait mandat pour "faire usage de tous les moyens nécessaires" afin de protéger ses troupes et les occupants de l'hôtel.

Des hommes de l'Onuci équipés de boucliers et de gaz lacrymogènes sont en position le long de la route qui mène à l'hôtel et le bâtiment est protégé par des soldats armés de fusils-mitrailleurs, abrités derrière des sacs de sable.
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