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International Publié le lundi 3 janvier 2011 | Le Patriote

L’argument de la force légitime

Le Brésil a un nouveau visage. Pendant les cinq prochaines années, la barbe hirsute de l’hyper-Président, Lula Luiz Inacio Lula da Silva, s’effacera pour faire place à une silhouette féminine. Celle de Dilma Rousseff, économiste et ex-guérillero de 63 ans, devenue depuis samedi, la première femme à diriger ce pays de 191 millions d'habitants, le plus vaste et le plus peuplé d'Amérique latine, huitième puissance économique mondiale. Lula, 65 ans, était contraint par la Constitution de quitter le pouvoir, après deux mandats consécutifs. L'ancien ouvrier métallurgiste a remis l'écharpe présidentielle à la Présidente élue, symbolisant la passation de Pouvoir démocratique. Après avoir quitté le Palais présidentiel du Planalto, en larmes, Lula a dit “rentrer à la maison la tête droite. Et avec le sentiment du devoir accompli”. Quelle leçon de démocratie ! Bien qu’extrêmement populaire, avec un record historique de popularité de plus de 87%, Lula s’est effacé, afin de ne pas contrarier la marche démocratique de son pays.
Comme le Brésil, la Côte d’Ivoire s’est donnée, elle aussi, un nouveau Président. A la suite d’une compétition électorale qui, de l’avis de tous, aura été un rendez-vous de transparence, assurément, l’une des plus démocratiques que l’Afrique ait connues, Alassane Ouattara à été déclaré vainqueur par la Commission électorale. Cependant, à l’issue d’une alchimie juridico-politique dont lui seul peut cerner les tenants et les aboutissants, le président du Conseil constitutionnel, député FPI, Yao Paul N’Dré, décide d’inverser les résultats et de désigner Laurent Gbagbo vainqueur d’un scrutin qu’il a régulièrement perdu. Depuis, notre pays est bloqué.
Ce 3 janvier 2011, cela fait exactement un mois que la Côte d’Ivoire tourne en rond avec un chef d’Etat élu, un autre autoproclamé, un gouvernement reconnu, un autre illégitime. Au milieu, une population qui voit son pays être la risée du monde, à la « Une » de tous les journaux télévisés et de la presse du monde entier, aussi bien sous les tropiques qu’en Occident. Les populations sont désorientées. La Communauté internationale qui a pris, sans tarder, le dossier en main, est à la recherche, dit-elle, d’une solution pacifique, demandant, depuis trois semaines, à Laurent Gbagbo de « céder » le pouvoir et de rendre au peuple sa voix. L’ancien chef de l’Etat fait régner sur le peuple, la loi de la jungle, avec mercenaires, milices et gangsters en uniformes. Pris en otage par un groupuscule de civils jusqu’auboutistes, parce que craignant pour la perte de leurs privilèges et quelques Généraux des Forces de défense qui voient plutôt leur avenir se dessiner dans les geôles de la Cour Pénale Internationale, Gbagbo ne laissera pas, vraiment, le choix à la Communauté internationale. En première ligne, se trouve la CEDEAO qui, sans trop y croire, veut accorder à la diplomatie et aux pressions économiques et politiques toutes leurs chances. Cette semaine qui s’ouvre, est cruciale pour la Côte d’Ivoire. Car, elle va décider de quand, comment et où l’autocrate ivoirien devra laisser la place au Président de la République démocratiquement élu et contraint de gérer les affaires publiques depuis un hôtel, avec une bonne partie des membres de son gouvernement.
Disons-le tout net, Laurent Gbagbo ne partira pas du palais présidentiel de son gré. Pas qu’il ne le veuille pas personnellement, mais l’homme est aujourd’hui, le cœur d’un vaste marché autour duquel, rôdent pasteurs illuminés, lobbyistes occidentaux, chasseurs de primes véreux et quelques membres de la tribu qui ont toujours vu en ces dix ans de refondation, l’occasion de régner et de se venger. La Communauté internationale se verra contrainte, à défaut de s’imposer par la force des arguments, d’utiliser l’argument de la force. A priori, toute action militaire, a-t-on coutume de dire, est illégitime. Mais bien souvent, comme l’histoire récente nous l’enseigne, il n’y a pas longtemps au Niger ou en Guinée, les actions militaires sont salutaires et salvatrices. Et donc légitimes. La CEDEAO sera dans l’obligation de hausser le ton face à un interlocuteur qui n’a plus rien à perdre. Car, se sachant perdu. La force légitime qui sera inéluctablement pensée, aura l’objectif principal d’imposer la démocratie en Côte d’Ivoire. Ce pays qui, depuis la mort du Père-fondateur, se cherche, à cause du manque de démocratie et de transparence.
La seule voie qui puisse abréger l’effroi sans fin des Ivoiriens, est une action de force contre Gbagbo et son clan. Gbagbo qui recrute des mercenaires n’hésite pas à tuer pour faire taire les contradictions. Le cas ivoirien, osons le dire, ouvre une jurisprudence qui, pendant longtemps encore, va gouverner la vie des Etats africains et des institutions régionales et continentales. Pour éviter que des schémas de partage du pouvoir comme au Kenya ou au Zimbabwe qui se révèlent, en fin de compte, n’être que de fausses solutions à de vrais problèmes, ne foisonnent dans toutes les régions du continent, il est mieux que la Côte d’Ivoire serve d’exemple. Les Ivoiriens n’entendent pas passer des semaines de plus dans cette situation. C’est la mort dans l’âme qu’ils sont entrés dans cette nouvelle année 2011, espérant que les douze prochains mois, marqueront la rupture totale avec la dictature, les violations des droits de l’homme, la corruption et le pillage des ressources. Bonne et heureuse année 2011 à toutes et à tous et que le Seigneur protège notre pays. Cette année devra effacer la parenthèse honteuse de 30 jours.
PAR CHARLES SANGA

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